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ÉMOUSTILLER, verbe trans.
A.− [Le compl. désigne une pers. ou un organe des sens] Mettre dans une excitation gaie qui porte à la jouissance, au plaisir. Silhouette, rire, regard qui émoustille; émoustiller la compagnie par des histoires. Le vin de Champagne émoustille (Ac.1835-1932).Synon. exciter; anton. inhiber, refroidir.Et puis peut-être que madame avait raison, cette minette-là l'émoustille plus que vous (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1029).Car le vin (...) gardait un petit goût acide très particulier, (...) saveur au reste agréable, qui émoustillait la bouche (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 32):
On suspend des danseuses à des ficelles pour représenter les sylphes (...), et, pour émoustiller le public, on en présente d'autres en maillot collant. Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1905, p. 199.
Emploi pronom. Elles s'émoustillaient [les invitées] tout en pérorant d'un érotisme curieusement élégant et cynique (Céline, Voyage,1932, p. 268).
Au part. passé. Émoustillé par le champagne, le vin; émoustillé par un baiser. Synon. excité, guilleret.Et les oreilles? demanda Crevel, vivement émoustillé par ce signalement d'amour (Balzac, Bette,1846, p. 113).
P. anal. [Le compl. désigne une collectivité] C'est le silence presque complet de l'artillerie ennemie, qu'on n'arrive pas à émoustiller, malgré les obus qu'on a fait pleuvoir sur elle (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 6).Au part. passé en emploi apposé. La ville, un instant remuée, émoustillée par ce crime, reprend son aspect coutumier (Mirbeau, Journal femme,1900, p. 212).
B.− P. ext. [En parlant de l'activité psychique, émotive] Mettre en excitation. Émoustiller les sentiments (de qqn). Synon. exciter; anton. calmer.Le prince jetait un regard sur le comte dont il prétendait émoustiller la jalousie (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 346).Ce bleu sur ma table, près de la lampe, égaie ma chambre, émoustille mes idées (Frapié, Maternelle,1904, p. 216).
Prononc. et Orth. : [emustije], (j')émoustille [emustij]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1743 jeune fille ... emoustillée « mettre de la bonne humeur, animer » (Trév.). Dér. de moustille « moût, vin nouveau » (dér. en -ille* de moust, moût* (FEW t. 6, 3, p. 271 b)); cf. 1534 amoustillé « qui est sous l'effet du vin nouveau » (Rabelais, I, 40 ds Hug. : Vous n'estez encores ceans amoustillez?). Fréq. abs. littér. : 65.
DÉR.
Émoustillement, subst. masc.a) [Le compl. désigne l'objet de l'action] Action d'émoustiller. Ceux qui prétendaient m'anéantir pour l'émoustillement des dames désœuvrées (Céline, Voyage,1932, p. 276).b) [Le compl. désigne le sujet de l'action] Fait d'être émoustillé; excitation. Le cochon restait immobile (...) ne donnant d'autre signe d'impatience qu'un émoustillement d'oreille (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 225).On parlait (...) de Catulle Mendès, de l'émoustillement de collégien qu'il continuait à avoir près de la femme et qui, dans un café, lui faisait mettre la main dans leur gorge (Goncourt, Journal,1891, p. 73). 1reattest. 1867 (Id., loc. cit.); de émoustiller, suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. − Gohin 1903, p. 349. − Pamart (P.). Écriture artiste et créations verbales. Vie Lang. 1970, p. 305 (s.v. émoustillement).