| ÉBOURIFFER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. d'obj. désigne des cheveux, des poils ou des plumes] Hérisser, rebrousser. Il avait les cheveux comme ça, s'écria Bixiou en ébouriffant sa chevelure (Balzac, Homme d'affaires,1845, p. 405): 1. Le reste, statuaire égyptienne dont les longues ondes rythmiques incorporent à la lumière toute la spiritualité du bloc, peinture chinoise où l'immensité s'assemble autour d'un oiseau ébouriffant ses plumes dans l'aurore.
Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 276. ♦ P. ell. : 2. Elle [Marthe] l'ébouriffait [Charles], elle le battait, elle le chatouillait, et le roulait, renversé, le long du grand divan qui entourait son cabinet.
Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 219. − P. anal. : 3. L'arbre [un grand pin] ébouriffe son épais plumage vert et chante. Le tronc s'est plié dans le lit habituel du vent, puis, d'un effort, il a dressé ses bras rouges, il a lancé dans le ciel son beau feuillage et il est resté là. Il chante tout mystérieusement à voix basse.
Giono, Colline,1929, p. 155. 2. Au fig., fam. Provoquer une forte surprise : 4. Et le grand café de l'endroit est tenu par un ancien ami de directeur et d'acteurs, tout pourri de cabotinage, ébouriffant les bourgeois par les blagues et les charges du café des variétés.
Goncourt, Journal,1863, p. 1318. B.− Emploi pronom. à sens passif 1. Hérisser, se relever les cheveux. ... sa jolie tête [de Lydie] s'ébouriffait de cheveux annelés et fins (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 205). 2. Se tenir relevé, hérissé. Ses moustaches blondes [de Yann] s'ébouriffaient aux deux bouts, de chaque côté des coins profonds de sa bouche (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 8). 3. P. anal. Le jas était d'orties sèches et de chardons couvert. Autour, s'ébouriffait le poil fauve de la garrigue (Giono, Solit. Pitié,1932, p. 61). Prononc. et Orth. : [ebuʀife], (j') ébouriffe [ebuʀif]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1671, 23 août sa touffe ébouriffée [hémistiche d'un bout rimé par Mmede Grignan : note de l'éd.] (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. II, p. 332, no196); 1842 « rebrousser les cheveux sur la tête de quelqu'un » (Reybaud, J. Paturot, p. 201); 2. 1762 ébouriffé au fig. « agité, troublé » (Voltaire, Lett. d'Argental, 7 août ds Littré); av. 1778 au fig. « surprendre, étonner » (J. J. Rousseau ds Lar. 19e); 1837 adj. [un prospectus] ébouriffant (Balzac, C. Birotteau, p. 177). Prob. à rattacher, de même que le prov. esbourrifa, esbourrifla, esburifia « ébouriffé, dérangé, éparpillé » (cf. aussi esbourrassa, esbourrissat « houspillé, ébouriffé, échevelé, battu », Mistral) au b. lat. burra, fr. bourre*, prov. bourro, bouro; cependant le mode de formation demeure obscur; le prov. esbourrassa « traîner par les cheveux, houspiller » (préf. es-, bourro, suff. verbal -assa, Ronjat t. 3, * 713) est peut-être le point de départ, altéré en esbourrifla d'apr. rifla « râcler, ratisser, se froncer » d'où esbourrifa, ébouriffer. Fréq. abs. littér. : 22. DÉR. 1. Ébouriffage, ébouriffement, subst. masc.Le fait d'être ébouriffé. L'ébouriffement de sa tignasse poivre et sel (Goncourt, Journal,1886, p. 538).Lui, le groupe sénile, Il ne lui pousse pas Un ébouriffement De câbles et de fils (Romains, Vie unan.,1908, p. 77).Et le velours du veston, brillant et nacré, avait çà et là quelque chose de hérissé, de déchiqueté et de velu qui faisait penser à l'ébouriffage des œillets dans le vase (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 849).− [ebuʀifa:ʒ], [ebuʀifmɑ
̃]. − 1resattest. 1886 ébouriffement (Goncourt, loc. cit.), 1918 ébouriffage (Proust, loc. cit.); du rad. de ébouriffer, suff. -age*, -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. ébouriffage : 1; ébouriffement : 4. 2. Ébouriffure, subst. fém.État de ce qui est ébouriffé. Sa mine pâle, un peu bouffie et à nez retroussé, semblait plus insolente encore par l'ébouriffure de sa perruque où tenait un chapeau d'homme, en feutre gris, plié d'un coup de poing sur l'oreille droite (Flaub., Éduc. sent.,1869, p. 148).− [ebuʀify:ʀ]. − 1reattest. 1863 beaucoup de faste et d'ébouriffure (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, p. 272); du rad. de ébouriffer, suff. -ure*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 354. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 72, 238. − Quem. 2es. t. 1 1970; t. 2 1971. |