| ÉPINEUX, EUSE, adj. A.− SC. NAT. Qui possède des épines. 1. BOTANIQUE a) [P. réf. à épine A 1 a] Quelques ronces qui traînent leurs bras épineux sur le sable (Nodier, J. Sbogar,1818, p. 119).Les marrons tombés, avec leur coquille épineuse à demi éclatée (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 61).Les branches des houx épineux (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 122): 1. Quelquefois seulement, des nopals épineux couvrent une petite partie de l'arène sans bornes; le vent traverse ces forêts armées, sans pouvoir courber leurs inflexibles rameaux; ...
Chateaubr., Martyrs,t. 2, 1810, p. 121. − P. métaph. Le cliché ne s'y [dans ce dictionnaire] rencontre pas du premier coup et il faut aller chercher parmi un taillis épineux d'expressions déconcertantes, puisque le souvenir ne les reconnaît pas (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 290).Rayonnante d'un charme de fleur épineuse (Colette, Jumelle,1938, p. 54). b) [P. réf. à épine A 1 b] Des aloès, des cactus, qui forment des forêts dans le Mexique. Ce genre épineux de végétaux, aussi étendu que celui des palmiers, semble appartenir aux arbres par son élévation (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 71).Cette ville [Guérande] (...) ses jolis chemins épineux et pleins de bouquets noués au hasard (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 10). − Emploi subst. masc. Autour du puits, quelques épineux (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 835).[La maison de Geneviève] les ronces y poussent si fort qu'on ne peut plus guère y circuler, tant les allées sont obstruées par toute cette broussaille d'épineux... (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 319). 2. ZOOL. (ichtyol.). [P. réf. à épine A 2] Les nerfs de la nageoire pectorale des poissons épineux proviennent des deux premières paires vertébrales (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 272).La langouste commune a une carapace épineuse, hérissée de poils courts et raides (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 402).Les perches hérissèrent l'armure épineuse de leurs reins (Genevoix, Raboliot,1925, p. 17): 2. Les monstres marins me poursuivaient dans mon sommeil et m'apparaissaient la nuit, immenses en leurs carapaces d'un bleu noir, épineuses et chevelues, tout armés de pinces, de dards, de scies, et sans visage et plus effrayants de n'avoir pas de visage que tout le reste.
France, Pt Pierre,1918, p. 94. − P. métaph. Vivre près de la place du Pont! Est-il Dieu possible de vivre près de la place du Pont, ce cœur épineux, rugueux d'une immense étoile de mer avec ses branches biscornues, asymétriques qui sont des rues... (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 114). B.− P. anal. Qui ressemble à des épines. Sa barbe épineuse (Morand, Flagell. Séville,1951, p. 82). − Spéc., ANAT. Qui a rapport à l'épine du dos. Les lames vertébrales présentent des saillies osseuses : une postérieure, l'apophyse épineuse; deux latérales (G. Gérard, Anat. hum.,1912, p. 89).Subst. Les « épineux transversaires », qui (...) forment une masse serrée qui garnit toute l'épine, et se nomme le « grand muscle épineux transversaire » (Cuvier, Anat. comp.,t. 1, 1805, p. 182). ♦ P. métaph. Des collines qui font le dos de vache et dont l'arête est plus épineuse et plus nue que la lame d'une scie (Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 211). C.− Au fig. [P. réf. à épine A 1] 1. [En parlant d'un inanimé gén. concr.] Rare. Qui produit une sensation piquante, désagréable. Hélas! il nous affame Ce ciel tout argenté d'épineuse chaleur! (Noailles, Forces étern.,1920, p. 176).Un vent épineux de mars, du début de mars, me soumet à son humeur vagabonde car rien ne me leste (Arnoux, Paris,1939, p. 86). 2. [En parlant d'un inanimé gén. abstr.] Qui présente des difficultés, qui donne beaucoup de mal, de peine. [L'abbé Renaud] répondit victorieusement aux questions épineuses que Sibylle lui avait posées la veille (Feuillet, Sibylle,1863, p. 82): 3. Rien n'est plus difficile que de parler musique; c'est déjà fort épineux pour les musiciens, cela est presque impossible aux autres; les plus forts, les plus subtils s'y égarent.
Saint-Saëns, Portr. et souv.,1909, p. 182. − P. métaph. J'ai l'air de vous promener dans un jardin hérissé, jonché exprès de syllabes épineuses (Colette, Pays et portr.,1954, p. 256). 3. [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Qui fait des difficultés sur tout; qui est acariâtre, susceptible ou agressif. « Il est honnête, mais médiocre et d'un caractère épineux : c'est comme la perche, blanche, saine, mais insipide et pleine d'arêtes » (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 146).Cet homme estimable [Roland] intègre, instruit, laborieux, mais sec, épineux et désagréable (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1863-69, p. 252). Prononc. et Orth. : [epinø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 « qui a des épines » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1744 ds T.-L. : Espinuse at la pel); 1945 bot. subst. (Bosco, Mas Théot., p. 319); 2. a) av. 1328 fig. (Ovide moralisé, éd. De Boer, V, 3198 : Envie espineuse et poignant); b) 1458 fig. d'une pers. « désagréable, rebutant » (A. Gréban, Mystère de la Passion, 2215, éd. O. Jodogne, t. 1, p. 38); 3. 1561 anat. (A. Paré, Anatomie, IV, XVII, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 264 : [muscle] Espineux). Du lat. class. spinosus « couvert d'épines; (fig.) piquant, subtil ». Fréq. abs. littér. : 391. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 071, b) 468; xxes. : a) 268, b) 336. |