| ÉPERDRE, verbe trans. Rare A.− Emploi trans. Éperdre qqn. Égarer, perdre quelqu'un (dans sa recherche, son admiration, etc.) : Enfin, un autre panneau, également du quinzième siècle, une adoration, arrêtait moins Durtal pour la valeur de l'œuvre qui ne l'éperdait guère que pour les réflexions que lui suggérait son origine.
Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 303. B.− Emploi pronom. [Sans constr. prép.; le suj. désigne qqn ou qqc.] Disparaître, se confondre, se dissoudre dans un environnement. Et tous deux continuant ainsi le boulevard s'éloignèrent, s'éperdirent, disparurent dans le définitif crépuscule (Gide, Prométhée,1899, p. 339).Les palmiers grêles s'éperdirent (Gide, Voy. Urien,1893, p. 22). − S'éperdre en, dans, contre.S'égarer, se disperser en, dans, contre. Je m'oubliais, m'éperdais, dans une volupté imprécise, m'y dévouais absolument (Gide, Feuillets,1896, p. 101).La sensation (...) ne s'éperdant point dans la synthèse caractéristique de la pensée (Benda, Fr. byz.,1945, p. 30). Rem. 1. Verbe usité seulement chez quelques écrivains cultivant l'arch. 2. On rencontre ds la docum. la forme s'éperdueront d'un verbe supposé s'éperduer. Il [le peintre] se dit que les générations futures s'éperdueront de rêveries devant les figures qu'il fait (Flaub., Tentation, 1849, p. 440). Prononc. et Orth. : [epε
ʀdʀ
̥], (je m')éperds [epε:ʀ]. Conjug. Cf. perdre. En réalité, seul le part. passé éperdu, ue est usité, bien que des aut. tels que Gide aient voulu faire revivre ce vieux verbe (cf. Grev. 1964, § 676). Étymol. et Hist. Ca 1130 esperdu « décontenancé, troublé » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1230); ca 1165 soi esperdre « être hors de soi, troublé » ([Chr. de Troyes] Guillaume d'Angleterre, 2881 ds T.-L.), repris dep. le xixes. par. qq. aut. au sens de « devenir éperdu » ou « se perdre totalement, disparaître ». Dér. de perdre*; préf. é-*. Fréq. abs. littér. : 9. |