| ÉCHALAS, subst. masc. A.− Piquet de bois servant à soutenir une plante, un arbuste, et en particulier les ceps de vigne ,,pendant les premières années de sa vie végétative`` (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 88). Échalas de chêne, de châtaignier, de roseau; échalas ou pieu de clôture. Synon. pieu, tuteur, paisseau.Il la trouva debout, le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le jardin, où les échalas des haricots avaient été renversés par le vent (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 16).Après avoir passé la Seine à Caudebec, traversé l'Orne, la Loire, il [Janeway] avait cheminé jusqu'au Bocage, à travers les échalas angevins (Morand, P. de Saligny,1947, p. 92): 1. Rien de plus triste que les pays vignobles avant que la vigne n'ait des feuilles. On ne voit à perte de vue sur ces coteaux que des échalas d'un gris mort.
Michelet, Journal,1839, p. 293. − P. métaph. Mais peut-être sa pensée-liane avait-elle besoin de cet échalas-support pour s'élever (Gide, Journal,1930, p. 988). − Pop. Jus d'échalas (France 1907), vin à racler les échalas. Vin de qualité médiocre. Passant leur temps à boire le vin gris trouble, à racler des échalas (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 62). − P. ext. Bâton de bois servant de canne ou d'arme. Il me lit une lettre de son gendre, lui apprenant qu'il a été employé à ramener à coups d'échalas les gardes nationaux et les mobiles fuyards (Goncourt, Journal,1871, p. 724). B.− P. compar., fam. [En parlant d'une pers. grande et maigre] Elle est sèche comme un échalas, cette petite (Zola, Nana,1880, p. 1364).Un individu bizarre, étique et long comme un échalas (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 161). − En emploi adj. : 2. Une femme de vingt-cinq à trente ans, anémique et pâle, très échalas, avec des rêves de tout dans les yeux, et des envies de tout dans sa poitrine en planche à hacher...
Giono, Chroniques,Noé, 1947, p. 36. − Pop. Avoir l'air d'un échalas, être planté comme un échalas. Se tenir très raide. Il [le vétérinaire] se retourne (...) et demeure là, les mains au dos, raide et petit comme un échalas dans une vigne (Genevoix, Rroû,1931, p. 250). − En échalas. Maigre et long. Mais cette maladie ambulante, vêtue de beau drap, balançait ses jambes en échalas dans un élégant pantalon (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 147). SYNT. Nez en échalas; bras, membre maigre comme un échalas. Prononc. et Orth. : [eʃala]. [a] ant. à la finale ds les dict. mod. Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968, Warn. 1968 et Lar. Lang. fr. Mais [ɑ] post. ds les dict. anc. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Besch. 1845, Littré, DG, Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. Pour Rouss.-Lacl. 1927, p. 135, l'a est indécis. Cf. finale -as. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1215 eschalaz (1215, A.N.K., 28, pièce 3 ds Gdf. Compl.); 1690 fig. « personne longue et maigre » (Fur.). Altération prob. d'apr. échelle* de l'a. fr. escharat, (1158 hescaraz, charte du Beauvaisis ds Romania t. II, p. 378; v. aussi Du Cange, s.v. eschara), issu d'un type *charas (cf. le dér. charasson « échalas », des dial. du centre, Jaub.; ainsi que les correspondants du Nord de l'Italie, REW3, 1862); lui-même d'un lat. vulg. *Caracium (Carracium, 643, éd. de édit de Rotharis ds B. Löfstedt, Studien über die Sprache der langobardischen Gesetze, p. 312), dér. du gr. χ
α
́
ρ
α
ξ « roseau ». Échalas a supplanté le fr. plus ancien paisseau*. Fréq. abs. littér. : 91. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 269. − Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien nach Griechenland. 1902, p. 571. |