| ÉHONTÉ, ÉE, adj. [En parlant d'une pers., de son comportement] Qui n'a pas de honte; de pudeur. Spéculation éhontée. La pudeur! elle renaît chez la catin la plus éhontée, tout à coup, quand elle se met à aimer, sans frime, une bonne canaille d'homme (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 55).Moins de complaisances et de sourires devant les fortunes suspectes, les honneurs éhontés, la débauche et le vice, et l'on respirerait peut-être un air social plus salubre (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 96).PARAD. a) Synon. audacieux, cynique, effronté, hardi, impudent, impudique, osé, scandaleux. b) Anton. confus, décent, honteux, humble, modeste, pudibond, pudique, réservé. − Emploi subst. Une femme qui pendant si longtemps avait été l'idole de mon cœur, (...) devenue tout à coup une éhontée sans vergogne (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 98). Rem. On rencontre ds la docum. a) Éhonter, verbe trans., rare. Rendre éhonté. Venu pour tout corrompre et pour tout éhonter, Il [Louis XV] ne fut pas le roi du sang, mais de l'écume (Hugo, Quatre vents esprit, 1881, p. 293). b) Éhontément, adv. D'une manière éhontée. Attesté ds Littré, Guérin 1892, Lar. 19eSuppl. 1878 − Lar. Lang. fr., Quillet 1965. Prononc. et Orth. : [eɔ
̃te]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. 1356 s'eshonter « éprouver de la honte » (Mir. de Notre-Dame par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, XVII, 464), emploi isolé; 2. a) 1370-72 eshonté « qui n'a pas honte en commettant des actes répréhensibles » (N. Oresme, Ethiques, II, 10, éd. A. D. Menut, p. 168), rare aux xviieet xviiies.; b) 1581 « (acte) immoral » (Th. Sebillet, Contramours, p. 120 ds Gdf. Compl.). II. Subst. 1836 (Musset, loc. cit.). Dér. de honte*; préf. é-*; suff. -é*. Fréq. abs. littér. : 79. |