| VOLUMINEUX, -EUSE, adj. A. − [Corresp. à volume I] 1. Vieilli. [En parlant de l'œuvre d'un aut.] Qui est constitué d'un grand nombre de volumes. Ouvrage volumineux. De tous ces volumineux écrits qui dans leur nouveauté furent si vivement accueillis par la multitude, la Cléopâtre est le seul aujourd'hui dont on soutienne la lecture (Marmontel, Essai sur rom., 1799, p. 307). 2. [Corresp. à volume I et II; en parlant d'un recueil, d'un écrit] Qui comporte beaucoup de pages, beaucoup de pièces écrites. Correspondance volumineuse; courrier, manuscrit, rapport volumineux. Il salua le duc avec la dignité particulière aux gens de sa profession et il lui tendit un volumineux paquet de certificats de bonne conduite délivrés par les différents maîtres qu'il avait servis (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 176).Le Dr Pasquier ouvrit un tiroir, y prit un volumineux cahier et s'écria: − Voilà l'objet! − (Duhamel, Cécile, 1938, p. 96). B. − [Corresp. à volume II] Qui développe, présente des proportions importantes, un volume supérieur à la moyenne; qui occupe beaucoup d'espace. Synon. énorme, gros1, imposant, lourd, massif; anton. léger, mince, minuscule, petit. 1. [En parlant d'une réalité concr.] Bagage(s), chargement, colis volumineux. Je trouvai chez moi un paquet assez volumineux entouré d'un papier blanc scellé de cinq cachets noirs (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 18).L'orage qui, la veille avait menacé le pays, s'était replié sur les crêtes, où ses volumineuses vapeurs campaient encore (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 263). ♦ Vieilli. [En parlant d'un repas] Abondant, copieux. Le dîner était excellent et trop volumineux, et la compagnie fort triste (Stendhal, Journal, t. 3, 1811, p. 263). − En partic. ♦ [En parlant d'un son, notamment celui de la voix hum.] Qui possède une grande ampleur, une grande intensité. Tous ceux qui ont été à portée d'entendre Gaviniès conviennent (...) qu'entre tous les artistes (...) il est celui qui tirait de son instrument le son le plus rare et le plus volumineux (La Laurencie, Éc. fr. violon, 1923, p. 314).Tel un organiste qui, tirant un des jeux de son instrument, lève les écluses du bruit, il poursuivit, d'une voix volumineuse, timbrée, ronflante, qui devait être sa voix professionnelle (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 21). ♦ [En parlant d'un être vivant (du point de vue de son apparence physique), ou d'une partie du corps] Dont la corpulence, la grosseur sont supérieures à la moyenne. Cerveau, crâne, front, nez volumineux; poitrine, tête volumineuse. L'énorme papillon à ailes très longues, comme des ailes de libellules, noires zébrées de bleu clair, à l'abdomen très volumineux, jaune safran (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 1007).Émilie, volumineuse, l'œil rieur et le souffle bruyant, entra dans la cuisine avec une démangeaison bavarde sur la langue (Aymé, Vouivre, 1943, p. 25). 2. [En parlant d'une réalité abstr.] Il ne semble pas que les volumineuses sottises débitées pendant ce dernier siècle aient beaucoup éclairé le problème [du féminisme] (Beauvoir, Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 12). REM. Volumineusement, adv.,hapax. Abondamment. Cette interview est pleine des protestations, des déclarations familières au personnage. Libérales, patriotiques, tant qu'on en veut. Démocratiques, nationalistes, tout ce qu'on veut. Volumineusement équilibrées (Péguy, Argent, 1913, p. 1211). Prononc. et Orth.: [vɔlyminø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1676 « qui est en plusieurs volumes » (D'Aubignac ds Guérin 1892); 2. 1765 « qui a un grand volume, qui occupe beaucoup de place » (Diderot, Salons, éd. J. Seznec et J. Adhémar, vol. II, p. 167); 1811 « abondant, consistant (d'un repas) » (Stendhal, loc. cit.); 1866 se dit d'une personne aux formes plantureuses (Sand, M. Sylvestre, p. 115). Du b. lat. voluminosus « sinueux » pour servir d'adj. à volume au sens de « ampleur du corps ». Fréq. abs. littér.: 351. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 553, b) 381; xxes.: a) 473, b) 531. DÉR. Voluminosité, subst. fém.,philos., psychol. Étendue, importance qu'occupe dans l'espace une réalité concrète ou abstraite, du point de vue de la conscience humaine. S'habituer à un chapeau, à une automobile ou à un bâton, c'est s'installer en eux, ou inversement, les faire participer à la voluminosité du corps propre (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 168).− [vɔlyminozite]. − 1reattest. 1930 (Ruyer, Esq. philos. struct., p. 137); de volumineux, suff. -(i)té*. − Fréq. abs. littér.: 11. BBG. − Quem. DDL t. 35 (s.v. volumineusement). |