| VORACITÉ, subst. fém. A. − Grande avidité à manger, à dévorer. Il est d'usage à bord de tout navire de visiter soigneusement l'estomac du requin. Les matelots connaissent sa voracité peu délicate, s'attendent à quelque surprise (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 8).En sus des platées de macaroni qu'elle bâfrait aux repas, elle mâchait du matin au soir des loukoums gluants (...) cette voracité semblait être la revanche, le refuge, de toutes les ardeurs d'une femme (Martin du G., Confid. afric., 1931, p. 1112).V. gloutonnerie ex. de Brillat-Savarin. B. − Au fig. 1. [À propos d'une pers.] a) Avidité à satisfaire un besoin, un désir. Lu jusqu'à trois heures avec une telle voracité que j'ai avalé un volume in-8 de 368 pages (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1836, p. 50). − [Dans un cont. érotique ou sexuel] Ces filles étalées, écrasées sur les banquettes... ce marché de viande humaine, promise aux voracités bourgeoises (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 316). b) Âpreté au gain, cupidité. Ses sentiments élevés et l'empire que le vieil ivrogne avait conservé sur lui le rendaient encore plus impropre à soutenir un débat d'argent avec son père (...) il attribua d'abord la voracité de l'intérêt à l'attachement que le pressier avait pour ses outils (Balzac, Illus. perdues, 1837, p. 16). 2. [À propos d'une chose] Capacité à détruire, à consommer de façon inexorable, inéluctable. Voracité du temps. Aucune injonction ne saurait modérer leur voracité [des secondes], la course picorante de leur bec métallique (Arnoux, Visite Mathus., 1961, p. 63). Prononc. et Orth.: [vɔ
ʀasite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Fin xve-déb. xvies. « avidité à manger » (Petit traité d'alchymie, 177 ds Rose, éd. Méon, t. 4, p. 212); b) 1771 p. métaph. (Helvetius, De l'homme, p. 90: L'histoire d'Irlande nous apprend que cette île fut toujours exposée autrefois à la voracité d'un clergé très-nombreux). Empr. au lat.voracitas « appétit insatiable ». Fréq. abs. littér.: 85. |