| ÉVENTAIRE, subst. masc. A.− Vieilli. Plateau, corbeille d'osier que les marchands et camelots portent devant eux (généralement maintenu autour du cou par une sangle) pour la vente ambulante. Elle vendit des bouquets de violettes d'un sou, piqués dans un lit de mousse, sur un éventaire d'osier pendu à son cou (Zola, Ventre Paris,1873, p. 770).Une foule énorme et joyeuse de curieux se pressait autour de l'échafaud, attendant les charrettes pleines. Des femmes, portant l'éventaire sur le ventre, criaient les gâteaux de Nanterre (France, Dieux ont soif,1912, p. 179). − P. métaph. Zoraïde, jadis, a peut-être, comme Orlando, porté son cœur en écharpe. Aujourd'hui, c'est en éventaire (Toulet, Almanach,1920, p. 46). B.− Usuel. Étalage extérieur d'un magasin, exposition de produits à vendre sur la voie publique. Les commerçants installent leurs éventaires, on entend monter le rideau métallique de la « Chope des singes » (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 49).Tout à l'heure, je me suis arrêté à l'éventaire d'un marchand de revues et de bonbons (Green, Journal,1945, p. 209): ... sur le terre-plein où se dresse la statue de Henri IV, un charlatan, des femmes élégantes qui interpellent les passants, des gens qui se disputent, des marchands en plein vent derrière leur éventaire.
P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 146. − Loc. Être à l'éventaire, tenir éventaire. Il faut que j'aille remplacer Fortunette. Elle est à l'éventaire depuis ce matin (Pagnol, Fanny,1932, I, 2etabl., 6, p. 106).À la fin de chaque semaine, Angélina tenait éventaire au marché de Sorel (Guèvremont, Survenant,1945, p. 168). Prononc. et Orth. : [evɑ
̃tε:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1690 eventaire « panier en osier destiné à porter les marchandises » (La Quintinie, I, 4 d'apr. DG); 1704 (Trév. : eventaire ou inventaire; cf. J. J. Rousseau, Rêveries du Promeneur solitaire, IX, éd. La Pléiade, I, p. 1092 : cet inventaire [de pommes]). Orig. obsc.; peut-être issu par dissimilation de nasale de inventaire* (l'éventaire étant à l'orig. constitué par de légères marchandises disposées dans un panier); rapproché de éventer p. étymol. seconde. Eventoire (DG, Bl.-W.1-5), de sens éloigné (xives. « instrument à éventer les draps », B. de Gordon, Pratiq. I, 7, éd. 1495 ds Gdf.) peut difficilement servir de point de départ. Fréq. abs. littér. : 78. |