| VOLONTARISME, subst. masc. A. − 1. Tendance à croire (notamment en politique) que la volonté humaine est capable d'imposer le changement; thèse, tendance selon laquelle la volonté humaine l'emporte sur toutes les autres facultés, sur le réel, sur les événements, dans l'État et la société. Ne faut-il pas conclure à l'impossibilité, pour tout projet politique, d'exclure le volontarisme? (Encyclop. philos. univ.1990). 2. a) Caractère de l'individu volontaire. Il crut qu'en sacrifiant ses plaisirs et sa liberté, il ferait naître en lui un homme neuf, solidement convaincu de ses devoirs et de ses droits, adapté à ses bureaux et à son foyer; mais le volontarisme ne paie pas (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 348). b) ,,Tendance à imposer ses décisions sans admettre qu'on les discute ou même sans les justifier`` (Foulq.-St-Jean 1969). B. − PHILOSOPHIE 1. MÉTAPHYS. [P. oppos. à idéalisme] Doctrine ou théorie selon laquelle la volonté est le fondement réel de l'être et des choses, le monde n'étant qu'idée, apparence ou représentation; l'attitude qu'elle entraîne. Il ne nous paraît pas douteux que le dernier mot de son système [de Kant] soit dans la spontanéité pure, c'est-à-dire dans le volontarisme (Hamelin, Élém. princ. représ., 1907, p. 333).V. kantisme ex. 2. LOG., MOR. Doctrine, théorie selon laquelle les normes du vrai et du bien dépendent de la volonté divine. Accusations de volontarisme outré portées contre Scot (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 905).Nulle expression plus usitée que celle de « volontarisme scotiste ». Et il est bien vrai que la volonté joue un rôle considérable dans sa doctrine, mais elle y trouve ses limites (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 48). 3. PSYCHOL. [P. oppos. à l'intellectualisme de Spinoza] Doctrine accordant la prééminence aux fonctions volontaires de l'individu, fonctions affective et active, notamment par rapport à l'intelligence et au jugement. Autant donc les formules de l'intellectualisme universalisaient le choix du côté de ses raisons les plus claires, autant celles du volontarisme l'individualisent du côté de son audace la plus souveraine (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 166). REM. Volontariste, adj. et subst.,philos. a) Relatif au volontarisme philosophique. Philosophie, théorie, thèse volontariste. Les doctrines mystiques, sentimentales, volontaristes, où l'esprit de la théologie chrétienne a pris une forme philosophique (Lévy-Bruhl, Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 53).b) Empreint de volontarisme. Attitude volontariste. Le doute cartésien, semblable en cela au doute académique, supposait la conception volontariste de l'assentiment (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 80).c) (Celui, celle) qui est partisan du volontarisme. Philosophes volontaristes. La crise de la volonté des volontaristes ne doit pas devenir une crise de l'énergie, comme le roman contemporain l'y a parfois engagée (Mounier, Traité caract., 1946, p. 456). Prononc.: [vɔlɔ
̃taʀism̭]. Étymol. et Hist. 1. 1907 métaphys. « doctrine d'après laquelle le fond des choses est volonté et non représentation », spéc. en parlant de Schopenhauer (E. Le Roy, Dogme et critique, pp. 127-128 in A. Lalande ds B. Sté fr. philos. t. 9, p. 259a); 2. 1912 psychol. « théorie philosophique selon laquelle le jugement est l'œuvre non seulement de l'intelligence, mais de la volonté » (A. Lalande, Le Volontarisme intellectualiste ds R. philos. d'apr. Lal.13); 3. 1920 log., mor. « théorie selon laquelle la volonté divine détermine les normes du vrai et du bien » (Théol. cath., loc. cit.); 4. 1958 lang. usuelle « tendance à accorder à la volonté la primauté sur les autres facultés » (Beauvoir, loc. cit.). Dér. de volontaire*; suff. -isme*. Cf. l'angl. voluntarism, philos., 1896 ds NED; v. aussi intellectualisme. Fréq. abs. littér.: 17. |