| VOLER1, verbe I. − Empl. intrans. A. − [Le suj. désigne un animal] 1. Se soutenir dans l'air de manière plus ou moins prolongée et s'y mouvoir grâce à des ailes ou à des organes analogues. Le corbeau ne vole que le jour, le hibou ne vole que la nuit, le cygne vole la nuit et le jour (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 434).La chauve-souris a toujours l'air de voler entre quatre murs (Renard, Journal,1908, p. 1193). − [Avec mention des points de départ et d'arrivée] Le perroquet de la comtesse Michaud ne volait pas de clocher en clocher (A. France, Pt Pierre,1918, p. 164). − Empl. impers. Le ciel était gris de nuages il y volait des oies sauvages qui criaient la mort au passage (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 71). − [Avec un compl. d'obj. interne] La profonde chanson des arbres était chantée par des oiseaux nés d'hier (...). Ils chantaient leur premier chant, ils volaient leur premier vol (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 448). − [P. méton. du suj.] Je vois vers les gibets voler les becs nocturnes Quêtant un noir lambeau (Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 561). − Loc. fig. On entendrait une mouche* voler. − FAUCONN. [Le suj. désigne un oiseau de proie] Voler d'amour. ,,Laisser voler les oiseaux en liberté, afin qu'ils soutiennent les chiens`` (Baudr. Chasses 1834). Voler en coupant. ,,Couper le vent en le traversant`` (Littré). Voler en pointe. ,,Aller d'un vol rapide, soit en s'élevant, soit en s'abaissant`` (d'apr. Baudr., Chasses 1834). Voler en rond. Voler en tournant au-dessus de sa proie (d'apr. Baudr., Chasses 1834). Faire voler en troupe. ,,Jeter plusieurs oiseaux à la fois`` (Ac. Compl. 1842). Voler pour bon. Être bien affaité (d'apr. Littré). − [Le suj. désigne un animal mythol. pourvu d'ailes] La fontaine Pirène (...) coulait encore parmi les lauriers-roses où volait, au temps des muses, le cheval Pégase (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 276). 2. Se soutenir quelques instants dans l'air grâce à des organes adaptés qui ne sont pas des ailes. Des poissons volaient à la surface de la mer, et ils passaient au-dessus de la barque (Montherl., Bestiaires,1926, p. 580). − [Le déplacement est instantané et n'implique pas la possession d'organes particuliers] Le rat au bout de la branche, le chat sur le tronc. Ni l'un ni l'autre ne bouge. Coup de fusil. Le rat tombe. Le chat vole, flaire et s'éloigne, un peu étonné tout de même de sa puissance (Renard, Journal,1899, p. 541). − P. anal. [Le procès se déroule dans l'élément liquide] Ce qui ne se communique pas c'est la transparence, les volumes, les surprises du parc où les poissons volent sans crainte autour de nous (Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 52). 3. Courir à grande vitesse; se déplacer très rapidement. J'ai passé ma colère sur ma chevale, que j'ai blessée. Va, ma Péri, vole! Déferle! Que m'entraîne le fleuve chevalin! (Montherl., Encore inst. bonh., 1934, p. 685). B. − [Le suj. désigne un inanimé] 1. [Le suj. désigne un élément naturel, notamment un végétal] Se soutenir et se déplacer dans l'air, sous l'effet d'un agent extérieur; se déplacer dans l'air d'un endroit à un autre en tirant profit des organes appropriés dont il est pourvu. Leurs semences aigrettées [des herbes] qui volent dans les airs résultent de l'harmonie maternelle (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 87). − [Sans mouvement réel] Les étoiles volaient dans les branches des arbres Comme un essaim d'oiseaux de feu (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 386). − Au fig. ou p. métaph. La semence du mal et du bien vole partout (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1159). 2. [Le suj. désigne un inanimé, naturel ou fabriqué, mû le plus souvent par un agent extérieur] a) Être transporté dans l'air d'un point à un autre en se maintenant quelque temps en suspension à cause de sa légèreté, avant de toucher le sol. Synon. voleter, voltiger.Au vent orageux volent les feuilles sèches (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 270).La neige volait, s'écrasait sur les pèlerines, étoilait les murs (Cocteau, Enfants,1929, p. 14). − Empl. impers. Elle ajouta même: « Il pleut! » (...) C'était vrai, d'ailleurs: il volait des gouttes (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 10). b) S'agiter sous l'effet du souffle de l'air ou d'un mouvement. Synon. flotter1.Étoffe qui vole au vent. Dans le Couronnement d'épines, le bourreau de gauche ne se démène pas tant qu'il puisse faire voler autour de sa taille les plis de son vêtement (Green, Journal,1931, p. 41). 3. [Le suj. désigne un objet aérien, un engin de locomotion aérienne, un engin spatial] Effectuer un parcours déterminé par la voie des airs, dans l'espace. L'avion volait à 30 degrés soutenu par un seul moteur (Malraux, Espoir,1937, p. 822). Rem. Dans la lang. de l'aéronaut., le verbe peut s'employer trans. lorsqu'il est suivi d'un compl. désignant une distance: L'aéroplane Blériot vole 186 mètres (L'Auto, 18 sept. 1907 ds Petiot 1982). 4. [Le suj. désigne un inanimé naturel ou fabriqué] Être projeté, déplacé dans l'air en y passant avec une grande vitesse, de manière autonome ou en étant lancé par la main de l'homme. Qu'une sentinelle tournât le dos, aussitôt un paquet volait par-dessus les barbelés, qui contenait le peu que nous avions (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 169). ♦ [Le mouvement de l'objet, limité dans l'espace, se fait autour d'un axe] Les cloches de l'abbaye ne volaient plus depuis le départ du noviciat et les cent tintements, qui annonçaient la descente à l'église, se taisaient (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 243). − Rare. [Sans mouvement réel] Tolomé i n'a qu'un étage, entre une base énorme et une corniche qui vole (Suarès, Voy. Condottière,t. 3, 1932, p. 193). − [Le suj. désigne un attribut d'un animé] Quand les janissaires brandissaient leurs cimeterres courbes, un gémissement parcourait le désert (...) je faisais voler les têtes à coups de sabre, je naissais dans un fleuve de sang (Sartre, Mots,1964, p. 93).P. métaph. Ulalie rentre à la maison. Le regard de Jaume vole en oblique jusqu'au chignon. Le peigne y est (Giono, Colline,1929, p. 125). − Au fig. Voler en éclats. V. éclat I ex. de De Gaulle.Voler en pièces. V. pièce III B 2 ex. de Erckmann-Chatrian.Voler en l'air, var. Il tirait, les lois volaient en l'air, tu aimeras ton prochain comme toi-même, pan dans cette gueule de con, tu ne tueras point, pan sur le faux jeton d'en face (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 193). 5. [Le suj. désigne une réalité physique] Se déplacer avec une grande rapidité sur le sol, sur l'eau. Il la sollicite, tel que la flamme qui, volant sur le bois sec, le flaire en frémissant (Claudel, Repos 7ejour, 1901, II, p. 826). − Au fig. [Le suj. désigne un attribut de la pers., un inanimé abstr. produit par l'activité hum.] Ma pensée volait en avant du navire forcené qui trouait cette paroi d'encre (...) et, par un mouvement dont je n'étais pas maître, mes mains nerveuses à chaque instant esquissaient le geste de se porter en avant (Gracq, Syrtes,1951, p. -232). 6. [Le suj. désigne une information, un ensemble d'informations fournies sur qqc. ou qqn] Se propager, se communiquer avec rapidité d'un point à un autre. Les nouvelles volent vite; voler de bouche à oreille. À peine Jeanne d'Arc fut-elle partie de Vaucouleurs pour se rendre auprès de Charles VII, que son nom vola de bouche en bouche et rendit courage aux assiégés d'Orléans (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 120). 7. [Le suj. désigne le temps] S'écouler, passer rapidement. Synon. s'enfuir, s'envoler.Je travaille beaucoup et les journées semblent voler (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1853, p. 204). C. − [Le suj. désigne une pers., un de ses attributs ou un être spirituel] 1. Se déplacer dans l'air et s'y mouvoir à la manière d'un oiseau : Yvette avait des ailes maintenant. Elle volait la nuit, par une belle nuit claire, au-dessus des bois et des fleuves. Elle volait avec délices, ouvrant les ailes, battant des ailes, portée par le vent comme on serait porté par des caresses
Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Yvette, 1884, p. 550. − [Le suj. désigne un être incorporel assimilé à un oiseau] Cette eau bénite, ainsi répandue partout, c'était pour chasser d'abord les mauvais esprits, volant par milliards, invisibles (Zola, Rêve,1888, p. 188). − P. métaph. ou au fig. [Dans le domaine de la vie intellectuelle, morale ou sociale] Comme le héros a des ailes pour voler au faîte de la grandeur, ainsi le plausible s'accommode à la flagrante nouveauté et à la modernité la plus extrême (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 112). − [Le suj. désigne une manifestation de l'esprit hum.] Ça vole bas/haut. Cela atteint un niveau bas ou élevé. Si le troisième acte avait valu les deux premiers, Le Pélican volait haut (Colette, Jumelle,1938, p. 74). ♦ Vouloir voler avant d'avoir des ailes, sans avoir d'ailes; voler de ses propres ailes. V. aile III B 2. 2. Effectuer un déplacement dans un aéronef. Voler de nuit, de Paris à Tombouctou. a) [En tant que pilote ou membre d'équipage] Il pourra suivre, en compagnie d'un aviateur qui ne vole pas en ce moment, les évolutions d'un pilote exécutant des loopings (Proust, Guermantes 2,1921, p. 400). Rem. Dans la lang. de l'aéronaut., le verbe peut s'employer trans.: Farman vole 771 mètres (L'Auto, 27 oct. 1907 ds Petiot 1982). b) [En tant que passager] Le 6 août, alors que je volais vers l'Orient, le Président Benès avait solennellement déclaré à Maurice Dejean « qu'il considérait le Comité national français, sous la direction du général De Gaulle, comme le véritable gouvernement de la France » (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 35). 3. Se déplacer sur le sol vers un lieu donné, avec une grande rapidité, à l'aide d'un véhicule ou par ses propres moyens. Synon. courir, s'élancer, s'envoler, foncer1, se précipiter.Voler au combat, au secours de qqn. S'il regarde un horaire qui est un peu haut sur le mur, un gosse vole détacher l'horaire et le maintient à la hauteur de ses yeux (Montherl., Bestiaires,1926, p. 453). − [Sans indication du lieu choisi comme but] Quand je ne puis courir, je vole, quand je ne puis voler, je cours (Pourrat, Gaspard,1930, p. 183). − P. métaph. [Foch] volait d'instinct à l'essentiel; sa pensée se précipitait à peine formée vers l'acte décisif, concevait aussitôt l'événement de première grandeur (Valéry, Variété IV,1938, p. 85). ♦ Voler au secours de la victoire*. Voler de victoire en victoire*. Voler dans les plumes à/de qqn (pop.). V. plume1I C 3. 4. Ne pas tenir longtemps ses idées, ses sentiments fixés sur un être déterminé, sur une réalité précise. Parfois il ne pourra jamais aimer la femme, pour n'avoir pas franchi le seuil de la mère à la femme, ou bien il exprimera la même impuissance par une instabilité érotique, en volant de femme en femme, toujours insatisfait (Mounier, Traité caract.,1946, p. 98). 5. Disparaître rapidement, tomber vite dans l'oubli sans laisser de traces. La fantaisie de Rabelais imaginant la congélation des paroles dans les airs, n'était pas une chimère, mais une simple anticipation (...). Actuellement, les paroles ne volent plus. Elles sont fixées dans le sillon d'un disque de cire ou à la surface d'un ruban de cellulose (Arts et litt.,1935, p. 88-6). 6. FAUCONN. ,,Aller à la chasse au vol`` (Lep. 1948). Il volait avec des faucons (Ac.1878). II. − Empl. trans., FAUCONN. A. − [Le suj. désigne un oiseau de proie] Poursuivre un gibier en volant. Cet oiseau vole la pie, le héron, la perdrix (Ac. 1798-1935). B. − [Le suj. désigne une pers.] Lancer un oiseau de proie pour le faire poursuivre et atteindre un gibier. Le faucon ne tardait pas à descendre en déchirant quelque oiseau, et revenait se poser sur le gantelet, les deux ailes frémissantes. Julien vola de cette manière le héron, le milan, la corneille et le vautour (Flaub., St Julien l'Hospitalier,1877, p. 91). REM. 1. Avoler, verbe intrans.,hapax (empr. à l'anc. lang.). Partir en volant de. Synon. s'envoler.La pensée est une étincelle avolée du foyer universel de l'intelligence: elle y revole et se réunit à son élément, l'esprit (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 621). 2. Volable, adj.,néol., aéronaut. [En parlant du temps, d'un espace de temps, d'une région] Qui permet le vol des aéronefs dans des conditions de sécurité jugées suffisantes. Une école de pilotage doit bénéficier de 250 jours volables par an (Quillet1965). 3. Voler, subst. masc.,rare. Synon. de vol1.Le voler des oiseaux frugivores n'est pas seulement destiné à leur faire traverser les airs, mais à les conduire à l'arbre dont ils mangent les fruits (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 89). 4. Voleur, subst. masc.,fauconn. Oiseau de chasse considéré du point de vue des qualités de son vol. (Dict. xixeet xxes.). Beau voleur (Besch. 1845). Bon, excellent voleur (Lar. 19e). Prononc. et Orth.: [vɔle], (il) vole [vɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin ixes. « se soutenir et se déplacer dans l'air au moyen d'ailes » (Eulalie, 25 ds Foerster-Koschwitz, col. 52: In-figure de colomb volat a-ciel); ca 1175 inf. subst. (Thomas de Kent, Roman de toute chevalerie, éd. B. Foster et I. Short, 5109: lur voleir); ca 1340 (Batard de Bouillon, éd. R. F. Cook, 3243: li oisiaus [...] le voler en laissa); 2. a) ca 1175 fauconn., le suj. désigne un chasseur « pratiquer la chasse au vol » (Benoît de Ste-Maure, Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 27487: [le duc] Voler les fist [ses fauconniers] e prendre oiseaus); ca 1370 trans. (Chron. normande du XIVes., éd. A. et E. Molinier, p. 85: il s'esbatoit à vouler des oiseaux); b) ca 1340 inf. subst. « action de chasser en volant » (Batard de Bouillon, 1180: oseillon c'on puist prendre au voler); 1349 le suj. désigne un oiseau « chasser en volant » (Guillaume de Machaut, Dit de l'alérion, éd. E. Hoepffner, t. 2, p. 365: pour faire voler); 1393 trans. (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 155: quand il [l'épervier] les avra volez, liez et abatuz [les petits poussins]); 3. 1377 « se soutenir quelques instants dans l'air, en planant » (Guillaume de Machaut, Lays, éd. V. Chichmaref, p. 358: les poissons voler verras); 4. a) 1377 expr. (Id., ibid., p. 388: Ne qu'on puet au firmament Sans eles voler); fin xives. (Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t. 11, p. 132: cel evesque de Norduich, qui quidoit voller anchois que il euist elles); 1568 (G. Meurier, Rec. de sentences, fo22 vo: c'est follie de vouloir voler sans ailles); 1606 (Nicot, p. 22b [proverbes à la suite du dict.]: Vouloir voler avant qu'avoir des aisles); 1677 (Miege: on ne peut pas voler sans ailes); b) 1694 voler de ses propres ailes (Ac.); c) 1836 expr. (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 223: on eût entendu [...] voler une mouche dans la salle). B. 1. a) Ca 1100 « être projeté en l'air (en parlant d'un objet) » (Roland, éd. J. Bédier, 723: envers le cel en volent les escicles (= les éclisses d'une lance)); ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 9157: cent mile saietes volent); b) ca 1130 expr. (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 55: la teste en fist voler); ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 12403: la teste [...] li fait [...] voler); 1715 faire voler les têtes « exercer une répression sanglante » (Fénelon, Dialogue des morts, éd. 1819, p. 393); c) ca 1165 expr. (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 23915: en volent haut li esclat [de l'épieu]); 1176-81 (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 532: an pieces vola ma lance); 1604 (Montchrestien, Hector, éd. L. Petit de Julleville, p. 53: le bois vole en esclats); d) α) 1738 fig. en parlant de paroles, injures, menaces, etc. (Piron, Métromanie, éd. J. Troubat, 1883, p. 239: l'effroi, les présages fâcheux volent autour de moi); 1832 (Dumas père, Darlington, I, 5, p. 62: les menaces volent);
β) 1853 (Jullien, Lang. vicieux corr., s.v. volée: les coups volaient); 1957 (Pt Simonin ill., p. 276: les coups de lattes dans l'oignon qui volaient bas);
γ) 1969 voler bas fig. (J. L. Curtis, Le Roseau pensant, p. 22 ds Rob. 1985, s.v. bas: la facétie volait bas); 2. 1155 fig. « se propager » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4561: Renumee ki par tut vole); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 16515: Mes parole une foiz volee Ne peut puis estre rapelee); 3. a) 1178 « se déplacer en l'air au lieu de tomber, rester quelque temps en suspension (en parlant de choses légères) » (Renart, éd. M. Roques, branche II, 3674: amont en volent li flocon); b) 1839 (M. de Guérin, Poèmes, p. 11: la semence qui vole); 4. a) ca 1283 « être transporté en l'air » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 424: les denrees ne volerent pas de lieu en autre); b) 1306 « se déplacer avec une grande vitesse (bateau, véhicule, etc.) » (Joinville, Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett,159: il sembloit que la galie volast); 5. a) 1384-89 fig. « s'écouler très vite (en parlant du temps) » (Hist. de Griseldis, trad. de Phil. de Mézières, éd. E. Golenistcheff-Koutouzoff, p. 158: les jours passent en volant sans jamais retourner); b) 1690 la parole vole, mais l'écriture demeure (Fur.); 6. 1400 « s'agiter au souffle de l'air » (Christine de Pisan, Mutacion de fortune, éd. S. Solente, t. 3, p. 145: les banieres volent au vent); 7. 1784 aéron. « suivre un parcours en l'air » (J. pol. de Bruxelles, no2, p. 80, 10 janv. ds Zastrow, p. 469: ce ballon [...] voleroit au dessus des mers). C. 1. 1155 « se soutenir et se déplacer dans l'air à la façon d'un oiseau (en parlant d'êtres humains) » (Wace, op. cit., 1650: Eles fist si s'apareilla Voler vout e voler quida); 2. a) 1170-83 « être précipité avec une grande rapidité » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 5220: Mult en veïssiez desroter E trebuchier e fors voler); b) 1552 fig. (Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 4, p. 63: je volle apres l'espoyr); c) α) 1584 expr. voler au secours de qqn (Id., ibid., t. 18, p. 53: Volez en troupe à mon secours); 1922 expr. voler au secours de la victoire, v. victoire;
β) 1946 voler dans les plumes à qqn (Prévert, Paroles, p. 269); 3. ca 1210 « être inconstant, volage » (Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 1898: li vostre cuers vole); 1555 (Ronsard, op. cit., t. 8, p. 70: Çà et là voleroient les espritz des humains); 1684 (La Fontaine, Épîtres, Discours à Mmede La Sablière ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 9, p. 186: je suis chose légère, et vole à tout sujet); 4. a) 1655 aéron. (Cyrano de Bergerac, Estats et Empires du soleil, éd. F. Lachèvre, p. 136: cet ingénieur polonais qui s'en sert maintenant à voler); 1686 (Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, 2esoir, p. 106: l'art de voler ne fait encore que de naistre); 1783 (Joly de Saint-Valier, Lettre à Mmela Princesse de ***, p. 6 ds Zastrow, p. 470: dans deux ans d'ici on pourra voler); 1863 (G. de La Landelle, Aviation, p. 7, ibid., p. 380: voler dans les airs); b) 1916 spéc. « se trouver comme passager dans un appareil volant » (Barrès, Cahiers, t. 11, p. 182); c) 1928 « effectuer des vols (comme pilote ou membre d'équipage) » (Saint-Exup., Courr. Sud, p. 55: voler de nuit). Du lat. volare « voler »; au fig. « aller rapidement (en parlant de chars, de traits, de lettres, du temps, des paroles, de la renommée, etc.) ». DÉR. 1. Volateur, subst. masc.a) Zool. Oiseau doué d'une grande force physique pour effectuer ses déplacements dans l'air. Parfois, quelque grand oiseau, albatros ou frégate, passait à portée de fusil, et Gédéon Spilett se demandait si ce n'était pas à l'un de ces puissants volateurs qu'il avait confié sa dernière chronique adressée au New-York Herald (Verne, Île myst.,1874, p. 339).En appos. avec valeur d'adj. Le plumage de l'autruche adulte ressemble au duvet que l'on voit aux poussins des oiseaux volateurs (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 67).b) Aéronaut. Appareil de locomotion aérienne effectuant ses vols à l'aide d'un moteur. (Ds Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t. 2, 1890, p. 437). Anton. planeur.− [vɔlatø:ʀ]. − 1resattest. a) 1784 « aérostier, aviateur » (L. G. Gérard, Essai sur l'art du vol aérien, p. 51 ds Zastrow 1963, p. 386: le volateur est assis au milieu de son vaisseau); 1850 (Dupuis-Delcourt, Nouv. manuel complet d'aérostation, p. 21, ibid., p. 387: de volateur il [Blanchard] se fit aéronaute); b) 1864 adj. appareil volateur « appareil volant » (La Landelle, Rapport de 1864, p. 23 ds Guilb. Aviat., p. 706 b); 1865 subst. « appareil volant » (Saveney ds R. des Deux Mondes, 15 sept., p. 321, ibid., p. 422 a [ici, sens incertain]); 1880 (De Louvrié ds L'Aéronaute, mars, p. 56, ibid., p. 706 a: des volateurs artificiels); c) 1865 « oiseau, animal volant » (Nadar, Le Droit au vol, p. 15 ds Zastrow, p. 385); 1865 ([De Lucy ds] La Presse sc. t. 2, p. 581 ds Littré: ces échassiers [les grues d'Australie] sont d'excellents volateurs); 1865 adj. (Nadar, op. cit., p. 24 ds Guilb. Aviat., p. 706 b: les animaux volateurs); de voler1, suff. -(at)eur2*. 2. Volier, subst. masc.Ensemble d'oiseaux d'eau en vol. Il s'arrêta pour regarder des oies sauvages qui migraient. Le volier avait la forme d'un long ruban naviguant très bas (...), onduleux et tout d'une pièce comme un tapis volant des Mille et Une Nuits (Montherl., Célibataires,1934, p. 901).− [vɔlje]. − 1resattest. 1773 (Bougainville, Voyage autour du monde, t. 1, p. 100), attest. isolée, à nouv. 1934 (Montherl., loc. cit.); mot région. (Normandie, Sologne, Canada: 1887 Moisy, Dict. du pat. norm., 1892 A. Thibault, Gloss. du pays blaisois, 1932 Hubert-Fillay et Ruitton-Daget, Gloss. du pays de Sologne, FEW, t. 14, p. 602 a), de voler1, suff. -ier*, cf. m. fr. volier « volaille, volatile » (1remoit. xves. Jean de Stavelot, Chron., éd. A. Borgnet, p. 155: ne volier, ne venison), « treille » (1454, A. Lecoy de La Marche, Comptes du roi René, p. 85 ds Gdf.: tonnelles ou volliers), « volière » (1478, Douët d'Arcq, Comptes de l'Hôtel des rois de France, p. 356: un volier de fil de fer). BBG. − Hilty (G.). L'État actuel de la sém. dans le domaine rom. Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974.15.20 avr. Naples; Amsterdam, 1978, t. 1, pp. 119-121; Sém. et form. des mots. Colloque sur la Néologie et la Form. des mots. Actes... Neuchâtel, 1983, p. 86. − Quem. DDL t. 27, 36. |