| VOCIFÉRER, verbe Littéraire A. − Empl. intrans., vieilli. Parler d'une voix forte avec colère et emportement. Synon. crier, hurler.Je renonce aux vêpres où il doit y avoir un quatrième discours du doyen. Jeanne revient épouvantée. Cet âne furieux a vociféré trois quarts d'heure, se déchaînant de plus en plus (...), enfin se déclarant déterminé à parler jusqu'à extinction de voix (Bloy, Journal, 1903, p. 176). − Vociférer contre.Noircarmes, à Delrio: Accusé?... Delrio: A vociféré contre l'impôt du dixième denier! (Sardou, Patrie!1869, I, 1ertabl., 3, p. 21). − Rare. [Le suj. désigne un animal] Soudain à l'entrée de la courbe même qu'avait indiquée le marquis, les six chiens ensemble vociférèrent (Druon, Chute corps, 1950, p. 31). B. − Empl. trans. Prononcer, dire avec colère et en hurlant (un discours, des paroles). Vociférer des allusions, des injures, des ordres, des outrages. Des brutaux vociféraient des blasphèmes. Julien les reprenait avec douceur; et ils ripostaient par des injures (Flaub., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 128).Part. passé en empl. adj. L'huissière, très roublarde, ne se risquait pas à des injures directes. Elle interpellait les passants, les interrogeait, les consultait, les excitait à l'insolence par des allusions ou insinuations vociférées (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 252). − [P. méton. du compl. d'obj.] La messe, ainsi ingénûment et craintivement traitée, avait une autre tendresse, un autre accent d'adoration que celle qu'aurait vociférée, s'il avait été présent, le préchantre Ramondoux qui écrasait, de parti-pris, avec les mugissements de son marteau-pilon, les autres voix (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 231).Mais si tu préfères vociférer ta faiblesse tant mieux (...) Nous connaissons la musique, ô mon vipéreau! (H. Bazin, Mort pt cheval, 1949, p. 281). − [Dans le discours dir.] Un enthousiaste, pour exprimer sa joie, ayant vociféré: « Vive la République! » toute la troupe, comme prise de folie, beugla frénétiquement: « Vive la République! » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Souv., 1882, p. 171). ♦ En incise. Croquebol s'insurgea: − Eh! pas d'blague! Rigole pas avec le pognon! − Fiche-moi la paix, vociféra La Guillaumette, je ferai qu'est-ce qu'y me plaira d'faire! (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 127). − Vociférer que + complét.Des voix lui criaient de lire la liste tout entière; d'autres, quand il voulut la lire, se déchaînèrent, en vociférant que c'était une indignité (Zola, Paris, t. 2, 1897, p. 34).Gérard se fâcha, expliqua que ce jeune homme (...) était un juif américain, qu'il possédait une fortune immense (...). Paul vociféra qu'il refusait de connaître ce « juif infâme » (Cocteau, Enfants, 1929, p. 118). − Rare. [Le compl. d'obj. désigne la pers. contre laquelle on vocifère] Au passif. Nous fûmes aboyés, hurlés, vociférés, au passage de chaque barricade (Céline, Mort, 1936, p. 542). Prononc. et Orth.: [vɔsifeʀe], (il) vocifère [-fε:ʀ]. Martinet-Walter 1973 [-fε
ʀe] 6/17. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Fin xives. (Roques t. 2, no13460). Empr. au lat.vociferare « id. », comp. de vox, vocis « voix » et fere « porter ». Fréq. abs. littér.: 176. |