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ÉTERNELLEMENT, adv.
D'une manière éternelle.
A.− Hors du temps, sans commencement ni fin. Dieu existe éternellement; durer éternellement. Une réalité immuable, sereine, éternellement bienheureuse (Green, Journal,1941, p. 109):
1. Qu'êtes-vous, (...) sinon (...) tout ce que nous pouvons nous figurer être éternellement, essentiellement, immuablement bon et vrai ... Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 261.
B.− De tout temps. La perfection éternellement recommencée du cercle. La question « qu'est-ce-que l'être? » est une question vide de sens et qui doit rester éternellement, nécessairement sans réponse (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 16):
2. ... l'amie de Mlle Vinteuil avait dégagé, de papiers plus illisibles que des papyrus ponctués d'écriture cunéiforme, la formule éternellement vraie, à jamais féconde, de cette joie inconnue, l'espérance mystique de l'ange écarlate du matin. Proust, Swann,1913, p. 262.
C.− P. exagér.
1. Sans fin, indéfiniment; continuellement, toujours. Une mer éternellement agitée, la banquise éternellement glacée du pôle; se reprocher éternellement qqc., se souvenir éternellement de qqc. Mon Adèle, tu es à moi et tu seras éternellement à moi (Hugo, Lettres fiancée,1821, p. 62).Le foyer où devait brûler éternellement le feu sacré (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 177):
3. Tienne, immuablement tienne doit se réjouir d'être mon âme. Sois mon rocher, ô Dieu, sois ma lumière, sois éternellement mon assurance! Rolland, Beethoven,1937, p. 61.
2. Pour toujours, à jamais. Est-ce donc éternellement fini entre nous? (Dumas, fils, Dame Cam.,1848, p. 286).Il ne sera pas éternellement ministre (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 158).
Loc. adv. Pour éternellement. Pour toujours. Laisse-moi te toucher avant que nous nous séparions pour éternellement (Claudel, Échange,1894, II, p. 697).
3. Très souvent, à toute occasion. Fumer éternellement sa pipe, ressasser éternellement la même chose. Un sourire si éternellement immobile qu'il semblait peint sur ses lèvres (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 200).On n'est pas obligé de parler éternellement de l'affaire Dreyfus (Proust, Sodome,1922, p. 885).
Prononc. et Orth. : [etε ʀnεlmɑ ̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 eternaument (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 26203). Dér. du fém. de éternel*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 1 386. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 928, b) 1 706; xxes. : a) 2 721, b) 1 697.