| VOISINAGE, subst. masc. A. − Fait d'être voisin. 1. [Dans l'espace] a) Situation d'une personne qui habite près de quelqu'un, est à faible distance de quelqu'un. Synon. proximité.Voisinage des grands, d'une jolie fille, de deux amis; être dans le voisinage de qqn. Le voisinage de cette brute était pour Clotilde un intolérable supplice (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 41).Les personnes dont François redoutait le plus le voisinage à table étaient les garçons de son âge, fades jeunes gens du monde, dont il se croyait méprisé (Radiguet, Bal, 1923, p. 95). − P. ext. Ensemble des rapports existant entre les personnes habitant à proximité les unes des autres; comportement des voisins. Synon. fréquentation.Voisinage agréable; paix d'un voisinage. L'abbé essayait de se réconcilier avec Aristide par toutes sortes de petits soins de voisinage (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 86).Grand'mère, qui redoute toujours un voisinage désagréable, demande: − Sait-on qui c'est? (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 58). ♦ Loc. De (bon) voisinage. Amitié, pratiques de bon voisinage. On les croyait mariés, et plus d'une fois leurs voisins leur firent des avances pour établir entre eux des relations de voisinage (Murger, Scènes vie jeun., 1851, p. 62).Quant à ses relations avec les Rance, elles étaient d'excellent voisinage (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 70). ♦ En partic. [Dans les relations internat.] Les membres de l'organisation reconnaissent (...) que leur politique doit être fondée (...) sur le principe général du bon voisinage dans le domaine social, économique et commercial (Charte Nations Unies, 1946, p. 92). ♦ DR. Trouble du voisinage. V. trouble2III D. ♦ SOCIOL. Unité de voisinage. ,,Unité collective susceptible de développer la participation à des actions quotidiennes communes: transport, école, magasins, services sociaux`` (Graw. 1981). De petits centres de quartiers seront établis dans les unités de voisinage pour les achats quotidiens (Gds ensembles habit., 1963, p. 33). b) Situation d'un lieu, d'un objet qui est à faible distance de quelqu'un ou d'une autre chose; situation de deux ou de plusieurs choses qui sont rapprochées. Synon. proximité.Voisinage de l'eau, des jardins, de la mer, d'une ville; étoile située au voisinage du soleil; redouter le voisinage d'une usine. C'était un château dans le voisinage d'une grande forêt très-favorable à la chasse (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 40).Les grands roseaux qui annonçaient le voisinage du fleuve (Green, Journal, 1934, p. 255). − Spécialement ♦ MÉD. Proximité d'une partie du corps. La plèvre s'enflamme (...) surtout par voisinage d'un organe lui-même fortement enflammé (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 110). ♦ SC., MATH. Proximité d'un repère. Les électrons se localisent habituellement au voisinage d'un point P situé sur l'axe de liaison (Daudel, Fond. chim. théor., 1956, p. 201).Propriétés insolites de la matière au voisinage du zéro absolu (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 232). − Au plur., littér. Choses qui sont rapprochées, rassemblées. [L'ironie de la nature] est (...) créatrice de formes saugrenues, de rapprochements imprévus, de voisinages cocasses: L'être le plus proche de l'homme raisonnable est le singe avec ses folies (Béguin, Âme romant., 1939, p. 112). − Au fig. Proximité. Chacun nourrit des pensées sourdes, dont il croit sentir le voisinage et l'approche (Alain, Propos, 1929, p. 849). 2. [Dans le temps] Caractère d'un fait, d'un événément rapproché ou relativement rapproché. Synon. approche, proximité.Voisinage de l'adolescence, de la quarantaine, de la mort; au voisinage du solstice. Il y a une dilatation de pensée propre au voisinage de la tombe; être près de la mort, cela fait voir vrai (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 358).Un jour, je relirai cette date: je penserai au bonheur que devait m'inspirer le voisinage de la Noël que j'aime tant (J. Bousquet, Trad. du sil., 1935, p. 32). B. − Ce qui est voisin. 1. Ensemble des voisins, de ceux qui habitent les lieux situés aux alentours. Synon. entourage.Voisinage amical, hostile; fréquenter le voisinage; ameuter, réjouir tout le voisinage; être aimé, apprécié, connu de tout le voisinage. Frank était détesté de tout le voisinage. Est-il ici quelqu'un qui soit de son village? Demandez si c'est vrai (Musset, Coupe, 1832, IV, 1, p. 306).Le matin, aux appels désespérés des Buteau, le voisinage accourut (Zola, Terre, 1887, p. 497). ♦ Maison sans voisinage. Maison qui est sans voisins immédiats. Une petite maison sans voisinage immédiat, dans un jardin ou dans un terrain vague (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 226). 2. Espace, lieu, région qui se trouve à faible distance du point considéré et qui est ou non habité. Synon. alentours, environs (v. environ), quartier (v. quartier1).Voisinage de quelques kilomètres; curé, habitant du voisinage; chercher une chambre, une location dans le voisinage; travailler dans le voisinage. Vers le soir, les commères du voisinage s'en vinrent pour contempler la défunte (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Miss Harriet, 1883, p. 878).J'avais, dans le voisinage, un tas de petites aventures; mais des aventures d'occasion, des amours de vingt minutes, sans lendemain (Martin du G., Confid. afric., 1931, p. 1117). − En partic. Région du corps située près d'un organe. Vaisseaux formant des plexus autour du cœur ou dans son voisinage (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 184).Je profitai de l'affluence pour me serrer contre Josette et lui explorer traîtreusement le voisinage des aisselles. Je dis bien le voisinage, car je n'osai prendre carrément l'objet en main (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 217). − MATH., TOPOL. On appelle voisinage d'un point tout ensemble contenant un ouvert contenant ce point. L'intersection et la réunion de deux voisinages sont des voisinages. Un ouvert possède la propriété suivante: quel que soit l'élément a de
ω, il existe un voisinage de a entièrement contenu dans
ω (War.1966, p. 409). Prononc. et Orth.: [vwazina:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1240 « ensemble des personnes voisines » parrage, connissance ne voisinage (Jehan de Tuim, Julius César, éd. F. Settegast, fol. 40b, p. 125); b) 1547 « lieux qui se trouvent à peu de distance de quelqu'un ou de quelque chose » le territoire et voisinage prochain (N. Du Fail, Propos rustiques, Epistre ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 4); 2. a) 1283 « état de proximité d'un lieu, d'une personne... par rapport à un autre lieu, à une autre personne... » par reson de voisinage et de nacion (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, Prol., 2, p. 2); en partic. 1575 « rapports qui existent entre des personnes habitant les unes à côté des autres » bon voisinage (7 avril, Lett. miss. de Henri IV, t. IV, p. 334 ds Gdf. Compl.); b) 1585 « état des choses qui présentent entre elles des analogies, des ressemblances » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 199); c) 1662 « proximité d'une chose dans le temps » (Bossuet, Oraison funèbre du Père Bourgoing ds Oraisons funèbres, éd. J. Truchet, p. 60). Dér. de voisin*; suff. -age*. L'a. et m. fr. connaissent visnage (1176-84 vignage, Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 391; 1remoit. xiiies. visnaige, Maître Elie, De Ovide de arte, éd. H. Kühne et E. Stengel, 325), formé avec changement de suff. d'apr. visné « voisinage » (ca 1130 visned, Lois Guillaume, éd. J. E. Matzke, 21,2, p. 19) d'un lat. pop. *vīcīnātus (dont le premier ī
n'a pas été dissimilé car tonique, contrairement au ī
de vīcīnus qui était atone) formé sur vīcīnus (voisin*). Fréq. abs. littér.: 1 454. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 491, b) 2 143: xxes.: a) 1 929, b) 1 748. |