| ÉCHANCRER, verbe trans. A.− Découper et enlever une partie du bord, du rebord de (quelque chose). Le fraisage à chaud (...) permet de terminer, échancrer et faire des formes qu'il serait long d'obtenir au marteau (Champly, Nouv. Encyclop. prat., t. 15, 1927, p. 83).Les crêtes dont l'érosion a échancré le sommet (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 87). − Spéc., COUT. Ouvrir un décolleté dans. Échancrer le collet d'un manteau (Ac.) : 1. Les couturières veillaient jusqu'à minuit pour échancrer des corsages, bouillonner des tulles et festonner des volants.
Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 73. − Au fig., littér., dans le domaine visuel.Former une ombre sur un fond clair ou lumineux. (Quasi-)synon. se détacher sur : 2. ... les toits [de l'Hôtel de Nesle] pointus étaient en possession pendant trois mois de l'année d'échancrer de leurs triangles noirs le disque écarlate du soleil couchant.
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 144. ♦ Emploi pronom. Les profils des maisons s'échancraient sur le ciel (Genevoix, Éparges,1923, p. 179). B.− Emploi pronom. à sens passif 1. Présenter une/des échancrure(s). Cette haute falaise qui mure la Normandie, qui commence au Bourg-d'Ault, s'échancre à peine pour le Tréport (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 155): 3. Des devantures qui montaient jusqu'au toit, s'échancrant au milieu, formant comme une large embrasure où rayonnait une matrone impudente et grave.
Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 87. − S'échancrer de[Le compl. prép. désigne la forme de l'échancrure] L'arc brisé (...) s'échancra plus ou moins de festons et de dentelures (Faure, Hist. art,1912, p. 259). 2. Rare. Former une échancrure. À sa base s'échancrait une petite anse, dont le fond formait un angle assez aigu (Verne, Île myst.,1874, p. 28). Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. échancrement. Synon. de échancrure. Cf. Claudel, Connaiss. Est, 1907, p. 56. Prononc. et Orth. : [eʃ
ɑ
̃kʀe], (j')échancre [eʃ
ɑ
̃:kʀ
̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1458 Ledit escu est eschancré (Habits des gens de guerre, BN 1997, fo72 vods Gdf. Compl.). Dér. de chancre*; préf. é-*; dés. -er; proprement « entamer comme par un chancre ». Fréq. abs. littér. : 22. |