| VOLCAN, subst. masc. A. − 1. Montagne crachant du feu et des laves. Le volcan rugissait comme un monstre énorme, semblable aux Léviathans des jours apocalyptiques, et vomissait d'ardentes fumées mêlées à des torrents d'une flamme fuligineuse (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 111). − P. anal. Les torpilles, les grenades, les obus, les tombes même éclatent, tout saute, c'est un volcan qui crève (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 239). ♦ [À propos de pers.] Un volcan de.J'étais bien loin de connaître encore toute la dureté de M. Daru ce volcan d'injures (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 453).Elles me tiennent pour le plus heureux des hommes, pour un volcan de gaieté intarissable (Amiel, Journal, 1866, p. 453). 2. GÉOGR., GÉOL. Orifice naturel par lequel un réservoir de magma à haute température d'origine profonde communique avec la surface de la terre et s'y répand; relief montagneux de forme conique formé par l'accumulation des produits rejetés, montés par la cheminée dans le cratère au cours d'éruptions. Cheminée, cône, cratère, versant d'un volcan; éruption, réveil d'un volcan; grands volcans d'Auvergne. Comme le volcan [le Vésuve] était depuis quelque temps en ébullition et lançait à chaque secousse des nuages de cendre et de pierres que nous entendions rouler la nuit jusque dans le ravin de lave qui est au pied de l'ermitage, mes guides refusèrent de m'accompagner plus loin (Lamart., Confid., Graziella, 1849, p. 239).Il était désorientant de voir, sur le volcan si longtemps éteint, monter en ce moment cette fumée inattendue (Gracq, Syrtes, 1951, p. 228). − [Considéré du point de vue de l'activité] Volcan éteint. Volcan dont l'activité ne s'est pas manifestée depuis des siècles. En Auvergne et dans le Velay, ils [les gneiss et les micaschistes] servent de socle à des volcans éteints qui datent de l'ère tertiaire (Boule, Conf. géol., 1907, p. 66).Volcan actif, en activité. Volcan caractérisé par des éruptions. Chez moi, dit le petit prince, ce n'est pas très intéressant, c'est tout petit. J'ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un volcan éteint (Saint-Exup., Pt Prince, 1943, p. 458).Volcan en sommeil, en repos. Volcan en activité très réduite caractérisée par des émissions de gaz, des fumerolles. On dit les volcans « dormants » ou « en repos » lorsque seule une activité fumerollienne [de fumerolles] s'y manifeste, entre deux périodes moins calmes (H. Tazieff, Cratères en feu, 1951, p. 32). − [Considéré selon le type d'éruption] Suivant leur nature, coulées et produits de projection donnent aux cônes volcaniques une structure particulière qui a permis de classer les volcans en quatre types présentant des termes de passage. Ce sont, en allant des laves les plus fluides aux plus visqueuses, les volcans hawaïens (Mona Loa), stromboliens (Stromboli, îles Lipari), vulcaniens (Vulcano, îles Lipari), péléens (Montagne Pelée, Martinique) (Ch. Pomerol, R. Fouet, Les Roches éruptives, 1975, p. 22). SYNT. Volcan terrestre, sous-marin; base, bouche, caldera, dôme d'un volcan; blocs, bombes, cendres, convulsions, coulées, émanations, gaz, nuée ardente, panache, projections, scories d'un volcan; chaîne de volcans; ceinture de volcans du Pacifique ; volcan qui dort, se réveille, fume, crache, gronde, explose. 3. P. anal. a) Cratère situé sur la lune ou sur une planète. Ces volcans [éteints] pareils à ceux que mon père montrait à mes yeux d'enfant à travers le télescope dans cette lune elle-même (Bourget, Disciple, 1889, p. 175). b) GÉOMORPHOL. Ouverture par laquelle s'échappe une matière bouillonnante. Synon. salse.Volcan d'eau chaude. Les mêmes cercles passent en même temps par un très-grand nombre de points orographiquement et géologiquement remarquables, par une foule de volcans ordinaires, de volcans de boue (Élie de Beaumont, Stratigraphie, 1869, p. 542). B. − Au fig. 1. Situation dangereuse, explosive; en partic., situation qui, calme en apparence, peut devenir soudainement dangereuse. Je vous répète, madame la baronne, que nous sommes sur un volcan. La révolution n'est pas morte (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 244). ♦ Danser sur un volcan. V. danser I A 3.Le char de l'État navigue sur un volcan. V. char1A 2 a. 2. a) Ce qui est vif, ardent, bouillonnant. Sa tête est un vrai volcan. Son imagination est un volcan (Ac. 1835-1935). b) Personne au caractère impétueux, ardent, emporté. Quel style! quelle tournure! Il avait l'air de François Ier. Quel volcan! et quelle habileté, quel génie il déployait pour trouver de l'argent! (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 375). Prononc. et Orth.: [vɔlkɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1575 vulcan « relief de forme conique édifié par les laves et les projections issues de l'intérieur du globe et qui a émis ou peut émettre des matières en fusion » (A. Thévet, La Cosmographie universelle, fo298 ro); 1598 volcan (R. Regnault, Hist. nat. et moralle des Indes [trad. de l'ouvrage esp. de J. Acosta], fo121 vod'apr. R. Arveiller ds Fr. mod. t. 18, pp. 245-246); 2. au fig. a) 1758 en parlant d'une situation politique (C. Helvétius, De l'esprit, p. 187: les volcans de la sédition sont de toutes parts éteints); 1795 (Dumolard, Disc. aux Cinq-Cents, 22 brumaire an IV ds Moniteur, Réimpr., t. 26, p. 439 ds Brunot t. 10, p. 85, note 8: Ne vous endormez pas, je vous en conjure « sur le cratère d'un volcan »); b) 1769 d'une attitude, d'une faculté intellectuelle, psychologique ou morale (Delisles de Sales, De la philosophie de la nature, p. 57: Le volcan du fanatisme semble à jamais refermé parmi nous); 1776 (J. Cazotte, Le Diable amoureux, p. 355: mon imagination est un volcan); c) 1828 d'une personne (Hugo, Odes et ball., p. 316). Empr. à l'esp.volc n, att. au sens 1 à propos de l'Amérique (P. de Alvarado ds Cartas de relaci n de Fernando Cortes, éd. E. de Vedia, p. 22 d'apr. P. Aebischer ds Z. rom. Philol. t. 67, p. 306), dep. le xiiies. à propos de la Sicile (vulcan, Alphonse X le Sage d'apr. G. Colón ds R. Ling. rom. t. 55, p. 334) et issu, par l'intermédiaire de l'ar. burkān (att. également dep. le xiiies., toujours à propos de la Sicile, v. G. Colón, ibid., pp. 334-335), du lat. Vulcanus, nom du dieu romain du feu et nom d'une des Îles Lipari (lat. Vulcani Insulae), archipel volcanique au large de la Sicile. Le passage par l'ar. explique l'absence de -o final de la forme esp.; Cor.-Pasc. veut expliquer celle-ci par un empr. de l'esp. au port. mais le mot est beaucoup moins anc. en port. qu'en esp. et l'explication phonét. n'est pas satisfaisante (v. G. Colón, ibid., pp. 319-337). Le m. fr. vulcan, att. une seule fois au xives. (Voyage de Mandeville ds Gdf. Compl.), se rapporte à la Sicile et est issu directement du lat. Voir P. Aebischer ds Z. rom. Philol. t. 67, pp. 298-318; R. Arveiller ds Fr. mod. t. 18, pp. 245-246; M. Piron ds Romanica Gandensia t. 4, pp. 193-208; FEW t. 14, pp. 639-640. Fréq. abs. littér.: 736. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 584, b) 1 500; xxes.: a) 805, b) 489. DÉR. Volcanien, -ienne, adj.,vx. De la nature du volcan. Synon. volcanique, vulcanien.L'œil n'est pas moins surpris de voir des monts de neige et des rochers de glace s'élever du sein des tapis et des bocages toujours verts, que de voir les cônes noirs des montagnes volcaniennes vomissant le feu au milieu des forêts (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 239).− [vɔlkanjε
̃], fém. [-jεn]. − 1reattest. 1784 (Id., Ét. nat., t. 1, p. 311); de volcan, suff. -ien*. BBG. − Boulan 1934, p. 50. |