| ÉCHARPER1, verbe trans. A.− TECHNOL. [Le compl. désigne un textile] Diviser les brins. Écharper la laine à matelas (Besch.1845). B.− Usuel 1. [Le compl. désigne une partie du corps] Faire une longue blessure avec un instrument tranchant. Écharper le bras, le visage. − Emploi absol. : 1. L'artilleur donne du sabre à gauche, il en donne à droite. Tantôt il écharpe, tantôt il pique en avant.
Renard, La Lanterne sourde,1893, p. 16. 2. [Le compl. désigne une pers.] Mettre en pièces. Les cavaliers allaient écharper le malheureux Nicolas, mais, à un signe de l'officier, on le garotta (Verne, M. Strogoff,1876, p. 140).De tout jeunes enfants mutilés, estropiés, écharpés par les mines (Gide, Journal,1943, p. 242): 2. Maurice Barrès disait que si Déroulède avait été tué ou blessé, Clemenceau aurait été écharpé par la foule qui attendait l'issue du duel à la sortie.
Goncourt, Journal,1892, p. 342. − Au fig. Blesser. La diatribe m'écharpe, Je suis âne ou scélérat (Hugo, Chansons rues et bois,1865, p. 400). − [Le compl. désigne un groupe, une troupe] Tailler en pièces. Écharper un régiment, une armée. Ma compagnie fut écharpée (Dumas père, Une Fille du régent,1846, II, 11, p. 196). Rem. 1. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. écharpé, ée. a) Blessé par un instrument tranchant. Celui-là qui râlait, avec un gargouillement de sang, la face écharpée de cet autre dont l'œil pendait (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 277). b) Taillé en pièces. Débris de régiments écharpés (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Tombouctou, 1883, p. 220). 2. Certains dict. enregistrent le dér. écharpage, subst. masc. Action d'écharper, de diviser les brins (d'un textile). Prononc. : [eʃaʀpe], (j')écharpe [eʃaʀp]. Étymol. et Hist. 1. a) 1669 « faire (à quelqu'un) une balafre avec une arme tranchante » (Hauteroche, L'Amant qui ne flatte pas, I, 1 ds Littré); b) av. 1755 « mettre en pièces, massacrer » (Saint-Simon, Mémoires ds Adam, p. 203); c) 1864 « couper maladroitement » (Littré); 2. 1765 « diviser les brins de la laine » (Encyclop. t. 9, p. 183b, s.v. laine). Var. de écharpir, lui-même dér. de charpir* : ca 1265 (Rutebeuf,
Œuvres complètes, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 348 : escharpir laine) − 1765, Encyclop., loc. cit.; ca 1290 « déchiqueter » (Glossaire de Douai, éd. M. Roques, 968) − 1598, Joubert ds Gdf. Cf. aussi décharpir : ca 1290 « déchiqueter (des personnes) » (Glossaire de Douai, 781) − 1531, Miroir historial ds R. Hist. litt. Fr. t. 9, p. 473; xvies. « id. (un tissu) » (R. Belleau,
Œuvres poét. ds Gdf.) − 1611, Cotgr. 1473 « séparer (des gens qui se battent) » (Archives Nationales, JJ 195, pièce 827 ds Gdf.) − 1675, Molière, L'Étourdi, V, 9. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 320. |