| X, x, lettre La vingt-quatrième lettre de l'alphabet; un exemplaire de cette lettre. A. − [La lettre en tant que telle] 1. [X désigne x, en prenant en considération sa valeur phon. [ks], [gz]] − [Complexité de l'articulation] Il faudrait partager en deux la consonne x, qui vaut à elle seule deux articulations successives (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 363). − [Évaluation quant à sa difficulté articulatoire, affective ou esthétique] J'ai bien deux cents mots qui jamais ne me portent hors de l'île où ils sont nés, même ceux qui signifient nostalgie ou attente. Langage fluide, car toujours paresseuse, je me suis épargné jusqu'à la peine d'y loger des x et des nasales. Pas de ces h aspirés non plus que j'ai toujours détestés (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 179). 2. [X désigne x, sans considération de sa valeur phon.] a) [Fonctions secondaires de x] − [X, marque du plur.] Nous n'échapperons pas à l'inévitable petit morceau de style sur les étrennes, coutume vénérable, joie des enfants, attendrissement des parents, bonbons, joujoux (avec un x au pluriel, comme bijou, caillou, chou, genou, hibou et pou) (Colette, Cl. école, 1900, p. 92). − [X, symb. mathématique] Quoique l'algèbre emploie des caractères alphabétiques, ils ne sont pas là comme lettres, mais comme signes. a ne représente pas le son a, mais l'idée d'une quantité connue dont on ne spécifie pas la valeur; x ne représente pas le son x, mais l'idée d'une quantité inconnue (Destutt de Tr., Idéol. 1, 1801, p. 336). b) [La lettre, quant à sa forme physique] − [X, motif décoratif] Elle avait une robe de barège mauve, de petits souliers-cothurnes mordorés dont les rubans traçaient des X sur son fin bas blanc à jour (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 161). − [Métaph. de la forme] Routes sans destinée, croisant l'x de mes pas hésitants (Éluard, Capitale douleur, 1926, p. 118). − En forme d'x, en x. Des sillons profonds, en forme de x italique, les séparent [les papilles] les unes des autres (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 694).Sous la chaux on voyait se tordre en X des pièces de bois, dates certaines d'une construction ancienne (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 66). − Spéc., x, ou ixe, subst. masc. ,,Chez les tapissiers, petit tabouret dont les pieds croisés offrent la figure de cette lettre`` (Littré). Sur les chaises et les X, on voit le sorbier des oiseaux (Journ. des dames et des modes, 10 sept. 1821, p. 396 ds Quem. DDL t. 30).Chevalet. Un pied sur l'X de hêtre, le dos bombé dans l'attitude du tâcheron exercé (...), ma mère (...) sciait des bûches dans sa cour (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 213). B. − [La lettre désigne un référent autre qu'elle-même, p. attrib. arbitraire, ou en tant qu'abrév. d'un signe lex.] 1. [Avec un référent lex.] X.M.P. Xanthosine-monophosphate. (Ds J.-P. Poinsotte, Dict. des sigles méd., 1981). 2. [Sans référent lex.] a) MATH. x, variable algébrique. L'intégrale (...) prise depuis x nul jusqu'à x=n, sera l'accroissement de z (Laplace, Théor. analyt. probabil., 1812, p. 301).[La grande révolution] qu'il veut tenter contre le calcul différentiel, contre l'x: « La mathématique meurt de l'x ! » (Goncourt, Journal, 1859, p. 634). − En partic., X. École polytechnique ou élève, ancien élève polytechnicien. Dans les milieux de Centrale et de l'X (Nizan, Conspir., 1938, p. 67).Séance confuse au groupe des X collectivistes (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 260).
α) x, adj. numéral − Un nombre indifférent ou à préciser. Pendant x temps. Elle touche (s'il y a lieu) x % par exemplaire vendu (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1912, p. 431). − Un nombre élevé. J'ai peut-être eu tort il y a x ans de n'avoir pas fait sur Poe un article quelconque (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1901, p. 383).Je ne coucherai pas avec elle avant x jours (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 179).En partic. En présence d'un non dénombrable. Depuis x temps. Je m'écroule sur un marchepied de voiture où je reste x temps (Fallet, Carnets de jeunesse inédits, Paris, Denoël, 1990 [1947], p. 268).
β) [Le plus souvent en appos. ou à valeur d'adj.] x, entité ou propriété (non numérique) indéterminée. Une certaine qualité x. Cette qualité on la laisse dans l'indétermination (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 293).L'unité de la chose au delà de toutes ses propriétés figées n'est pas un substrat, un x vide, un sujet d'inhérence (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 368). ♦ Rayons X. V. rayon1.P. méton. Il logeait à même la mouscaille, juste au-dessus des Rayons X (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 32).P. anal. Qui a le caractère pénétrant de ces rayons. À la vue d'une marchande des quatre-saisons, d'une concierge, devinant avec ses regards X ce que cette forme vulgaire avait accompli dans la vie en générosités, en sauvetage ou en suicide, et le lui faisant avouer par des brusqueries et des menaces, comme à celui qui vous a avalé un louis (Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p. 58).
γ) Au fig. Quelque chose qui n'est pas connu ou qui n'est pas connaissable. Deux entités essentiellement inconnues: soi et x. Toutes deux abstraites de tout, impliquées dans tout, impliquant tout (Valéry, Variété [I], 1924, p. 208).Notre presque-rien, notre x anonyme y garderait encore sa petite place réservée pour le jour où il se déciderait à sortir de l'incognito (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 46).
δ) [Désigne une pers. indéterm.; syntaxe du nom propre] Toute vérification implique l'idée d'un tiers (X : il est de l'essence du tiers d'être n'importe qui) (Marcel, Journal, 1922, p. 274). − P. iron. Plusieurs me rendent responsable de tout ce qui s'y publie et de tout ce qui s'y refuse. Je maintiens Alain et ses Propos mensuels; j'ai imposé X., Y. et Z. (Larbaud, Journal, 1931, p. 251).
ε) [Dissimule une identité connue] Songez-y, jurer de l'avenir de sa pensée!... J'ai été désolé que notre pauvre ami X se soit lié (Renan, Souv. enf., 1883, p. 404).J'irai me confesser à l'abbé X..., comme d'habitude (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1165). − En partic. ♦ DR. M. Joseph Reinach est X dans cette affaire (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 423). ♦ Sous x. Accoucher, naître sous X. Et puis elles disparaissent sans laisser d'adresse ni de nom. Elles ont accouché sous X (Marie-Claire, juin 1984, p. 33, col. 1). b) BIOL. [P. attrib. arbitraire] Chromosome X. Le chromosome femelle. Les éléments qui portent le gros chromosome (chromosome X) produisent les femelles; ceux qui portent le petit chromosome (chromosome Y) produisent les mâles (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 31). c) Adj., CIN. [Calque de l'amér. X rated, où x désigne la croix qu'on trace pour barrer (angl. cross out)] Pornographique, dont la diffusion est soumise à des restrictions. Film (classé) X. Empl. subst. Le X infâmant (Le Nouvel observateur, 26 avr. 1976, p. 97, col. 3). d) [Chiffre romain (oralisé [dis])] La cavatine du Tanti palpiti est à la vie de la Pasta comme I est à X (Balzac, Théor. démarche, 1833, p. 621).La pointe de l'aiguille atteignit enfin le chiffre X (Gautier, Fracasse, 1863, p. 292). REM. 1. Ixer, verbe.,cin. [Corresp. à supra B 2 c] Classer comme X. Le premier réalisateur de dessins animés « ixés » (L'Express, 19 janv. 1980, p. 37, col. 3). 2. Non-X, adj. et subst.,cin. [Corresp. à supra B 2 c] Échappant à la catégorie X. Une nouvelle catégorie de films est née, que l'on pourrait appeler la « non-X » (Le Point, 27 sept. 1976, p. 144, col. 2). Prononc. et Orth.: [iks]. Ds Ac. dep. 1694 sous les formes ix, ics, ixe. La liaison et l'élision sont gén.: l'x, d'x, cet x. Qq. exceptions: Cuvier, loc. cit. : de x, et, sous B 2 c supra: le X infâmant. Prononc. liées de un x, des x, grand x, etc. Lettre x: [lεtʀ
əiks] et [lεtʀiks]. X temps [iksətɑ
̃] et [ikstɑ
̃]. Fréq. abs. littér.: 683. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 877, b) 944; xxes.: a) 897, b) 1 110. Bbg. Les Graphèmes au collège. BREF. 1980, no22, pp. 21-34. − Lanher (J.). De la graphie x à l'init. dans les topon. des départements lorr. Mél. Lanly (A.). Nancy, 1980, pp. 557-569. − Quem. DDL t. 12, 19, 20, 21, 30. |