| VOLUPTUEUSEMENT, adv. Avec volupté, d'une manière voluptueuse. A. − [Corresp. à volupté A] 1. Avec un grand agrément sur le plan physique, esthétique. Synon. agréablement, délicieusement, savoureusement (dér. s.v. savoureux); anton. désagréablement, douloureusement, péniblement.Bâiller, boire, respirer, s'étirer, vivre voluptueusement. Ces grands appartements du rez-de-chaussée (...) cet appartement intime, si coquet, si voluptueusement artiste, étaient vivifiés, animés par une lumière, un esprit, un air surnaturels (Balzac, Béatrix, 1839, p. 90).L'Anglais s'arrête quand il sent l'odeur des tilleuls, respire longuement, voluptueusement (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 16). − P. anal. [À propos d'un animal] Le vieux chat Marquis ronronnait voluptueusement au creux de l'âtre (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 64). 2. a) Avec un plaisir intense, d'ordre amoureux et/ou sexuel. Synon. charnellement, érotiquement, lascivement, luxurieusement, sensuellement; anton. austèrement, chastement, froidement, purement.Au commencement d'un amour (...), nous ne sommes pas exclusivement attachés à l'objet de cet amour, (...) le désir d'aimer dont il va procéder (...) erre voluptueusement dans une zone de charmes interchangeables (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 916). b) D'une manière qui exprime, inspire la volupté. − [À propos des traits ou de l'attitude d'une pers.] Rigolette avait (...) une taille moyenne, petite même, mais si gracieusement tournée, si finement cambrée, si voluptueusement arrondie (...) qu'elle paraissait accomplie (Sue, Myst. Paris, t. 4, 1842, p. 82).Un ecclésiastique (...), à la danse du ventre, se met à regarder de côté toutes les fois que le ventre de l'almée soubresaute trop voluptueusement, devient trop suggestif (Goncourt, Journal, 1889, p. 1037). − [À propos d'une forme d'expr. artist.] La cantilène de Raoul, voluptueusement ponctuée par la reprise vibrante des violoncelles, traduit l'extase de l'amant éperdu (Gevaert, Orchestr., 1885, p. 265). − P. anal. [À propos d'un animal, d'un aspect de la nature] La cime aux feuilles voluptueusement frémissantes de quelque haut peuplier (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 385).Des Machaons (...) viennent pomper le miel des chanvres roses (...), chacun d'eux voluptueusement attaché à sa fleur (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 27). B. − [Corresp. à volupté B] Avec une profonde satisfaction morale, intellectuelle ou spirituelle. Une femme qui lit des romans, éprouve tant de plaisir dans cette enivrante et perpétuelle extase, que là, elle peut se créer une existence toute idéale, (...) elle désirera bientôt réaliser cette vie si voluptueusement extatique, et de l'âme passera aux sens (Balzac, Physiol. mariage, 1826, p. 146). − [En assoc. avec des termes à valeur gén. nég.] Voluptueusement seul. Vous m'avez (...) torturé le cœur, (...) il n'y a plus d'espoir pour moi. (...) je reposerai doucement et voluptueusement dans la mort! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 758). Prononc. et Orth.: [vɔlyptɥøzmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Déb. xives. « en prenant du plaisir » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, 11, 2510); 1508 regner voluptueusement (Seyssel, Louys XII, p. 22 ds Hug.); 2. ca 1590 « de manière à procurer un vif plaisir sensuel » (Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1113). Dér. de voluptueux*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 156. |