| ÉCERVELÉ, ÉE, adj. A.− Rare. Privé de son cerveau*. Je veux repaître ma haine, je veux le voir courir d'un piège dans un autre, comme un rat écervelé (Cocteau, Machine infern.,1934, II, p. 89). − Emploi subst. Un(e) écervelé(e) (cf. arène ex. 4). Rem. 1. On rencontre ds la docum. le verbe trans. écerveler, rare. Procéder à l'ablation du cerveau. Synon. décérébrer (cf. aveugler I A ex. 2). 2. Lar. Lang. fr. enregistre le subst. masc. écervellement. Synon. de décervelage*. B.− Au fig., usuel 1. Sans cervelle (cf. ce mot II A 2); étourdi; dépourvu de bon sens, de jugement. Elle était jolie, écervelée, et moqueuse. Quand l'abbé sermonnait, elle riait; et quand il se fâchait contre elle, elle l'embrassait (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Clair de lune, 1882, p. 30).Ma tante, (...) le traitait [son fils] en grand enfant écervelé et se persuadait qu'il ne saurait se passer d'elle (Gide, Si le grain,1924, p. 511). − Emploi subst. : 1. Est-ce ma faute à moi, si je déteste le théâtre, les concerts, toutes ces soirées artistiques où (...) il [mon mari] retrouvait ses connaissances d'autrefois, un tas d'écervelés, de bohèmes, de dissipateurs?
A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 110. 2. P. ext. [En parlant des manifestations du comportement ou de l'activité humaine] Léger, déraisonnable. Un bavardage écervelé. Le démembrement de la Syrie en Syrie du Nord et en Syrie du Sud sera-t-il l'aboutissement de leur politique [des politiciens de Damas] anti-française écervelée? (Tharaud, Alerte en Syrie!1937, p. 175): 2. À travers les lettres sérieuses, honnêtes et douces du vieil hongrois et les lettres écervelées de Rosamond, on imaginait très bien les deux milieux...
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 102. Prononc. et Orth. : [esε
ʀvəle]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 « faire jaillir la cervelle » (Wace, Brut, 3018 ds Keller, p. 277 a) − xvies. ds Hug.; 2. 1288 pronom. « se casser la tête » (Perrot de Nesles, 598 ds T.-L.); 1305 trans. « troubler le cerveau » (Ovide moralisé, éd. de Boer, III, 2057); xiiies. part. passé adj. (Aliscans, éd. E. Wienbeck, Hartnacke, 6689, leçon des mss bB); xives. subst. courir comme unz escervellez (Dit Robert le Diable, 139 ds T.-L.). Dér. de cervelle*; préf. é-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 66 (écerveler : 1). Bbg. Darm. Vie 1932, p. 158. − Gottsch. Redens. 1930, p. 132. − Pauli 1921, p. 57 (s.v. écervellement). |