| ÉTAGE, subst. masc. A.− Domaine concr. 1. [Dans une construction] Espace compris entre deux planchers où sont aménagés de plain pied diverses pièces et appartements. Étage d'une maison, inférieur, supérieur; premier, second, dernier étage; garçon d'étage; monter (à) l'étage, descendre un étage. La portière de la maison voisine, à qui le notaire s'adressa pour savoir à quel étage demeurait Pons, lui désigna l'appartement (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 267): 1. On est frappé, en arrivant en Suède, de l'aspect de ces petites maisons de bois à un étage, d'une propreté remarquable, avec de beaux grands carreaux transparents, des fleurs derrière les vitres, des rideaux bien blancs, même dans des maisons de pêcheurs et de mariniers.
Ampère, Corresp.,1827, p. 462. 2. P. anal. a) Chacune des divisions d'un ensemble formé de parties superposées. D'étage en étage : 2. De colline en colline, et d'étage en étage,
Les monts, dont ce miroir fait onduler l'image,
Descendent jusqu'au lit des mers...
Lamartine, Harm.,1830, p. 328. − P. iron. Menton à étages. Menton gras, marqué de plis. Son menton s'appuyait sur un double étage, et son teint fleuri devait appartenir à l'ordre ecclésiastique (Balzac, Chouans,1829, p. 55). b) Spécialement − ANAT. Division de la base du crâne. Étage antérieur, frontal moyen, frontal inférieur, etc. (cf. Méd. Biol.t. 21971). − ASTRONAUT. Chacun des éléments d'un engin composite. Fusée à trois étages. L'une des caractéristiques de l'astronef est sa structure composite obtenue par l'assemblage d'éléments ou étages indépendants destinés à fonctionner successivement et à se séparer de l'appareil lorsqu'ils ne sont plus d'aucune utilité (Gilb.1971). − BIBL. ,,Chacun des plans superposés du magasin des livres d'une bibliothèque formé par l'ensemble des étagères qui le constituent`` (Rolland-Coul. 1969). Rem. On trouve encore ds la docum. étage, synon. de étagère. Les modestes étages qui supportaient depuis cinquante ans les livres de commerce ont été remplacés par des rayons en acajou (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 199). − BOT. Bandes ou ceintures de végétation qui se succèdent suivant l'altitude dans les montagnes. Étage de végétation, climatique (Daget-Godron1974).Chacun des niveaux des cimes des arbres constituant un peuplement, une forêt. Étage de fond, dominant (Forest.1946). − GÉOL. Couche de terrains de même âge, formant la subdivision d'une période ou époque. Étage corallien. − MÉTÉOR. ,,Partie de l'atmosphère comprise entre deux niveaux et dans laquelle les nuages de certain genre se présentent normalement`` (Villen. 1974). − MINES. ,,Niveau auquel sont creusées les galeries qui réunissent les chantiers aux puits`` (Charbon, s.d.). Si l'on considère par la pensée des plans horizontaux à partir de chacune des recettes [d'un puits de mine], on divise le gîte en autant d'étages (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 16). B.− Au fig. 1. Niveau, degré. Maintenons, messieurs, les degrés de l'art, les étages de l'esprit; encourageons toute recherche laborieuse (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 15, 1851-62, p. 376).Multiple et cosmopolite comme il est, il [l'homme d'aujourd'hui] peut s'intéresser (...) à tous les étages de la vie (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 159). − En partic., COMMUN. Les divers niveaux où parvient la communication. Communication à deux étages (Pag.1969). 2. Rang social. On voit des madame Marneffe à tous les étages de l'État social (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 140). − Expr. De bas étage ♦ De condition médiocre et de moralité douteuse. Cette créature, fille d'un acrobate de bas étage et bercée dans la fange, n'en avait pas moins la beauté pure et fraîche d'un lys (Feuillet, Paris.,1881, pp. 141-142). ♦ De mauvais goût ou de piètre qualité. Valère Maxime donne le premier exemple d'un écrivain de bas étage se faisant l'auxiliaire de théologiens aux abois (Renan, Apôtres,1866, pp. 341-342). Prononc. et Orth. : [eta:ʒ]. Remarque intéressante ds Grammont Prononc. 1958, p. 31 : ,, ... chez beaucoup de sujets, tout a long est postérieur et tout a antérieur est bref. Chez ceux-là, l'a des mots en -ar comme part est postérieur, celui des mots en -age comme étage est bref.`` Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 a. fr. « demeure » (Roland, éd. J. Bédier, 188); b) ca 1135 « position, situation, condition » (Couronnement Louis, 431 ds T.-L.), ne subsiste que dans l'expr. de bas étage ([esprit] du plus bas étage, Trév. 1704); 2. 1155 « espace entre deux planchers formant un ou plusieurs appartements » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4213); 3. 1418 « rayon (d'un reliquaire) » (Invent. de la Bastille St-Antoine ds Havard). Dér. de l'a. fr. ester « être debout, se trouver quelque part » (v. ester1) sans qu'il semble nécessaire de supposer un intermédiaire b. lat. *staticum. Fréq. abs. littér. : 3 951. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 712, b) 6 914; xxes. : a) 5 675, b) 6 513. Bbg. Adlerblum (A.). Vocab. de l'astronaut. Québec, 1972, p. 19. − Archit. 1972, pp. 29-30. |