| ÉTENDARD, subst. masc. A.− Enseigne portant une devise ou une marque, servant d'emblème ou de signe de ralliement. 1. Emblème d'un régiment (des anciennes troupes de cavalerie, de l'arme blindée, de l'artillerie, du train). Le 3erégiment de chasseurs reçoit quatre étendards du gouvernement (Stendhal, Journal,1801-05, p. 29).M. Poincaré assista à Campreny à une revue de la 2edivision de cavalerie; il remit un étendard au régiment léger de cette division (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 399): 1. ... je dis adieu (...) devant cet étendard des Hussards de Chamborant... l'un des plus vieux régiments de cavalerie légère, avec les Hussards Estherazy, dans lesquels j'eus naguère l'honneur d'avoir mon premier commandement.
Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 163. − En partic., vx. Étendard de galère. Pavillon de poupe d'une galère : 2. Les palais espagnols (...) appareillaient dans le temps et dans la nuit, avec les corbillards extravagants, les lustres des clubs, les girandoles et les étendards des galères pendus dans la cour du ministère de la Marine, immobiles par cette nuit sans air.
Malraux, Espoir,1937, p. 471. − P. anal. Emblème religieux. C'est aux plus braves que revient l'honneur de porter l'étendard. Il semble que Dieu ait voulu remettre le nôtre entre les mains de la plus faible (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 16, p. 1649). Rem. La docum. atteste, p. ell. du comp. porte-étendard, étendard. Celui qui porte l'étendard. Justes arbitres, s'écria un des étendards! La preuve que nos témoins ont vu la vérité, c'est qu'ils sont morts pour la « témoigner » (Volney, Ruines, 1791, p. 164). 2. P. ext. Drapeau servant d'emblème à une nation, un régime, une ville, un groupe. L'étendard fleurdelisé, étendard aux armes d'Angleterre. Le vapeur (...) passa près d'un grand yacht où flottait le pavillon tunisien parmi des petits étendards de parade (A. Daudet, Nabab,1877, p. 213).Chaque étage se trouvait pavoisé de bannières et d'étendards aux armes des principales villes de France, (Zola, Bonh. dames,1883, p. 764): 3. Des drapeaux partout, comme aux Invalides, − (rien ne se prête mieux à la décoration que l'étendard américain, avec ses étoiles sur bleu profond et ses belles rayures horizontales de l'époque Louis XVI).
Morand, New-York,1930, p. 182. 3. P. anal. Étendard + compl. prép. de désignant toute substance évoquant une draperie.La petite se lassa et dit : « Oh! pardon, Monsieur! » en fausse ingénue, avant d'aller rejoindre une bande (...) ricaneuse, parée (...) d'étendards de cheveux, de seins précoces (Colette, Chambre d'hôtel,1940, p. 41).Au-dessus des toits un large étendard de poussière passait devant le soleil (Giono, Gd troupeau,1931, p. 13). B.− P. anal. Emblème symbolique d'une doctrine, d'une notion, d'un mouvement. [Le] nom [de Victor Hugo] est un étendard; son ouvrage [Hernani], l'expression d'une doctrine, et lui-même un souverain (Balzac,
Œuvres div.,t. 1, 1830, p. 379). − P. métaph. Dostoïevski répond à l'angoisse que l'athéisme sécrète. Il a été l'annonciateur (...) du monde sans Dieu surgi après sa mort et dont l'étendard est au moment d'être planté jusque dans les astres (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 150). − En partic. Parti sous lequel on se range, cause pour laquelle on combat. Addison, Congreve (...) Pope, King, se rangeaient selon leur opinion sous les étendards de Swift et de Steele (Chateaubr., Litt. angl.,t. 2, 1836, p. 219).Le rédacteur du présent écrit (...) ne combat sous les étendards de personne (Stendhal, Racine et Shakspeare, Paris, Champion, t. 2, 1842, p. 36).L'école romantique qui se rattachait à l'étendard de Victor Hugo (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 14, 1857, p. 73). ♦ Arborer, brandir, lever l'étendard de. Se ranger ouvertement sous un parti, combattre ouvertement pour une certaine cause. Contre nous de la tyrannie, L'étendard sanglant est levé (Rouget de Lisle, La Marseillaise,1792).Une partie des membres de la députation de la Gironde s'était réfugiée à Caen, et y arbora l'étendard de l'insurrection (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 773).[Zola] va continuer à brandir l'étendard du naturalisme dans le « Voltaire », nouvel organe (Flaub., Corresp.,1878, p. 90): 4. Le directeur du journal ou de la revue (...) se livre aux mêmes pratiques mercantiles que celles qu'il a flétries chez les autres directeurs de journaux ou de théâtres, chez les autres éditeurs, quand il a pris pour bannière, levé contre eux l'étendard de la Sincérité.
Proust, Prisonn.,1922, p. 179. ♦ Lever l'étendard de la révolte. Se révolter. Toute la France, à l'époque actuelle ayant levé l'étendard de la révolte contre la monarchie (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1748).Le rôle est grave, et il ne suffit pas d'être un prêtre éloquent; il faut être un grand caractère pour lever l'étendard de la révolte dans le concile (Sand, Lettres voy.,1837, p. 86). SYNT. L'étendard de l'amitié, de l'authenticité, de la vérité; l'étendard de la civilisation, de la foi, du panthéisme, du réalisme; l'étendard de la rébellion; l'étendard de l'indépendance, de la liberté; agiter, déployer, porter, tenir l'étendard. Rem. La docum. atteste la loc. verbale faire étendard de, vx. S'enorgueillir publiquement de. Elle désigna la Pucelle comme chef de la bataille (...) C'est donc qu'on en faisait étendard (France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 442). Il avait un orgueil de prêtre et n'était point homme à faire étendard de sa propre infamie (Id., ibid., t. 2, 1908, p. 234). C.− BOT. Pétale supérieur de la corolle d'une Papilionacée. Calice gamosépale de cinq pièces, corolle dialypétale (un étendard, deux ailes, deux pétales formant carène) (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931, p. 376). Prononc. et Orth. : [etɑ
̃da:ʀ]. ,,Le d ne se lie pas (...); au plur., l's ne se lie pas`` (Littré). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 estandart « enseigne de guerre » (Roland, éd. J. Bédier, 3267); 2. 1678 mar. estendart (Colbert ds Jal1). De l'a. b. frq. *standhard « stable, fixe »; au Moy. Âge, l'étendard était souvent, pendant la bataille, planté en terre, en un endroit où les combattants pouvaient le voir (FEW t. 17, p. 220). Fréq. abs. littér. : 415. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 941, b) 555; xxes. : a) 501, b) 361. Bbg. Migl. 1968 [1927], p. 215. − Slack (A.). Le Coin du pédag. Fr. R. 1975, t. 48, p. 20. − Spitzer (L.). Romania. 1955, t. 76, pp. 84-89. |