| ÉCLAIRCIE, subst. fém. A.− Espace clair, dégagé, s'ouvrant sur un fond plus sombre. Une éclaircie de lumière. La chemise ouverte, laissant entrevoir sous le brouillard des malines des éclaircies de peau blanche (Huysmans, Marthe,1876, p. 118). − [En parlant de la brume qui se lève] Représentez-vous six jours de brume, et deux ou trois heures seulement d'éclaircie (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 216). − [En parlant d'une partie de forêt] Coupe d'arbres formant clairière. Devant sa façade et à travers les arbres, la hache avait ménagé une large éclaircie, qui permettait aux regards de s'étendre sur la mer (Verne, Île myst.,1874, p. 348). − Expr. Par éclaircies. Par des échappées étroites. Vous arrivez [près de la promenade de Péra] (...) à un sentier creux bordé de buissons (...) d'où, par éclaircies, vous apercevez la mer (Nerval, Voy. Orient,t. 3, 1851, p. 23).Au fig. Par intermittence, de temps en temps. Ainsi que je l'avais entrevu à Nice par quelques éclaircies, c'était Cécile, contrairement à toute logique, qui semblait avoir usurpé l'empire dans ce ménage (Feuillet, Journal femme,1878, p. 244). B.− MÉTÉOR. Amélioration, souvent subite et brève, du temps entre deux averses. Attendre, guetter une éclaircie; jouir d'une éclaircie. Vers les six heures, nous avons profité d'une éclaircie pour faire le tour du parc en calèche (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 381): 1. Puis, à la première éclaircie, au moindre coin de bleu, entre deux nuées, il respirait, il goûtait l'apaisement des feuillages essuyés, ...
Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1321. − P. métaph. ou au fig. Ce qui éclaire, allège, crée une ouverture fût-elle brève. Bonaparte était redevenu sinistre. Les éclaircies de ces visages-là durent peu (Hugo, Hist. crime,1877, p. 68).Elles ont l'âme triste et bornée, ayant une vie morne et sans éclaircie (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Mère sauvage, 1884, p. 233): 2. C'était une éclaircie subite dans son cœur : en cette minute toutes ses rancunes étaient fondues par le grand bonheur du revoir si proche.
Estaunié, Bonne Dame,1891, p. 85. Prononc. et Orth. : [eklε
ʀsi]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. Début xvies. esclarcye du jour « aurore » (D'Auton, Chron., Richel. 5082, fo38 rods Gdf.); 2. 1694 « espace dégagé dans un ciel brumeux » (Corneille); 3. [1817 éclairci d'un bois (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 2, p. 34)]; 1829 éclaircie (Mérimée, Chron. règne Charles IX, p. 238). Part. passé substantivé au fém. de éclaircir*. Fréq. abs. littér. : 272. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 224, b) 547; xxes. : a) 409, b) 425. |