| ÉTIQUE, adj. A.− MÉD. et usuel 1. [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'une partie du corps] Qui est affecté d'étisie; qui est d'une maigreur extrême. Devenir, mourir étique. Un chapon, un poulet étique (Ac. 1798-1932). (Quasi-)synon. décharné, desséché, squelettique; (quasi-) anton. dodu, gras.Ils [les bohémiens] conduisaient par des brides de corde des haridelles étiques, véritables squelettes de chevaux, aux côtes en cerceau (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 94).Un pauvre diable rachitique, vêtu (...) d'un pantalon déchiré qui montrait ses jambes étiques (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 107). − Emploi subst. Sur un lit de sangle (...) les trois jeunes gens aperçurent une femme... maigre comme l'est une étique deux heures avant sa mort (Balzac, Rabouill.,1842, p. 575).Accroupie sur les marches d'une église, une petite gueusante nous implora de ses yeux d'étique et, présentant sa sébille, sollicita l'aumône (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 17). 2. [En parlant d'une fièvre] Fièvre étique. Fièvre lente, propre à l'étisie. (Quasi-)synon. hectique.La fièvre lente s'établit, elle dégénère en fièvre étique, et le malade périt à la longue en étisie (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 3856). B.− P. anal. [En parlant d'un inanimé concr.] Qui a l'apparence d'une extrême maigreur. (Quasi-)synon. minable, pitoyable, rachitique; (quasi-)anton. énorme, gras, splendide.La silhouette étique de cette métairie campagnarde, éclose à l'un des bas-côtés de la grande cité toulousaine, se découpait à vif sur un fond épais de verdure (Fabre, Rom. peintre,1878, p. 33).De minces peupliers qui paraissaient plus étiques dans ces vastes champs de lumière (Tharaud, Fête arabe,1912p. 119). C.− Au fig. [En parlant d'un inanimé abstr.] (Quasi-)synon. mesquin, pauvre, insuffisant.Le misérable patrimoine était devenu si étique, si souffreteux, si chétif, si diaphane, qu'on voyait la misère au travers (Sue, Atar Gull,1831, p. 11).Que l'adoption par nos députés d'une constitution aussi étique donne cet éclat aux joues d'une jolie Allemande, cela me rend moins sévère pour elle! (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, I, 2, p. 14).Le parieur a toujours plus de chances de perdre que de gagner, et toujours de perdre des sommes de plus en plus grosses pour un bénéfice éventuel étique (Jeux et sp.,1968, p. 480). Prononc. et Orth. : [etik]. Ds Ac. 1694-1932. Ac. 1694-1740 signalent l'anc. graph. étymol. ectique dans laquelle c n'est pas prononcé. Étique est un mot sav. (dont le doublet est hectique) mais qui a gardé l'anc. prononc. grâce à la graph. phonét. De même étisie (dér. de étique sous l'infl. de phtisie), pratique (du lat. practicus), sujétion (doublet de subjection). À comparer avec les mots du type acteur, arctique, lecteur dans lesquels les érudits ont restitué la prononc. du c à partir du xvies. (cf. Buben 1935, § 106). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1256 etique « atteint de consomption » (Aldebrandin de Sienne, Régime du Corps, 181, 14 ds T.-L.); b) fin xiiies.-début xives. [ms.] (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, VII a, § 2, p. 279); 2. [1465 ethique « d'une extrême maigreur » (H. Baude, Testament de la mulle Barbeau, éd. J. Quicherat, p. 21)]; 1498 volailles etiques (Archives Nationales Y 62, fo113 ds Gdf. Compl.). Empr. au b. lat. hecticus, a, um « habituel »; spéc. méd. « atteint de consomption », lui-même issu du gr. ε
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ς « habituel; continu, hectique (fièvre) » (v. aussi hectique). Fréq. abs. littér. : 56. |