| ÉCUMER, verbe. A.− Emploi intrans. Produire de l'écume, se couvrir d'écume. 1. [Le suj. désigne un liquide ou un cours d'eau; correspond à écume A] (Quasi-)synon. mousser.Coupeau versait [le vin] de haut, pour voir le jet rouge écumer (Zola, Assommoir,1877, p. 579).Le petit ruisseau qui écume à toutes les pierres (Renard, Journal,1895, p. 281). 2. [Le suj. désigne un animal ou une pers.; correspond à écume B] Synon. baver.Une épileptique se convulsa, écuma sur son brancard (Zola, Lourdes,1894, p. 150).Les molosses écument et aboyent de plus belle (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1081). − Au fig. Être transporté de colère, de rage. Synon. enrager.J'écume de colère et les yeux me sortent de la tête (Musset, Fantasio,1834, II, 6, p. 228).En écumant de rage, il éclatait contre son frère (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 21). B.− Emploi trans. 1. [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne une préparation culin.] Enlever l'écume de. Écumer des confitures. Écumer le pot-au-feu et éplucher les carottes (France, Pt Pierre,1918, p. 120). − P. anal., TECHNOL. [L'obj. désigne un métal en fusion] Débarrasser de ses impuretés. Avant la coulée, écumer le métal fondu (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 3, 1927, p. 73). − Au fig., fam., vx ou région. (Ouest). Écumer le pot, la marmite. Vivre aux dépens de quelqu'un, tirer habilement profit d'une situation. Tant que bouillira la marmite, Nous serons là pour l'écumer (Murger, Nuits hiver,1861, p. 41). 2. Au fig. [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne un inanimé ou une pers.] Se livrer à la piraterie sur. Ces mers resserrées que les pirates pouvaient écumer sans risques (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 38).Les cargaisons de noirs que j'avais été écumer sur la mer (Claudel, Soulier,1929, 3ejournée, 3, p. 787): ... les Vikings, pirates qui viennent périodiquement écumer les côtes européennes et razzier impitoyablement l'arrière-pays.
P. Rousseau, Hist. des transp.,1961, p. 113. − P. ext. Piller, en gardant le meilleur; escroquer. Écumer les affaires, les maisons de jeu (Ac. 1932). Victor Hugo (...) a passé sa vie à aller d'un homme à un autre pour les écumer (Vigny, Journal poète,1829, p. 892).Terrible bonhomme qui écumait la place de Paris (Zola, Nana,1880, p. 1455). − Fam., rare. Ramasser çà et là, recueillir. Il va partout écumer des nouvelles (Ac.1798-1932). Prononc. et Orth. : [ekyme], (j') écume [ekym]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. Verbe intrans. 1. ca 1135 escumer « baver (d'une pers. ou d'un animal) » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 1073); 2. ca 1165 « se couvrir d'écume » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 27589); 3. ca 1230 « être au dernier degré de l'exaspération » (Gerbert de Montreuil, Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 9686). II. Verbe trans. 1. ca 1200 « débarrasser de l'écume » (Aliscans, éd. E. Wienbeck, 3320); 2. ca 1460 escumer « piller » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 141). Dér. de écumer*; dés. -er; au sens II, 1, é- a pris la valeur privative. Fréq. abs. littér. : 245. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 347, b) 523; xxes. : a) 338, b) 259. DÉR. Écumage, subst. masc.Action d'enlever l'écume. Écumage des confitures (Rob., Lar. Lang. fr.). Domaine techn.L'écumage terminé, le plomb liquide enrichi est transporté en sens inverse (Wurtz, Dict. chim.,t. 2, 2evol., 1876, p. 1041).− [ekyma:ʒ]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1838 (Ac. Compl. 1842); du rad. de écumer, suff. -age*. BBG. − Duch. Beauté 1960, p. 24. − Gottsch. Redens. 1930, p. 64. − Henry (A.). Anc. fr. saime. Romania. 1959, t. 80, p. 209. − Quem. Fichier. |