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VOCABLE, subst. masc.
A. − Élément du langage, considéré quant à sa signification et à son individualité lexicale. Vocable primaire, secondaire; vocable d'emprunt; vocable argotique, dialectal; vocable compliqué, inexact, technique; vocable emprunté à une autre langue; désigner sous un vocable; placer, ranger sous le même vocable. Je me délectais, aux repas, de récits à mots couverts, de ce langage, employé par les parents, où le vocable hermétique remplace le terme vulgaire, où la moue significative et le « hum! » théâtral appellent et soutiennent l'attention des enfants (Colette,Mais. Cl.,1922,p. 44).« (...) Je vous rejoindrai à votre hôtel. Okay? » Je réponds: « Okay. » O le plus international des vocables! (Maurois, Journal, 1946, p. 17).V. technique I D 1 ex. de B. Quemada.
[Désigne un nom propre] Nous étions pressés de donner un vocable à notre académie (...).Académie des Amis.Académie Molière (A. France, Vie fleur, 1922, p. 419).
Vocable (de).Dénomination (de), mot (de). Chacune des grandes nouvelles de Henry James équivaut au moins à ce que l'on publie chez nous sous le vocable de roman (Blanche, Modèles, 1928, p. 174).
[Introd. un nom propre, patronymique ou topon.] Ôter son nom à un être humain et social, c'est lui ôter quelque chose de sa personne. Mais je conviens que le vocable de Radégonde est rude (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 201).Si l'on regroupe les régions de Nice et de Marseille sous le vocable Côte d'Azur, on constate que Paris et la Côte d'Azur se partagent les préférences des touristes étrangers (Tour. Fr., 1960, p. 16).
STAT., LING. [P. oppos. à lexème (unité virtuelle composant le lexique) et à mot (toute occurrence réalisée en parole)] Actualisation d'une unité lexicale particulière dans le discours. La phrase réalisée Le petit garçon caresse le petit chat comporte sept mots, dont deux fois le vocable petit (Ling.1972).On a pu longtemps disserter sur le vocabulaire d'une langue, d'un auteur ou d'une œuvre sans jamais se poser cette question élémentaire: « Combien de mots différents (nous dirons plutôt: de vocables) contient-il? » (Ch. Muller, Lang. fr. et ling. quantitative, 1979, p. 229).V. occurrence2ex. de Lang. 1973.
B. − Loc., RELIG. CATH. [À propos d'une église, d'une chapelle] Sous le vocable de. Sous la protection, sous le patronage de. Un très vaste baptistère rond, converti en église sous le vocable de Sainte-Marie-Majeure (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. 101).La chapelle de l'Abbé X... est sous le vocable de saint Athanase et le presbytère est assez modeste (Green, Journal, 1945, p. 206).
P. métaph. C'est une cathédrale que l'œuvre de Rabelais, une cathédrale placée sous le vocable des humanités, de la pensée libre, de la tolérance (A. France, Vie littér., 1891, p. 29).
Prononc. et Orth.: [vɔkabl]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoit. xiiies. « appellation, dénomination » (Vie del ben. Justin, B.N. 818, fo302 vods Gdf. Compl.); b) fin xives. « mot » (ds Roques t. 2, no13458) − 1680, Rich., répertorié comme ,,vieux`` par Trév. 1721-1771; à nouv. 1842 (Ac. Compl.); 2. 1788 « appellation d'une église, du nom du saint auquel elle est dédiée » (Fér. Crit.). Empr. au lat.vocabulum, -i « mot », dér. de vocare « appeler », de vox, vocis « voix ». Fréq. abs. littér.: 162. Bbg. Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 183.