| ÉCOUTE1, subst. fém. Domaine de l'ouïeA.− 1. Fait d'écouter avec attention. L'écoute de l'éveil de la forêt (Goncourt, Journal,1893, p. 447): 1. Il est certain que Gide entouré d'intellectuels qui s'écoutent et de jeunes gens qui écoutent mal, s'adressait volontiers à la noble écoute de ma femme.
Cocteau, Poés. crit. 1,1959, p. 227. − Loc. adj., adv., prép. a) D'écoute. Qui est fait pour l'écoute. Poste d'écoute (cf. infra). b) À l'écoute, aux écoutes. Très attentif au(x) bruit(s), dans une attitude de vigilance ou de curiosité. Synon. à l'affût, aux aguets.La femme de chambre, aux écoutes ne perdait aucun des bruits légers qui venaient de la chambre (Zola, Argent,1891, p. 226).Les gestes lents d'un voleur aux écoutes (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 71).Voir aguet ex. 21. c) À l'écoute de, aux écoutes de + subst désignant un inanimé, plus rarement un animé. À l'affût de. Ses amis de Paris [à Arnauld] étaient aux écoutes de son opinion sur toute production nouvelle (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 220).Jos-Mari était désormais à l'écoute de l'être à vaincre (Peyré, Matterhorn,1939, p. 254). 2. Spécialement a) TÉLÉCOMM. Fait d'écouter (ou de surveiller) une émission radiophonique ou une conversation téléphonique. Écoutes téléphoniques; service, table d'écoute; se mettre à l'écoute. Le poste d'écoute T.S.F. ressemble à un laboratoire (Saint-Exup., Vol nuit,1931, p. 131). − Usuel ♦ Être à l'écoute. Écouter une émission de radio : 2. Le 18 juin, parlant à la radio pour la première fois de ma vie et imaginant, non sans vertige, celles et ceux qui étaient à l'écoute, je découvrais quel rôle allait jouer dans notre entreprise la propagande par les ondes.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 131. ♦ À l'écoute (de). En train d'écouter. À l'écoute (...) d'Europe no1 (Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 347). b) ART MILIT. − Vieilli [Dans une guerre de position] Détection par le son du travail de sape de l'ennemi et plus généralement, observation de ses mouvements. Poste d'écoute; faire l'écoute (Esn. Poilu 1919). En sentinelle (...) dans un trou d'écoute que les sapeurs viennent de creuser (Barbusse, Feu,1916, p. 281). − [Dans une guerre de mouvement] Technique utilisée dans la marine pour détecter les mouvements des bâtiments ennemis, et notamment des sous-marins. Cette terrasse où pendant la guerre était le poste d'écoute des sous-marins allemands (Giraudoux, Bella,1926, p. 174). 3. P. métaph. ou au fig. Elle [la tête du malade] est ce poste d'écoute et de vigie qu'il sent au sommet de son corps (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 336). − Usuel. Avoir l'écoute de. Avoir l'oreille de, l'appui de. Il a des chances d'arriver; car il a l'écoute du ministre (Rob.Suppl.1970). B.− P. méton. 1. Vieilli a) En appos. avec valeur d'adj. Sœur écoute. Religieuse accompagnant une autre personne au parloir pour écouter la conversation. Au parloir, en présence de la sœur écoute (Sand, Les Beaux Messieurs de Bois Doré, t. 2, 1858, p. 217).Au Carmel de Versailles (...) les réponses, surveillées par une sœur écoute (Estaunié, L'Appel de la route,1921, p. 70). b) ARCHIT., souvent au plur. Lieu aménagé dans un bâtiment, permettant d'écouter et de suivre ce qui s'y passe, sans être vu. L'écoute de la chapelle (Ac.1932).Monsieur de Sainte-Beuve qui était aux écoutes, c'est-à-dire simple assistant dans une espèce de tribune (Sainte-Beuve, Port-Royal,Paris Hachette, t. 4, 1859, p. 569). − P. compar. Blotti dans mon humide cachette tel un fauve en ses écoutes (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 191). 2. VÉN. Écoutes, subst. fém. plur. Oreilles du sanglier. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. et Duchartre 1973. Prononc. et Orth. : [ekut]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Début du xiies. escute « personne qui écoute, espion » (Voyage de Charlemagne à Jérusalem, éd. P. Aebischer, 576); b) 1680 sœur écoute (Rich.); 2. a) 1411 « action d'écouter, de faire le guet » (Château-Chinon, Arch. mun. Dijon, B. 453, no35 ds Gdf. : En faisant les escoutes); b) 1914-16 télécomm. (d'apr. G. Esnault, Notes compl. Poilu : Prendre l'écoute); 3. a) 1401 « lieu d'où l'on peut écouter, guérite » (Comptes de la ville d'Amiens ds Havard); b) 1690 spéc. « tribune secrète dans un couvent, un collège » (Fur.); c) 1826 milit. « galerie, poste enterré pour espionner l'ennemi » (Mozin-Biber); 4. [1632 escoules arg. « oreilles » (Chereau, Jargon ds Esn.); 1725 escoutes (Grandval, Vice puni, p. 107)]; 1864 vén. « oreilles du sanglier » (Littré). Déverbal de écouter*. Bbg. Archit. 1972, p. 207. |