| ÉCHELONNER, verbe trans. A.− Domaine de l'espace 1. TECHN. MILIT. Disposer (des troupes) par échelons. Je faisais prendre des dispositions (...) en prescrivant à la 10earmée d'échelonner une de ses divisions jusqu'au nord de Frévent (Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 60).L'infanterie allemande échelonnait maintenant ses résistances en profondeur dans des trous d'obus où s'installaient de petites équipes de mitrailleurs (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 260). 2. Usuel, emploi pronom. a) [Le suj. désigne des éléments d'un ensemble; le verbe est au plur.] Être disposés à une certaine distance les uns des autres. Juste en face de moi deux montagnes s'ouvrent pour donner place à des champs de jardinage, des blés et de petits villages qui s'échelonnent en diminuant dans le lointain (Champfl., Avent. Mlle Mariette,1853, p. 117). b) Être disposé régulièrement le long d'une pente. (Quasi-) synon. s'étager.Puis des collines s'ouvrent et des forêts s'échelonnent au long des pentes des vallées (Gide, Traité Narcisse,1891, p. 4). 3. Au fig. Disposer (des éléments) par degrés réguliers. Il y a quelque chose de plus à faire pour le critique qui veut ranger, échelonner selon la méthode naturelle toutes ces lignes qui seraient sans vie (Sainte-Beuve, Chateaubr.,t. 1, 1860, p. 84). − Emploi pronom. Le scepticisme s'échelonne (...) aux divers degrés de l'intelligence humaine, alternant avec le dogmatisme selon le développement des facultés intellectuelles (Renan, Avenir sc.,1890, p. 447).Leurs sensibilités [des nerveux] s'échelonnent de l'humeur morose à l'humeur sombre, de la tristesse à la mélancolie (Mounier, Traité caract.,1946, p. 253). B.− Domaine du temps.Répartir progressivement et régulièrement dans le temps. Échelonner des paiements. Ce programme devait exiger une dépense de 135 millions environ à échelonner sur sept années (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 81). − Emploi pronom. Les événements que je groupe ici s'échelonnent sur un grand nombre d'années (Gide, Robert,1930, p. 1322).Divers « sevrages » qui s'échelonnent dans l'enfance : séparation du sein, de la mère, de la famille, etc. (Mounier, Traité caract.,1946p. 546). Rem. La docum. atteste échelonné, ée en emploi adj. a) Qui est disposé à intervalles réguliers. Une série de lumières en double rangée de 32 chacune, uniformément espacées et échelonnées (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 263). b) Qui est étalé de façon régulière dans le temps. 15 sections étaient en commande, mais leur livraison était prévue à des dates largement échelonnées (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 21). Prononc. et Orth. : [eʃlɔne], (j')échelonne [eʃlɔn]. Dans la conversation cour., parfois [ε
ʃlɔne]. Cf. échelon. Le verbe est admis ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. Fin xives. [ms.] eschelonner « ranger par échelons » [interscalo] (Gloss. Gall. lat. BN 1. 7684 ds Gdf. Compl.); 1823 « disposer des troupes par échelons » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 554); 1825 les plaisirs de l'homme sont échelonnés comme ceux de l'intelligence (Delécluze, Journal, p. 85); 1832 pronom. autant de roues où s'échelonnaient les nuances de l'horreur (Hugo, N.-D. Paris, p. 368); 1842 [dans le temps] mes simples engagements, échelonnés à diverses échéances (Reybaud, J. Paturot, p. 395). Dér. de échelon*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 248. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 172, b) 379; xxes. : a) 381, b) 471. Bbg. Dalbec (L.), Fournier (C.), Rivard (M.). Terminol. des aéroports. Banque Mots. 1973, no5, p. 81. |