| ÉCHELON, subst. masc. A.− Traverse d'une échelle. Synon. barreau, degré.Il gravit l'échelle, en s'arrêtant pour respirer, tous les deux ou trois échelons, puis il disparut dans le grenier (Bosco, Mas Théol.,1945, p. 191). − P. ext. Chacun des crampons de fer fixés le long d'une paroi et dont l'ensemble constitue une sorte d'échelle. Il s'était retourné deux fois, une première fois comme il grimpait les échelons de fer scellés dans la muraille du quai (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 231). B.− Au fig. 1. Ce qui sert à (faire) avancer, s'élever, ou, plus rarement, à (faire) descendre chacun des degrés d'une série. Synon. étape, palier, phase.C'était bien là le commencement de tout, l'échelon initial, le premier grade nécessaire à l'ascension d'une tribu (Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 65).On trinque à la ronde : c'est un nouvel échelon vers le paradis (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 51): 1. Il n'y a qu'une très petite partie de l'art d'être heureux qui soit une science exacte, une sorte d'échelle sur laquelle on soit assuré de monter un échelon chaque siècle, ...
Stendhal, De l'Amour,1822, p. 276. − Domaine de la hiérarchie, de l'échelle sociale.Aux différents échelons de la société; s'élever d'échelon en échelon; sauter les échelons. Le moyen d'exprimer son mépris pour tous ceux qui, juchant à son propre échelon social, se faisaient néanmoins servir par lui (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 157): 2. Je tiens la société pour une rigoureuse hiérarchie de mérites et de pouvoirs (...). Je n'ai garde, pourtant, de me placer sur le plus haut échelon : (...). Je me tiens sur un petit perchoir marginal, (...) et mon rayonnement s'étend du haut en bas de l'échelle.
Sartre, Les Mots,1964, p. 23. − Domaine de la vie publique ou professionnelle.Grimper avec rapidité les échelons. Il sut à quelles portes il fallait frapper (...), quels bons vouloirs [il y avait] à gagner aux divers échelons de la hiérarchie (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 165).Puisque vous avez, (...) plusieurs années devant vous, profitez-en pour monter d'un coup à l'échelon supérieur de la politique (Abellio, Pacifiques,1946, p. 270). − En partic. ,,Position à l'intérieur d'un grade et d'une classe de ce grade qui correspond à un taux de traitement`` (Admin. 1972). Accéder à l'échelon supérieur; descendre, monter d'un échelon. Suppression du salaire de base et libération inconditionnelle des échelons mobiles qui reçoivent ainsi licence de rejoindre un salaire maximum (Camus, État de siège,1948, p. 244).L'avancement des fonctionnaires comprend l'avancement d'échelon et l'avancement de grade qui ont lieu de façon continue d'échelon en échelon et de grade en grade (Encyclop. éduc.,1960, p. 355).Les chevauchements pouvant exister entre la rémunération attachée au dernier échelon d'un grade et celle correspondant au premier échelon du grade supérieur (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 242). − À son échelon, loc. adv. À son niveau. Il s'était convaincu qu'à son échelon l'essentiel était d'arrêter, une fois pour toutes, sa volonté sur un plan défini et de ne s'en laisser ensuite détourner par aucun avatar (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 28). 2. Stade, niveau d'une organisation, d'une administration. − À l'échelon (de) + adj. déterminatif ou compl. de nom précisant l'étendue d'une compétence. À l'échelon local. Parfois, ce sont ces autorités mêmes, à l'échelon municipal, départemental ou régional, qui ont cru pouvoir négocier de telles attributions (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 485).On ne sera pas surpris de constater que les organismes délibérants chargés d'éclairer le recteur sont, à l'échelon régional, presqu'aussi nombreux qu'ils l'étaient à l'échelon national auprès du ministre (Encyclop. éduc.,1960, p. 42).Les décisions sont prises finalement à l'échelon gouvernemental (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967p. 65). C.− TECHN. MILIT. Élément d'un dispositif de combat fractionné en profondeur. Disposer, ranger des troupes par échelons; marcher par échelons (Ac. 1835-1932). Un échelon avancé de nos troupes part avec le général (De Gaulle, Mém. guerre,1959p. 286): 3. Il s'agissait tout d'abord de fixer les bases raisonnables d'une doctrine offensive, et de faire pénétrer cette doctrine depuis le conseil supérieur de la guerre, l'état-major de l'armée et l'École supérieure de guerre jusqu'aux derniers échelons de la troupe.
Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 35. Prononc. et Orth. : [eʃlɔ
̃]. Fait partie des mots dans lesquels l'e protonique, qui porte un accent aigu, hésite entre [e] et [ε] ds la lang. cour. C'est le cas aussi en ce qui concerne la lettre é- de échenal, écheniller, écheveau, échevin, élever, émeraude, émeri, événement. On peut entendre, dans la conversation cour., malgré l'influence orth. de l'accent aigu : [ε
ʃlɔ
̃], [ε
ʃnal], [ε
ʃnije], [ε
ʃvo], [ε
ʃvε
̃], [εlve], [εmʀo:d], [εmʀi], [εvεnmɑ
̃]. Cf. Warn. 1968, Buben 1935 § 14 et Fouché Prononc. 1959, pp. 66-67. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xies. eschelon (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, t. 1, p. 50); 1319 fig. eschelon d'humilité (Watriquet de Couvin, Dits, 148, 323 ds T.-L.); 1821 art milit. (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, p. 127); 1916 à tous les échelons [armée, corps d'armée, division et brigade] (Bordeaux, Fort de Vaux, p. 235). Dér. de échelle*; suff. -on*. Fréq. abs. littér. : 432. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 483, b) 650; xxes. : a) 452, b) 804. Bbg. Rog. 1965, p. 89. |