| ÉPHÉMÈRE, adj. A.− [En parlant d'entités concr.] Qui ne vit, qui ne dure qu'un jour. Fleurs, insectes éphémères. La mouche éphémère qui éclôt le matin, et meurt avant le coucher du soleil, croit le jour éternel (Stendhal, Hist. peint. Ital.,1817, p. 34). ♦ P. ext. Qui dure peu. Le vent a balayé les roses éphémères (Régnier, Poèmes anc.,1890, p. 65). ♦ Spéc. Fièvre éphémère. Qui dure un jour ou deux. Synon. fièvre de courbature.Une fièvre éphémère qui le tint quarante-huit heures au lit, les membres brisés, la tête brûlante (Zola, Germinal,1885, p. 1248). − Emploi subst. fém., ZOOL. Insecte névroptère qui ne vit que quelques heures ou quelques jours. Un essaim d'éphémères. L'éphémère est cette mouche qui naît juste pour mourir, vit une heure unique d'amour (Michelet, Insecte,1857, p. 104). B.− P. ext. [En parlant d'entités abstr.] Qui dure peu de temps, qui (s')échappe, qui ne fait que passer. Équilibre, existence éphémère. C'est une chose si petite, si éphémère, si docile, la vie d'un homme (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 394): 1. Toutes nos situations jusque là n'avaient été qu'éphémères et transitoires. Cette dernière devenait fixe, et menaçait d'être durable.
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 440. SYNT. Bonheur, gloire, puissance, victoire éphémère; célébrités, projets, sectes éphémères. ♦ P. anal. Ministères, ministres éphémères. Une monarchie brillante, éphémère, artificielle et superficielle (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 285). − Emploi subst. sing. avec valeur de neutre. L'éphémère de la vie : 2. ... j'ai un dégoût profond du journal, c'est-à-dire de l'éphémère, du passager, de ce qui est important aujourd'hui et de ce qui ne le sera pas demain.
Flaubert, Corresp.,1846, p. 270. ♦ Cour. [P. compar. avec l'insecte] Nous établissant avec une importance risible comme si nous n'étions pas des éphémères, aussi vite oubliés qu'oublieux (Amiel, Journal,1866, p. 211). Rem. On rencontre ds la docum. a) Éphémér(é)ité, subst. fém. État de ce qui ne fait que passer. Un jour pour lui (...) correspond à peine à une seconde et sans contenu notable à notre éphémérité (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 39). Ce règne triomphant [de Miss América] sera extraordinairement bref, car, comme il a l'éclat du papillon, il en a l'éphéméréité (Morand, Eau sous ponts, 1954, p. 177). b) Éphémèrement, adj. D'une manière éphémère, passagère. Les piqûres d'insuline qui ramenaient éphémèrement la proportion de sucre à un chiffre presque décent (Simonin, Bazin, Voilà taxi! 1935, p. 153). Prononc. et Orth. : [efemε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. a) Ca 1256 fievre efimere (A. de Sienne, Regime du Corps, 54, 3 ds T.-L.); b) 1544 p. ext. peines ephimeres (Maurice Scève, Delie, 310 ds Hug.); c) 1690 subst. « sorte d'insecte » (Fur.). Empr. au gr.
ε
̓
φ
η
́
μ
ε
ρ
ο
ς adj. « qui dure un jour (notamment en parlant de la fièvre); éphémère » et subst. désignant un insecte. Fréq. abs. littér. : 651. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 772, b) 777; xxes. : a) 989, b) 1 097. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 231. − Quem. Fichier (s.v. éphémérité). |