| ÉMAIL, AUX, subst. masc. A.− Matière fondante composée de différents minéraux, rendue très dure par l'action de la chaleur, destinée à recouvrir par la fusion, le métal, la céramique, la faïence, la porcelaine à des fins de protection ou de décoration, et prenant alors des couleurs inaltérables. Émail de bassetaille, blanc, champlevé. Les murs de la mosquée sont revêtus d'émail bleu (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 428). − P. méton. ♦ Objet d'émail, en émail. Objet recouvert d'une couche d'émail : 1. C'est seulement une fois que je vis, un matin, la cuisine froide, la casserole d'émail bleu pendue au mur, que je sentis proche la fin de ma mère.
Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 212. ♦ Le plus souvent au plur. Ouvrage d'orfèvrerie fabriqué en émail. Les émaux de Bernard Palissy, des émaux de Limoges (Ac. 1932) : 2. Un large gorgerin, composé de fins émaux cloisonnés de traits d'or, cerclait la base du col et descendait en plusieurs rangs...
Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 180. B.− P. anal. 1. a) Émail des dents. Substance extrêmement dure, translucide, composée à 95 % de matières minérales, qui recouvre l'ivoire de la couronne dentaire. Il y a des animaux où l'émail enveloppe la dent de toute part tel est le morse (Cuvier, Anat. comp.,t. 3, 1805, p. 107). b) Vernis intérieur de certains coquillages. Jamais un voyageur n'aurait (...) Rencontré (...) l'émail du coquillage (Vigny, Poèmes ant. et mod.,1837, p. 75). 2. HÉRALD., au plur. Métaux et couleurs dont un écu est chargé. Les pièces de ces deux écus sont les mêmes, mais les émaux en sont différents (Ac.1798-1932).Sable. Un des cinq émaux du blason, qui est de couleur noire (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 765). 3. Littér. Éclat du contraste entre couleurs vives. L'émail d'un parterre, d'une prairie : 3. Venez avec la primevère, la barbe de chanoine, le bassin d'or (...), la pâquerette et la boule de neige des jardins (...). Venez avec la glorieuse vêture de soie du lis digne de Salomon, et l'émail polychrome des pensées, mais venez surtout avec la brise fraîche encore des dernières gelées...
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 126. Rem. On rencontre ds la docum. le dér. émailleux, euse, adj., rare. Qui est en émail ou de la nature de l'émail. Les dents de poisson simples sont toutes formées de substance osseuse et de substance émailleuse (Cuvier, op. cit., p. 111). Prononc. et Orth. : [emaj]. Voyelle de syll. finale longue ds Barbeau-Rodhe 1930, demi-longue ds Passy 1914 (qui admet par ailleurs le timbre post.). Durée (et timbre ant.) confirmés ds Grammont Prononc. 1958, p. 29. L'hésitation sur la durée est à rapprocher de l'hésitation sur le timbre (durée intrinsèque du timbre post.), et des discussions sur le degré du pouvoir ,,allongeant`` à attribuer à [j]. Latérale palatale en dernier lieu ds Littré. Enq. : /emaj/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 esmal « vernis obtenu par vitrification, dont on recouvre des objets de céramique ou de métal » (Pèlerinage Charlemagne, 429 ds T.-L.); [1158-79 email dans un doc. lat. (Cartulaire lyonnais, I, 54 ds Mél. Wartburg, t. 2, 1968, p. 220)]; 1260 esmail (E. Boileau, Livre des Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 212); 2. 1352 « écusson émaillé aux armes du roi, d'une ville » (Comptes de l'argenterie des rois de France, éd. L.-Cl. Douët d'Arcq, p. 128); 3. 1681 hérald. (Fr. Ménestrier, Abrégé méthodique des principes héraldiques, 15). De l'a. b. frq. *smalt, de même sens, cf. a. h. all. smelzan « fondre » (Graff t. 6, col. 830), all. schmelzen, Schmelz « émail »; esmail a été refait à partir du plur. esmaus. Fréq. abs. littér. : 413. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 463, b) 809; xxes. : a) 749, b) 476. Bbg. Bambeck (M.). Mittellateinische Lexikalia zum FEW. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, p. 220. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois, 1905, t. 36, p. 408. |