| VOIX, subst. fém. I. A. − [Chez l'homme] 1. Son, ensemble de sons produits par la bouche et résultant de la vibration de la glotte sous la pression de l'air expiré; faculté d'émettre ces sons. Organes de la voix; hauteur, intensité, timbre, volume de la voix; brouhaha, bruit, éclat, murmure, tumulte de voix; voix qui crie, s'élève, porte, résonne, retentit. Aussitôt la glotte franchie, le souffle devenu voix traverse l'arrière-gorge, la gorge, la bouche, se répand en partie dans le pharynx et les fosses nasales, se moule sur les formes mobiles et ductiles de tous ces organes, qui (...) pétrissent et sculptent la matière sonore (Arts et litt., 1935, p. 36-8).Nous savons aujourd'hui que la voix humaine, qu'elle soit chantée ou parlée, que la hauteur en soit voulue et contrôlée par l'oreille ou non, est conditionnée, elle aussi, par l'arrivée de salves d'influx récurrentiels sur le larynx (É. Garde, La Voix, 1954, p. 23). ♦ Émission* de voix (synon. phonation). Extinction* de voix. Mue* de la voix. Filet de voix. V. filet1. − Expr. et loc. ♦ N'avoir pas de voix, plus de voix. Être aphone, incapable de proférer un son. − Ohé! les hommes!... Je m'enroue. Je n'ai plus de voix. Je me sens ridicule de crier ainsi (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 230).Retrouver sa voix. Être capable de parler de nouveau. M. Thibault, la couverture soulevée, voulait s'échapper de ce lit (...), fuir l'atroce menace. Il avait retrouvé sa voix et vociférait des grossièretés (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1254). ♦ Être sans voix. Être aphone, rester muet, souvent sous le coup d'une émotion. La chaleur pèse, je suis fatiguée et sans voix (Colette, Cl. école, 1900, p. 226).La foudre n'eût pas agi autrement sur la malheureuse mère qui, sans voix, sans force, tremblante, laissa couler ce déluge de paroles (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 239). ♦ Rester sans voix. Rester interdit. Ils te virent, seigneur, et restèrent sans voix (Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1852, p. 363). ♦ D'une même voix. Ensemble, à l'unisson. D'une même voix, Joseph et moi, nous nous écriâmes: − Cécile a raison! (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p. 264). − Spécialement ♦ ACOUST. Voix artificielle. ,,Son complexe, généralement émis par une bouche artificielle, dont la composition spectrale correspond à celle de la voix humaine`` (Industries 1986). ♦ LING., PHONÉT. Voix articulée*. Voix chuchée*. Voix parlée, chantée. L'onde laryngée se reproduit périodiquement suivant un rythme qui oscille, pour la voix chantée, entre 66 Hertz (Hz), ou périodes-secondes (p.s.), ou cycles-secondes (c.s.), correspondant à do1(c'est la note inférieure d'une basse profonde) et 1320 Hertz, soit mi5(note culminante d'un soprano léger) (...). La voix parlée est, plus modestement, située entre 82 p.s. (mi1) et 1056 (do2), les deux octaves inférieures appartenant à la voix masculine et les deux supérieures aux voix enfantine ou féminine (Morier1975, p. 1136).V. duo ex.Vx. Phonème qui entraîne la vibration des cordes vocales. Synon. voyelle.Les grammairiens (...) commencent par dire que les voix représentées par les voyelles sont une espèce de sons, et que les articulations représentées par les consonnes sont une autre espèce de sons, comme s'il pouvait y avoir dans la nature une articulation sans voix, et une voix sans articulation (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 321). ♦ MÉD. Voix œsophagienne, sans larynx. ,,Voix sous-laryngée des opérés du larynx, obtenue après rééducation vocale, grâce à l'air accumulé dans l'œsophage`` (Méd. Biol. t. 3 1972). 2. a) [La voix caractéristique de la pers.] Voix jeune; aimer, reconnaître une voix. Parmi les nombreux moyens que Talma avait de captiver son auditoire sa voix était sans contredit l'un des plus puissants (Delécluze, Journal, 1826, p. 350).V. or1ex. 11, sirène ex. ♦ MYTH. La déesse aux cent voix. La déesse aux cent voix bruyantes A du séjour sacré des âmes innocentes Percé les ténébreux chemins (Chénier, Odes, 1794, p. 254). ♦ Les voix chères qui se sont tues. [P. allus. à Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 64] Est-il possible (...) [dans le souvenir], de restituer non pas simplement le timbre des voix, « l'inflexion des voix chères qui se sont tues », mais encore la résonance de toutes les chambres de la maison sonore? (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 68). − En partic. [La voix enregistrée, reproduite, transmise par les moyens techn.] La voix d'un présentateur; ne pas reconnaître une voix au téléphone. On a l'illusion d'être l'un contre l'autre et brusquement on met des caves, des égouts, toute une ville entre soi... Tu te souviens d'Yvonne qui se demandait comment la voix peut passer à travers les tortillons du fil. J'ai le fil autour de mon cou. J'ai ta voix autour de mon cou (Cocteau, La Voix hum., 1983 [1930], p. 61).Le poste grésilla. La voix du speaker s'éleva, mêlée à la rumeur de l'orchestre d'un poste voisin (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 142). b) [La voix caractérisée d'après le volume, le timbre, le mode d'articulation] On s'assit autour d'elle, et aussitôt, d'une voix fraîche et pénétrante, légèrement voilée, comme celles des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d'amour (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 595): La voix de Chantal le cloua au seuil, stupéfait. Jusqu'alors il n'avait connu que le rythme familier de cette voix, sa cadence, mais soudain il en découvrait l'accent, le timbre, on ne sait quoi qui n'était qu'imperceptible dans la conversation ordinaire.
Bernanos, Joie, 1929, p. 658. ♦ Voix blanche. Voix sans timbre, inexpressive ou sans résonance. Vanessa se tourna vers moi. Sa voix blanche et sans timbre était comme le murmure passionné de cette pénombre (Gracq, Syrtes, 1951, p. 110).Bonne voix. Voix forte et bien timbrée. Tout à coup, dans la maison, il y a cette voix inconnue, cette plainte grêle et déjà vigoureuse. « Il a bonne voix, dit la mère Bailleul. C'est un beau gars » (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 228).Voix chaude. Voix au timbre riche, expressive et vivante. Sa voix n'était pas moins transformée que le reste: une voix d'homme, chaude et grave, bien timbrée (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 694). ♦ Voix grasse*. Grosse voix. V. gros1II B 2.Voix claironnante*. Voix rauque*. SYNT. Voix aiguë, basse, faible, fluette, forte, grave, grêle, imperceptible, profonde; voix argentine, chantante, claire, flûtée, harmonieuse, mélodieuse, musicale, suave, bien timbrée, vibrante; voix métallique, monotone, perçante, pointue, sèche, stridente, traînante, vulgaire, zézayante. − Voix de + subst. (qualifiant, p. métaph., la voix parlée ou chantée).Voix de cristal, de source; voix de clairon. Kobus (...) ne l'entendit pas chanter de sa jolie voix de fauvette, en lavant la vaisselle (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 59).V. airain ex. 17.Voix de crécelle*. Voix de polichinelle*. Voix de rogomme* Voix de rossignol*. Voix de stentor*. Voix de violoncelle*. ♦ Voix de sirène. Voie mélodieuse. Il chantait à voix de sirène et interrompait de temps à autre ces incantations pour m'adresser, si j'ose dire, des préceptes qui allaient de la civilité à l'éthique (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 169).Au fig. Parole au charme irrésistible et trompeur. Son talent, les qualités et les défauts de ce talent lui servent pour voiler ses vrais desseins; c'est la voix de sirène qui abuse le passant (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p. 80). − Changer de voix. Prendre un autre ton de voix. Comme si elle lui pardonnait sa précédente attitude, elle changea de voix pour prononcer: − Je suppose qu'à présent vous désirez voir notre chère malade (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 112). − Enfler sa voix, forcer la voix. Augmenter l'intensité sonore de sa voix, lui donner plus de force qu'elle n'en a naturellement dans la parole ou le chant. Il avait forcé la voix pour arriver au bout de sa tirade. Il s'arrêta, plié en deux par une quinte (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 899). c) [La voix caractérisée par les états physiques ou moraux de la pers.] − [États physiques] Voie éraillée, enrhumée, enrouée, essoufflée, fatiguée; voix avinée, pâteuse; voix qui s'altère, se brise, se casse, s'étrangle, traîne, tremble; rééducation, vieillissement de la voix. Il chantait en accompagnant son violon: « Ah... ah... ah... » sans paroles, d'une pauvre vieille voix brisée. À cette voix usée, chevrotante, le cœur d'Anthime se fondit (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 285).Voix cassée*. Voix caverneuse*. Voix chevrotante*. Voix eunuchoïde*. ♦ Casser* la voix. Se casser la voix. Altérer sa voix par une fatigue excessive. Tu m'as même raconté que tu t'étais cassé la voix à force de crier après tes drôles de pensionnaires (L. de Vilmorin, Lit à col., 1941, p. 28). − [États moraux] Voix affectueuse, aimable, amusée, attendrie, caressante, cordiale, gaie, joyeuse, rieuse, songeuse, tendre; voix autoritaire, bourrue, courroucée, étranglée, furieuse, glapissante, gouailleuse, impérieuse, indignée, ironique, irritée, mordante, sévère, solennelle, terrible, timide, tonitruante; voix calme, changée, déchirante, défaillante, désespérée, ferme, frémissante, inquiète, plaintive, résolue, sûre, tranquille, tremblante. Elle était pâle comme la mort; sa voix altérée sortait avec peine, et sa gorge se contractait (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 235).− Tu as de la peine, mon Philippe. Une voix déchirée, naïve, chancelante, une voix d'enfant malheureux répondit, un petit moment plus tard: − Oui, papa (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 278).Voix brisée*. ♦ Avoir des larmes dans la voix. Avoir la voix altérée par le chagrin. V. larme I B ex. de Champfleury. 3. Aptitude à émettre des sons modulés, à chanter; ensemble des sons émis. Voix cultivée, inculte. Par des vocalises chantées sur toutes les voyelles les voix sont affermies, « posées », assouplies, développées (Enseign. mus., 1, 1950, p. 16).V. chant1ex. 9, haut1ex. 13, musique ex. 4.P. métaph. V. musique ex. 1.Voix étoffée. V. étoffé II C 1.Voix fausse. V. faux1I A 2 c.Voix juste. V. juste I B 2 b α. ♦ Voix sombre, sombrée. Voix couverte que l'on peut prendre volontairement pour certains effets. Boris Christoff, et de très nombreux chanteurs contemporains [sont] séduits par les avantages phonogéniques d'une voix sombrée, celle-ci étant nettement plus favorisée par le disque que la voix claire (R. Mancini, L'Art du chant, 1969, p. 52).Il existe, en principe, un rapport entre le timbre, la tessiture et l'intensité: voix claire de tessiture aiguë d'une part, voix sombre de tessiture grave (R. Mancini, L'Art du chant, 1969, p. 51). a) Expr. et loc. ♦ Chanteur, chanteuse à voix. Chanteur, chanteuse à la voix naturellement belle et forte. Le reste de la troupe s'amena sur le coup de la deuxième tournée, également offerte par Jacques qui fit alors connaissance (...) d'une chanteuse à voix (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 131). ♦ Mise de voix. V. mise I C 1 b.Port de voix. V. port2B 2.Portement de voix. V. portement A 2.Pose de la voix. V. pose1I B 3.Assouplir la/sa voix. V. haut1ex. 13. ♦ Éclaircir sa voix, s'éclaircir la voix. Rendre sa voix plus distincte, mieux timbrée. On aurait dit qu'il allait tousser un bon coup pour s'éclaircir la voix, comme jadis, avant de pousser sa romance (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1432).V. éclaircir I A 1 b ex. de France. ♦ Placer la/sa voix. V. placer1A 2 a.Poser la/sa voix. V. poser I C 1 b. ♦ Travailler sa voix. Assouplir sa voix par des exercices, des vocalises. Écoute, cette chanson te va comme un gant (...)! Au lieu de somnoler sur ce lit, tu travaillerais ta voix que ça n'en serait pas plus mal, je t'assure (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 138). ♦ Avoir de la voix. Avoir une voix naturellement belle et forte. Maggy Teyte (...) a beaucoup moins de voix que Garden, elle disparaît un peu par moments (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 377). ♦ (Être) en voix. (Être) en mesure de bien chanter. Un chanteur fort en voix (Berlioz, À travers chants, 1862, p. 91). b) CHANT, MUS.
α) Étendue des notes que peut donner la voix d'un chanteur, d'une cantatrice. La voix [de Nathalie Stutzmann] est exceptionnelle: rare, même dans cette tessiture de contralto si recherchée depuis l'engouement pour le baroque (L'Est Républicain, 20 déc. 1989, p. 13, col. 5).V. basse1ex. 11, baryton ex. 1, contralto ex. 1 et 2, soprano B ex. de Lautréamont.Voix de fausset. V. fausset1.Voix de gorge. V. gorge I B 2 b β.Voix de médium. V. médium I A 2 a.Voix mixte. V. mixte I A 2.Voix de poitrine. V. poitrine I C 2. ♦ Voix de tête. Portion aiguë du registre de la voix dont le timbre est mélodieux. Et comme les chanteurs parvenus à la note la plus haute qu'ils puissent donner continuent en voix de tête, piano, il se contenta de murmurer (Proust, Swann, 1913, p. 254). ♦ Voix dans le masque. V. masque I B 5.Tessiture* des voix. Registre des voix. V. registre B 1 c. − P. méton. Chanteur, cantatrice particulièrement doué(e) pour le chant. Une grande voix de l'opéra. La qualité d'une interprétation qui réunissait les meilleures voix de l'époque (Dumesnil, Hist. théâtr. lyr., 1953, p. 128).
β) Chacune des parties d'une composition polyphonique vocale chantée par une personne ou par un seul registre de voix. Synon. partie.La première, la deuxième voix; voix principale; chanter à deux, trois voix. Pour mieux faire comprendre la composition d'une messe de la Renaissance (...), nous choisissons la messe à cinq voix Veni sponsa Christi, de Jean Leleu (Potiron, Mus. église, 1945, p. 62). ♦ Voix seule. Partie vocale qui n'est pas mêlée à d'autres, qui chante quand les autres se taisent. On achevait la soirée par un morceau de chant. Il va sans dire pour voix seule et pour voix de femme (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 129). − Loc. adj. [En parlant d'un ensemble vocal] À voix égales. Composé de voix de même étendue, soit voix masculines, soit voix féminines, soit voix féminines et enfantines. Les conditions d'équilibre sont particulièrement difficiles à réaliser lorsqu'on écrit pour voix dites « égales », soit par exemple deux ténors et deux basses (Potiron, Mus. église, 1945, p. 44).À voix mixtes. Composé à la fois de voix masculines et de voix féminines (et enfantines). Chœurs à voix égales ou à voix mixtes (Enseign. mus.,1, 1950, p. 18).
γ) Chacune des parties d'un morceau de musique formant un thème, une mélodie. Fugue (de Bach) à deux, à trois voix. Ces concours (...) comportent deux séries d'épreuves: Première série. 1 Deux dictées musicales, l'une à une voix, l'autre à deux ou trois voix (Enseign. mus.,1, 1950, p. 18).Équilibre du contrepoint et de l'harmonie dans la fugue: Fugue en ut dièse mineur, clav. bien tempéré, livre I; Invention à 3 voix en fa mineur (O. Alain, L'Harmonie, 1969, p. 77). 4. [La voix, agent de la parole, du lang.] a) [En tant que moyen d'expr.] Parole, discours prononcé par une personne. Écouter la voix de qqn; encourager, animer de la voix; de la voix et du geste. L'élément naturel qui sert de base, de modèle à Montaigne, est toujours la parole, la voix haute et non pas la pensée intime en formation (Larbaud, Vice impuni, 1941, p. 249). − Entendre une/des voix. Entendre parler des personnes que l'on ne voit pas. Entendre une voix derrière la porte. Eurydice (...): j'avais cru entendre des voix!... Personne! (Crémieux, Orphée, 1858, ii, 4, p. 65).Parfois aussi, par une porte ouverte, on entendait une voix criarde appeler un enfant (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 127). ♦ PATHOL. Entendre des voix. Avoir des hallucinations auditives. [Le père Rouault] n'y voyait plus, il entendait des voix autour de lui, il se sentait devenir fou (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 192).Vous entendez des voix, eh bien! Est-ce que ce sont des voix comme la mienne? − Non, monsieur. − Bon, il a des hallucinations auditives (Breton, Nadja, 1928, p. 129). ♦ RELIG. Avoir une communication mystique auditive. [Jeanne] a des apparitions, elle entend des voix; mais « monsieur Saint-Michel » et « madame Sainte-Marguerite » lui parlent un langage très clair (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 147).Plais. Elle joignit les mains: « Mon Dieu, mon Dieu... pardonnez-moi. » Un client qui entrait, rigola. « Renée, vous entendez des voix! » (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 137). − P. méton. Personne qui parle dont on ne précise pas l'identité. Au même instant, à quelques pas, une voix avertit: − Attention, les v'là! (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 208). ♦ HIST. RELIG. Les voix de Jeanne d'Arc. Saints qui dictaient à Jeanne sa mission et qu'elle était seule à entendre. Quand on veut qu'elle continue à guerroyer, elle n'y consent qu'avec répugnance − car ses « voix » ne lui ont rien ordonné de plus que de faire sacrer le roi (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 148).P. anal. Qui est poète doit confesser la poésie, avouer son travail, parler de versification, − et non s'attribuer des voix mystérieuses (Valéry, Mauv. pens., 1942, p. 196). − Expr. et loc. ♦ Donneur de voix. [P. anal. avec donneur de sang] Personne qui enregistre bénévolement un texte pour les mal-voyants. Tous [les retraités] veulent se sentir utiles pour ne pas être exclus de la société. L'un d'eux cite l'exemple d'un retraité « donneur de voix » qui enregistre sur cassettes des livres pour aveugles (Le Point, 13 juin 1977, p. 111, col. 3). ♦ CIN., TÉLÉV. Voix dans le champ, voix hors champ. ,,Voix d'une personne présente ou absente à l'écran`` (franterm Néol. 1984). Rem. Terme recommandé à la place des anglicismes voix in et voix off. V. off ex. 1. ♦ Couvrir, étouffer la voix. Étouffer les sons de la voix en faisant du bruit, en parlant plus fort. Deux personnes qui disputent cherchent mutuellement à se couvrir la voix (Montherl., Songe, 1922, p. 48).P. métaph. Cette manie de fraude est un résultat inévitable (...) du vice de population excessive, dénoncé avec raison par M. Malthus. On a étouffé sa voix comme on étouffe toute vérité (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 6). ♦ Élever la voix (au propre et au fig.). V. élever1II A 1 et B 1.Hausser la voix. V. hausser II B 1 b α.Lever la voix. V. lever1I A 2.Pousser la voix. V. pousser III A. ♦ Au fig. Donner une voix à qqn. Se faire l'interprète de. [Les socialistes] ont donné une voix à cet appel angoissé venu des médiocres que nous sommes, qui se comptent par millions, qui font la matière même de l'histoire, et dont il faudra un jour tenir compte (Camus, Actuelles I, 1948, p. 151).Vieilli. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Prêter la voix à qqn, parler par la voix de qqn. S'exprimer, être exprimé par l'intermédiaire de (quelqu'un, quelque chose). C'est la vérité, c'est bien elle qui parle par la voix d'Hélène (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 143). ♦ Faire la grosse voix. V. gros1II B 2.Prendre une grosse voix, grossir sa voix. Prendre une voix grave et forte pour effrayer quelqu'un, gronder un enfant. S'il grossit la voix, ils [les élèves] ricanent (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1217).Il faut que je vous gronde. Vous ne m'en croyez pas capable? Attendez que je prenne ma grosse voix (Arland, Ordre, 1929, p. 185). ♦ [Le suj. désigne un personnage de théâtre] Prendre voix. Être incarné, interprété. Les personnages de Don Sanche et de l'Infante n'étaient plus réduits au rôle de rouage ou de surcharge inutile. Ils prenaient corps, ils prenaient voix, et ces voix répondaient au duo des amants (Serrière, T.N.P., 1959, p. 153). ♦ Donner de la voix. Parler fort, se faire entendre. La foule passionnée donnait de la voix, et les pelotes bondissaient, quand commença de tinter doucement l'angélus (Loti, Ramuntcho, 1897, p. 161). ♦ MAR. Saluer de la voix, à la voix. ,,Effectuer le salut qui consiste en un ou plusieurs cris`` (Bonn.-Paris 1859). ♦ À portée de voix, loc. adv. À une distance telle qu'on peut encore se faire entendre. V. portée ex. 3.MAR. Être à (une) portée de voix (d'un bâtiment, d'un lieu), être à la portée de la voix. Pouvoir se faire entendre avec un porte-voix. La manière dont les deux frégates ont toujours navigué à la portée de la voix, aura rendu commun à toutes deux le même écueil (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. lxii).Le Grand-Saint-Antoine qui passe à une portée de voix de Cagliari, en Sardaigne, n'y dépose point la peste (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 21). ♦ De vive voix. En parlant directement à l'intéressé, oralement. La Marquise: J'y ai répondu de vive voix, mais non pas par écrit (Musset, Lorenzaccio, 1834, ii, 3, p. 137).[Il] n'avait de cesse qu'il se fût expliqué de vive voix avec des employés qui se moquaient de lui, pour avoir pris au mot les ultimatums de l'imprimé (Montherl., Célibataires, 1934, p. 827). − À voix + adj. antéposé ou postposé et avec des verbes signifiant « dire », « parler ».À voix basse. Sans élever le ton. Un soir, j'entendis mon père et ma mère qui se disaient à voix basse: − Mon ami, Mélanie baisse de jour en jour (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 192).V. parole ex. 10.À voix haute, à haute voix, à haute et intelligible voix. V. haut1I C 1.À demi-voix*. À mi-voix*. À pleine voix. V. plein I E 1 g. b) Parole directe ou rapportée exprimant un avertissement, un avis, un ordre. Voix d'outre-tombe; écouter la voix de sa mère, d'un ami; être sourd à la voix de qqn. Une troupe disciplinée, obéissant avec précision à la voix d'un seul chef (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 285). − P. méton. Personne dont la pensée, l'œuvre marque son époque. Chateaubriand et Byron: ces deux grandes voix du siècle se sont fait entendre à peu de distance criant vers Dieu; l'une pour implorer secours, l'autre pour le blasphémer et le maudire (Chênedollé, Journal, 1833, p. 157).L'école d'Augsbourg qui n'entendra plus, avec Christophe Amberger, qu'un écho presque éteint, bien que pur, de la grande voix d'Holbein (Faure, Hist. art, 1914, p. 520). − [P. allus. à Luc III, 4: La voix qui crie/qui clame dans le désert, paroles par lesquelles Isaïe désigne Jean-Baptiste dans son rôle de Précurseur] Personne qui parle, avertit sans parvenir à se faire entendre. Nos exigences, nos demandes, n'ont été qu'une voix clamant dans le désert (Déclar. univ. Dr. Homme, 1949, p. 12). B. − P. anal. 1. Son produit chez les animaux par l'appareil buccal ou un autre organe. Voix de la colombe, du coq, des oiseaux, d'un perroquet, du rossignol. Des petites voix claires et aiguës de cigales pâmées de chaleur (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 686).Attendez un peu voir, me dit Françoise indignée de mon ignorance, si les lapins ne crient pas autant comme les poulets. Ils ont même la voix bien plus forte (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 484).V. miauler ex. 2. − CHASSE. Voix des chiens. Aboiement du chien courant, caractéristique de sa race, sur la piste ou en vue du gibier. Ce n'est plus, pour les chasseurs, qu'une attente plus ou moins longue (...) mais dans laquelle la voix des chiens marquera infailliblement les péripéties de la chasse (Vidron, Chasse, 1945, p. 106).Donner de la voix. [Le suj. désigne un chien] Aboyer. Miraut ne donnait pas de la voix, de ces coups de gueule prolongés et réguliers qui retentissaient quand il suivait sa piste (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 36). − PATHOL. Voix rabique. Aboiement caractéristique du chien atteint de la rage. Le second chien mange encore le trente-septième jour après l'inoculation (...) le trente-neuvième, il a la voix rabique; le lendemain on le trouve mort (Pasteurds Travaux, 1895, p. 386). 2. Son qui résulte de la vibration de l'air, d'un corps sonore. a) [À propos d'un élément naturel] Voix de l'océan, de la rivière, d'une source, de la tempête, du tonnerre, de l'univers, des vagues. Accents tendres ou terribles surpris dans la voix de la mer, de la forêt, du fleuve et du vent (Milosz, Amour. init., 1910, p. 166).La fontaine fit entendre sa voix, mince comme le fil d'eau tombant dans le bassin (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 17). b) [À propos d'un instrument de mus. dont le son rappelle la voix hum.] Voix du cor, des orgues, des trompettes, du violon, du violoncelle. Depuis que la nièce du curé s'était mariée, les paroissiens n'entendaient plus la voix de l'harmonium qu'un dimanche sur cinq (Aymé, Jument, 1933, p. 119). − MUS. (orgue) ♦ Voix humaine. Jeu d'anche qui sert à imiter la voix humaine. Synon. régale.Quant aux tuyaux de la voix humaine, ils ne possèdent qu'un corps très réduit, muni à son extrémité d'un petit couvercle qui permet de régler à volonté l'intensité du son (N. Dufourcq, L'Orgue, 1970, p. 19). ♦ Voix angélique. Jeu d'orgue situé à une octave au-dessus de la voix humaine. Les jeux discordés (voix céleste, voix angélique) ou les trémolos le font personnellement vomir [l'auteur] (Bouasse, Acoust. gén., 1926, p. viii). ♦ Voix céleste. ,,Jeux d'orgues à bouche de la famille des jeux de gambe, où un léger effet de tremblement ou de vibrato est obtenu en accordant légèrement plus haut ou plus bas que les autres gambes, un battement acoustique entre les sons produits par les deux tuyaux correspondants`` (Brenet Mus. 1926). La voix humaine quitte le grand orgue, pour émigrer au récit expressif, où elle chante avec une sensibilité renouvelée. Sur le terrain de l'émotion facile, elle rencontre ici la voix céleste aux effets mystiques (N. Dufourcq, L'Orgue, 1970, p. 55). c) [À propos d'un objet] Voix du canon; voix d'une horloge, d'un haut-parleur. Cependant que la cloche éveille sa voix claire À l'air pur et limpide et profond du matin (Mallarmé, Poés., 1898, p. 36).Ah! le téléphone, sa voix tremblante et impérieuse (Arnoux, Double chance, 1958, p. 169). − TECHNOL., vx. Son que rendent les pièces de monnaie jetées sur le tas et d'après lequel on les apprécie. (Dict. xixeet xxes.). II. − Au fig. A. − Ce qui exprime un message. 1. Gén. au sing. Pensée, sentiment d'une collectivité exprimé(e) avec clarté par sa parole ou par d'autres moyens d'expression. La voix des malheureux, d'un peuple. La voix du peuple était pour eux [les théoriciens de la souveraineté] la voix divine, infaillible, et à ce titre omnipotente (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 191).Il n'est pas question de faire quelque chose pour les ouvriers. Mais avec eux. Mais à leur service. D'être une voix parmi leurs voix (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 235). ♦ Vieilli. La voix publique. L'avis de tous, le sentiment général. Presque jamais on ne parlait de mon oncle dans la maison. Moi je ne le connaissais pas du tout. Je savais seulement par la voix publique qu'il avait mené et menait encore une vie de polichinelle (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 65).La voix, les voix de la renommée. Synon. de voix publique.Toutes les voix de la renommée doivent se réunir pour vanter ce monument (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 463). ♦ La voix de la presse. L'ensemble des publications périodiques, des journaux. Voilà ce que, par la voix de la presse, MM. Labro et Béghin (...) ont tenu à porter à la connaissance du public (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 1). − [P. méton.] Elle vous a dit de ne pas la regarder. Monseigneur la Rosette, vous pouvez être sourd à la voix de l'innocence persécutée mais il ne vous est pas permis de refuser d'entendre votre roi (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p. 165). − Loc. adj. ou adv. (Être) sans voix. [En parlant d'un peuple, d'une collectivité] (Être) sans possibilité de se faire entendre, de s'exprimer. Pendant de nombreuses générations, avait déclaré le Président Soekarno, nos peuples ont été sans voix dans le monde. Nous avons été ceux auxquels aucune attention n'était accordée, ceux dont le sort était décidé par d'autres selon leurs intérêts (Univers écon. et soc.,1960, p. 64-9).Empl. subst. Quand il est parfaitement abouti comme celui-ci, le roman historique ressemble à une réparation. C'est la parole donnée après coup aux sans-voix (Le Point,23 févr. 1976, p. 83, col. 3). − Vieilli. Tout d'une voix. Ensemble, unanimement. « Oui, oui », crièrent-ils avec acclamation et tout d'une voix: « Vive le roi, la reine et monseigneur de Bourgogne! » (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 292). − Proverbe, au fig., vieilli. La voix du peuple est la voix de Dieu (lat. vox populi vox dei). Le sentiment général a valeur de vérité. Une ovation flatteuse s'était élevée parmi les curieux quand on avait découvert le tableau. Aussi Marcel se retourna-t-il ravi de ce triomphe, et murmura: La voix du peuple, c'est la voix de Dieu (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 187). 2. Voix + adj., voix de + subst.[Le compl. désigne une valeur] a) Appel intérieur ressenti par la conscience et qui pousse à l'action ou en détourne. Voix de la conscience, de l'honneur; voix du cœur, de la nature, d'une passion, de la sagesse; écouter la voix de, obéir à la voix de; devenir sourd à la voix de l'amitié. C'est bien là mon devoir, je le sens clairement, tout m'avertit que je devrais suivre cette voix intérieure qui ne nous trompe pas, et qui me crie sans cesse: − Pars (Krüdener, Valérie, 1803, p. 59).Lorsque s'élève dans l'âme la voix puissante de l'Amour, ce n'est pas une force seulement, mais toutes les forces de l'âme et du corps qui s'éveillent et s'agitent (Béguin, Âme romant., 1939, p. 119).V. commandement ex. 6. ♦ La voix de (Dieu). Majesté divine qui s'exprime par les éléments, la nature; parole qui s'exprime par l'écriture sainte et dans la conscience humaine. Voix du Très-haut, du Tout-puissant. « (...) Ô Maxence, il n'est pas de bornes à ta liberté que mon amour. » Et le soldat, descendant en lui-même, écoute la voix du Seigneur dans le désert (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 202).V. croire ex. 7, lamartinien ex., mettre ex. 7.[Dans un cont. métaph.] Tous les convertis reconnaissent qu'à partir du moment où ils ont prêté l'oreille à la voix de Dieu... ils ont été éclairés sur ce qu'ils étaient, sur ce qu'ils auraient dû être, sur ce qu'ils pouvaient devenir (Philos., Relig., 1957, p. 34-1). ♦ La voix de la raison. V. entendre I B 2 a β.La voix du sang. V. sang II A 2 b. b) Ce que semble exprimer un inanimé dans la conscience, l'intelligence humaine. La voix du temps. Si l'homme a sa voix, si la nature a la sienne, les événements ont aussi la leur. L'auteur a toujours pensé que la mission du poète était de fondre dans un même groupe de chants cette triple parole (Hugo,
Œuvres poét., t. 1, Voix intérieures, préf., Paris, Gallimard, 1964 [1837], p. 919).C'était la voix du passé, de l'oubli et de la solitude, certes; mais c'était une voix encore (Milosz, Amour. init., 1910, p. 20). ♦ Les voix du silence. C'est comme ces voix du silence que nous entendons pour les suivre dans leur ronde interminable quand nous n'écoutons qu'en nous et que nos sentiments et nos idées s'enchevêtrent confusément dans la volupté somnolente d'une conscience fermée aux impressions du monde (Faure, Hist. art, 1912, p. 262).« L'œil écoute » a dit Claudel (...). Qu'écoute-t-il? « Les voix du silence » a répondu Malraux, soulignant qu'il s'agit d'un sens caché, qui n'est pas là où l'on se prépare à entendre (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 72). B. − Jugement, opinion. 1. Droit d'exprimer son opinion au cours d'une délibération, dans un scrutin. Constituer Danton président du Conseil exécutif, avec voix délibérative et voix prépondérante dans les cas d'équilibre, serait à mes yeux le moyen le plus prompt et le plus efficace de faire marcher la machine (Marat, Pamphlets, Aux bons Fr., 1792, p. 323).Voix consultative*. Voix délibérative*. ♦ Vieilli. Voix active. Pouvoir d'élire. (Dict. xixes.). Voix passive. Capacité d'être élu (Dict. xixes.). ♦ Avoir voix au chapitre. V. chapitre2. 2. Expression de l'opinion, lors d'un vote, d'une élection, qui est comptabilisée et entraîne une décision ultérieure; vote émis. Synon. suffrage.Donner sa voix à un candidat, à un parti. Il y avait très grand risque [que] (...) toute une partie des voix radicales fît bloc au second tour avec les faubourgs de la préfecture, les ouvriers des fabriques, et que de tout ça sortît un socialiste. Ce serait du joli. Il fallait donc à tout prix rattraper les voix de droite (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 209). ♦ Mettre aux voix. V. mettre 1reSection III B 1 c.Promettre sa voix. V. promettre A 1. − [Précédé d'un chiffre] Les conservateurs avaient environ 10 à 15 voix de majorité (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 140).Au début de 1957, le Parlement français émet un vote favorable à la réalisation du projet (le vote est acquis à l'Assemblée nationale le 24 janvier par 544 voix contre 32 (...)) (Meynaud, Groupes-pression en Fr., 1958, p. 236). − P. méton. Électeur. Compter ses voix avant une élection. V. chasser1ex. 6. SYNT. Voix communistes, écologistes, socialistes; voix prépondérante du président; écart, égalité, majorité, partage, report, total des voix; avoir toutes les voix, n pour cent des voix; faire le plein, n'avoir qu'un petit nombre de voix; l'emporter de n voix; gagner, obtenir, recueillir des voix; vendre sa voix; aller aux voix. III. − LING., GRAMM. ,,Aspect du verbe défini par le rôle qu'on attribue au sujet suivant qu'il accomplit l'action (actif), qu'il la subit (passif), qu'il est intéressé d'une certaine manière (moyen)`` (Mar. Lex. 1951). Si l'on emploie la forme du prédicat dite « voix active », on dira le jardinier ouvre le portail du jardin; si l'on emploie la forme dite « voix passive », l'énoncé deviendra le portail du jardin est ouvert par le jardinier (Martinet1967, p. 127).On dit aussi que les verbes intransitifs sont à la voix active, mais cette notion n'est vraiment utile que lorsqu'on veut opposer l'actif et le passif (Grev.1986741, p. 1162). ♦ Voix active. V. actif ex. 40, 41, 42.Voix moyenne. V. moyen1I A 6 ex. de Guillaume.Voix passive. V. passif C 1 a ex. de Le Bidois.Voix pronominale. ,,Le verbe est à la voix pronominale quand son sujet est en même temps objet`` (D. D. L. 1976). ♦ [En gr.] Les trois voix des verbes grecs: voix active, passive, moyenne. Je n'entendis point les explications de M. Beaussier sur la voix moyenne qui ne répond pas au verbe purement réfléchi, comme on ne le croit que trop communément (A. France, Vie fleur, 1922, p. 387). ♦ [En lat.] Voix déponente. Catégorie de verbes ayant une valeur active mais dont les désinences sont celles du passif. À côté des deux voix caractérisées, active et passive, les verbes déponents (on dit souvent « la voix déponente ») constituent un groupe étrange (J. Collart, Gramm. du lat., 1966, p. 44). Prononc. et Orth.: [vwa]. Fouché Prononc. 1959, p. 62: ,,On peut encore prononcer un [ɑ] bref dans [...] voix``. Martinet-Walter 1973 [vwɑ], [vwa] (8, 9). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. De l'homme 1. fin xes. « ensemble de sons produits par le larynx quand les cordes vocales entrent en vibration sous l'effet d'une excitation nerveuse rythmique » las voz ici acc. plur. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 234); 2. ca 1100 « capacité de produire un ensemble de sons au moyen de l'appareil phonatoire; manière dont cet ensemble de sons est émis » s'escriet a sa voiz grand et halte (Roland, éd. J. Bédier, 2985); 1remoit. xiiies. sans vois (Audefroi le Batard, Chansons, éd. A. Cullmann, XIII, 14); 1631 voix de stentor, v. stentor étymol. 1; 3. a) 1370 « capacité de produire un ensemble de sons musicaux au moyen de l'appareil phonatoire » melodies de vois humaines et de sons faites par instrumenz (Nicole Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 61b, p. 220); b) 1690 « chanteur » (Fur.); 4. 1671 phonét. « phonèmes qui entraînent la vibration des cordes vocales et font partie des voyelles » (Molière, Bourgeois gentilhomme, II, 4, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 8, p. 85). B. D'inanimés ca 1100 « (d'instruments de musique, de phénomènes de la nature, de certains objets) bruit que l'on assimile à la voix humaine » les voiz [des greisles] en sunt mult cleres (Roland, 3304); 1610 voix humaine « un des jeux de l'orgue » (B. archéol. publ. par le Comité hist. des Arts et des Monuments, III, 220). C. Des animaux 1. ca 1200 « son produit par le larynx d'un animal » la douce voiz du louseignol sauvage (Chatelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, III, 1); 2. a) 1678 « aboiement d'un chien de chasse » (La Fontaine, Disc. à Mmede La Sablière, 69 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p. 464); b) 1758 donner de la voix « (d'un chien) aboyer » (Buffon, Hist. nat., t. 7, p. 80). II. A. 1. a) Ca 1100 « organe du langage humain servant à l'expression de la pensée, des sentiments... » ici « manière dont cet organe est employé » A halte voiz s'escrie (Roland, 3641); déb. xvies. de vive voix (D'Aubigné, Les Tragiques, Aux lecteurs, éd. A. Weber, p. 3); b) ca 1200 « langage » (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke et P. Rasch, 1726: A voiz paiene s'est li quens escriëz); 1ertiers xiiies. « mot, parole » (Reclus de Molliens, Charité, éd. Van Hamel, XXVIII, 4); c) 1538 Eslever la voix (Est.); en partic.
α) 1691 elever sa [la] voix pour « embrasser hautement les intérêts de quelqu'un, quelque chose » (Racine, Athalie, III, 8, 1204);
β) 1694 mar. saluer de la voix (Th. Corneille [1678, Guillet, 3epart., s.v. salut: La Reyne [...] ne voulut estre salüée que de quelques cris de l'Equippage]); 2. ca 1170 « conseils, avertissements, ordre ou appel exprimés par quelqu'un » (Rois, éd. E. R. Curtius, Tierz Livres, XX, 36, p. 165); 3. déb. xvies. « personne qui parle » la voix qui console (D'Aubigné, op. cit., p. 585). B. 1. Av. 1266 « influence, autorité ou crédit d'une collectivité » ciaus qui n'ont vois ni respons en court (Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 96); 2. a) 1305 « bruit qui court » (Enq., A.N. J. 1030, pièce 28); cf. 1373 (ds Ordonnances des Rois de France, t. 5, p. 649); 1402 vois de... renommee (Christine de Pisan, Le Livre du Chemin de Long Estude, éd. R. Püschel, 982-983); 1553 La voix de la renommée (La Bible, s.l. impr. J. Gérard, Jér., 10, 22); b) 1664 la voix publique « la rumeur générale » (Corneille, Othon, V, 3, 1657); 3. 1636 la voix de la raison (Id., Cinna, II, 1, 510). III. A. 1. 1erquart xiiies. avoir vois de « avoir le droit de » (Reclus de Molliens, Miserere, éd. Van Hamel, L, 10); en partic. 1636 « droit d'exprimer son opinion dans une assemblée ou un scrutin » (Monet); 2. 1558 avoir... voix en chapitre « être admis à donner son avis » (B. Des Périers, Nouv. récréations et joyeux devis, éd. K. Kasprzyk, Nouvelle III, p. 25); en partic. 1893 avoir voix au chapitre « avoir voix délibérative dans un chapitre de moines » (DG); 3. 1636 voix active, voix passive (Monet); 4. 1690 voix deliberative (Fur.). B. 1. 1538 « opinion exprimée dans un vote » (Est., s.v. vox); 2. a) 1625 tout d'une voix « d'un consentement unanime » (Voiture, Lettre à Mrde Balzac ds
Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 24); b) 1638 id. « à l'unanimité des suffrages » la chose passa tout d'une voix (Abl.[ancourt], Ret. ds Rich. 1680); 3. a) 1640 n'avoir qu'une voix « être unaniment d'accord » (Corneille, Horace, III, 2, 789); b) 1696 avoir la voix de qqn « avoir son consentement » il a la voix et l'approbation du peuple (E. de Coulanges, Lettre, 19 mars ds Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 1151); 4. 1656 donner sa voix à qqc. « y consentir » (Molière, Amphitryon, I, 2, 510); 5. 1734 vendre sa voix (Voltaire, Lettres philosophiques, p. 88); 6. 1834 mettre aux voix l'élection (Musset, Lorenzaccio, V, 1, p. 251); 7. 1835 aller aux voix (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 232). IV. Gramm. 1753 « forme que prend le verbe, suivant que l'action est faite ou subie par le sujet » voix active, voix passive, voix moyenne (Encyclop. t. 3, s.v. conjugaison); 1962 voix pronominale (J. Stefanini, La Voix pronominale en a. et m. fr. [titre], Aix-en-Provence). Du lat. class. vōcem, acc. de vōx « voix, son de la voix, accent, son, ton, mot, vocable »; au plur. « paroles, propos ». Fréq. abs. littér.: 36 623. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 43 315, b) 55 339; xxes.: a) 58 777, b) 53 791. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 202. − De Gorog (R.). L'Étymol. et la form. des mots désignant « bruit » en fr. médiév. R. Ling. rom. 1977, t. 41, pp. 376-377. − Pottier Ling. gén. 1974,45, 114 à 128, p. 333; Les Voix du fr.: sém. et synt. Cah. Lexicol. 1978, t. 33, pp. 3-39. − Quem. DDL t. 3, 12, 14, 15, 16. |