| ÉCUREUIL, subst. masc. A.− Petit mammifère rongeur, à longue queue touffue, vivant dans les bois et se nourrissant de graines et de fruits secs. Écureuil roux; gracieux écureuil; écureuil du Canada; queue d'écureuil. Un écureuil, en m'entendant, a grimpé jusqu'à la cime d'un sapin (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 160).Un écureuil tournant dans sa cage (Weil, Pesanteur,1943, p. 179): 1. De charmants écureuils gris viennent mendier des noisettes qu'ils enfouissent avarement sous les buissons.
Green, Journal,1933, p. 167. ♦ Écureuil volant. Animal de la même famille dont les pattes sont reliées par des replis de peau qui jouent le rôle de parachute. Synon. polatouche.L'écureuil volant [franchit un précipice] avec les bras (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 236). ♦ Cage d'écureuil (cf. cage A 2 a). P. anal., ÉLECTR. (cf. cage II B 1).− P. compar. (ou p. métaph.) ♦ [Pour évoquer l'agilité, la vivacité] Agile, vif comme un écureuil. Elle avait des allongements souples d'écureuil (Zola, Faute l'Abbé Mouret,1875, p. 1365).Son œil très vif et son aspect craintif lui donnaient l'air d'un écureuil (Gide, Si le grain,1924, p. 466): 2. « L'écureuil » qu'ils m'intitulaient les collègues tellement que j'y mettais de l'ardeur à grimper dans les réserves.
Céline, Mort à crédit,1936, p. 164. ♦ [P. réf. à l'écureuil en cage, pour évoquer une action sans effet] Les autres font l'œuvre de l'écureuil en cage, de la meule sans grain, ils se paient de chimères, broient à vide (Amiel, Journal,1866, p. 63).Il s'est agité pour rien, comme l'écureuil qui fait tourner sa cage (Montherl., Malatesta,1946, III, 4, p. 496).Celles-ci [les femmes] se dédommagent avec les cancans, tournent et tracassent comme des écureuils en cage (Taine, Notes Paris,1867, p. 244).Ce parc (...) où l'on tourne en rond, comme ces malheureux écureuils que l'on a enfermés dans une cage (Vialar, Clara,1958, p. 29). B.− P. anal., arg. [P. réf. à l'écureuil en cage] 1. Vx. Personne (ouvrier ou forçat) qui, dans certains artisanats ou industries, devait faire mouvoir une roue destinée à actionner un mécanisme ou une machine. On nomme écureuil(s) les ouvriers qui tournent la roue chez les petits tourneurs en bois (...) ils ont presque disparu (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s.,1894, p. 98): 3. J'ai travaillé dans les carrières de Montrouge. Mais au bout de deux ans ça m'a scié de faire toujours l'écureuil dans les grandes roues pour tirer la pierre.
Sue, Les Mystères de Paris,t. 1, 1842-43, p. 90. 2. SP. (cyclisme). Cycliste qui tourne en rond sur une piste de vélodrome. Les Six-Jours de Dortmund ont marqué une espèce de réaction contre la tendance (...) à laisser aux écureuils une sorte de repos tacite (Grubb, Match,23 janv. 1934, p. 2 ds Grubb, Fr. sp. Néol., 1937). Rem. La docum. atteste les 2 formes région. a) Écureux (Canada). Vifs comme des « écureux » pour sauter les clôtures (Hémon, Chapdelaine, 1916, p. 10). b) Esquirol (Sud-Ouest). La couleuvre émerge de la touffe d'aspic, l'esquirol, à l'abri de sa queue en panache, court, un gland dans la main (Giono, Colline, 1929, p. 10). Prononc. et Orth. : [ekyʀ
œj]. Enq. : /ekyʀøj/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1176-81 escuriax [pl.] « écureuil » (Chrétien de Troyes, Le Chevalier au lion, éd. M. Roques, 1115); 1remoitié xiiies. l'escurel au pilicon rox [v. 1355] escuiroil [v. 1358] (Renart, éd. E. Martin, XIII, 1355 et 1358). B. 1838 « nom vulgaire de plusieurs poissons et d'un papillon de nuit » (Ac. Compl.). Issu, à travers différentes formes : escureul, escuireul, escuriel, escuriuel, d'un lat. vulg. *scūriolus, dér. du lat. impérial sciūrus « écureuil », empr. au gr. σ
κ
ι
́
ο
υ
ρ
ο
ς « id. » lui-même composé de σ
κ
ι
̀
α « ombre » et ο
υ
̓
ρ
α
́ « queue » l'écureuil faisant de l'ombre avec sa queue, la finale -euil s'explique prob. p. anal. à partir du plur. où -eus est commun aux mots dont le sing. est en -eul et à ceux dont le sing. est en -euil (cf. aussi deuil). Fréq. abs. littér. : 306. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 533, b) 317; xxes. : a) 310, b) 489. Bbg. Bourciez (J.). R. Lang. rom. 1955, t. 72, p. 129. − Falk (P.). Deux n. gallo-romans de l'écureuil. In : [Mél. Michaëlsson (K.)]. Göteborg, 1952, pp. 150-165. − Gauchat (L.). Les N. gallo-romans de l'écureuil. In : [Mél. Wilmotte (M.)]. Pdris, 1910, t. 1, pp. 175-200. − Gottsch. Redens. 1930, p. 46. − Quem. Fichier. |