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ÉRUDITION, subst. fém.
[Essentiellement dans le domaine des sciences de l'homme, notamment en histoire, et à l'exclusion de la recherche directe en sciences naturelles et exactes]
A.− Pratique d'une méthode consistant à rassembler des documents nombreux et souvent exhaustifs autour d'une recherche. Goût de l'érudition, recherches d'érudition. Que serait-ce si je montrais que la critique littéraire, qui est notre domaine propre, (...) ne peut être sérieuse et profonde que par l'érudition? (Renan, Avenir sc.,1890, p. 292).
[Avec personnification] :
1. L'érudition a pointé ses yeux grossissants sur les moindres points de sa vie [de Beyle], sur ses griffonnages, sur les factures de ses fournisseurs. Valéry, Variété II,1929, p. 80.
B.− P. méton. et parfois péj.
1. [À propos de pers.] Connaissances accumulées par l'emploi de cette méthode. Une immense, prodigieuse, vaste érudition; fausse érudition. Il [Lévy Mas] refit, avec un grand déploiement d'érudition, un exposé de la question (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 491).Je m'étonne que sa grande érudition littéraire lui permette une production si soutenue et si parfaite (Gide, Journal,1895, p. 62):
2. À vingt ans j'admirais ce livre [Dorian Gray]. Il était fait pour éblouir de jeunes nigauds comme moi, et tout ce clinquant de style et de fausse érudition m'agrandissait les yeux d'étonnement. Green, Journal,1941, p. 157.
P. ext. Connaissances précises, détaillées des faits particuliers. Bien que peu au fait de la science contemporaine, et plus occupé de culture que d'érudition, j'ai lu dans un petit livre (France, Livre ami,1885, p. 285).
2. [À propos d'ouvrages] Documents accumulés autour d'une question. Monuments, livres d'érudition. Pouchet avait également publié des ouvrages d'érudition sur la biologie aristotélicienne et le progrès des sciences naturelles au moyen âge (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 84).
Péj. Il trouvait dérisoire qu'on consumât sa vie dans de poussiéreux travaux d'érudition (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 177).
Prononc. et Orth. : [eʀydisjɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1475? [date 1reéd.] « notoriété » (Tenur de Littleton, fol. 85 rods La Curne); 1495 « enseignement, instruction » erudicion seculiere (J. de Vignay, Mir. hist., Delb. Rec. ds DG); 1618 « connaissance approfondie d'une branche des sciences » (d'apr. Bl.-W.3-5); 1680 (Rich. : homme d'une grande érudition). Empr. au lat. class. eruditio « action d'enseigner; connaissance, science ». Fréq. abs. littér. : 576. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 181, b) 714; xxes. : a) 911, b) 510.