| VIVEMENT, adv. A. − D'une manière vive, ardente, prompte. Synon. rapidement.Se lever, se retourner vivement. Il se chaussa, décrocha son fusil toujours pendu à portée de sa main, et, comme sa femme se traînait à ses genoux et le suppliait, éperdue, il se dégagea vivement, courut à la fenêtre et sauta dans la cour (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Farce norm., 1882, p. 67).Le jour où elle proposa à tante Aline d'adopter un enfant, celle-ci laissa son tricot, enleva vivement ses lunettes, et répondit sans hésitation: « Et pourquoi pas? (...) » (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 11). − En partic. ♦ [Dans un ordre] Synon. de vite!Allons, vivement au travail! Allons, vivement, mes lapins! Allons-nous nous laisser embêter par des brigands? (Balzac, Chouans, 1829, p. 41).Alors, à la besogne, et vivement! que tout cela soit prêt à mon retour (Dumas père, Fille du régent, 1846, II, 3, p. 184). ♦ Fam. [Pour exprimer le souhait qu'un événement se produise au plus tôt] Vivement demain! Vivement la retraite! Vivement une bonne guéguerre, qui fasse place nette de toute cette chienlit (Montherl., J. filles, 1936, p. 927).Vivement que + subj.Vivement qu'on en finisse! Vivement qu'on redescende et que je revienne prendre un bon café (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 111). − ART MILIT. Attaquer vivement. Attaquer en force. Il dirigea une division sur la digue d'Arcole, et une autre vers la digue qui longe l'Adige, avec ordre de tomber tête baissée sur ce qu'elles rencontreraient, et de tout jeter dans la rivière. Vers les neuf heures du matin, ces deux divisions attaquèrent en effet vivement (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 550). B. − D'une manière vive, avec un ton qui peut marquer l'irritation ou l'emportement. Répliquer vivement. − Pierrotin, avez-vous encore une place? − Il me semble que vous pourriez bien me dire monsieur sans vous déchirer la gueule, répondit vivement l'entrepreneur des Services de la vallée de l'Oise (Balzac, Début vie, 1842, p. 479). C. − D'une manière vive, intense, qui frappe les sens. Endroit vivement éclairé. En arrière, on apercevait d'un côté les vastes repoussoirs de la forêt bronzée, et de l'autre, l'église, les ruines du château perchées sur le roc, mais qui se détachaient vivement sur le bleu de l'Éther (Balzac, Curé vill., 1839, p. 91).Vivement éclairée, une librairie de publications louches, accolée à une maison borgne (Arnoux, Paris, 1939, p. 33). D. − 1. D'une manière intense, qui affecte profondément la sensibilité. Synon. fortement, profondément.Être vivement ému, troublé. Celui qui a moins de plaisirs les sent plus vivement (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 28).J'étais surtout vivement touché des témoignages d'affection que le jeune Alessandro prodiguait à sa sœur (Milosz, Amour. init., 1910, p. 238). − En partic. [Dans des formules de politesse, avec une valeur plus atténuée] Synon. de beaucoup.Regretter, remercier vivement. Mon cher Paul Adam, Malgré le « cher maître » dont vous me flétrissez sans justice, votre lettre, reçue au Gil Blas, m'a, je vous assure, vivement touché (Bloy, Journal, 1893, p. 88). 2. En mettant dans son action tout le poids de sa conviction, de sa détermination. Insister vivement. Coupeau, qui approuvait vivement ses souhaits, était déjà debout, s'inquiétant de l'heure (Zola, Assommoir, 1877, p. 411). Prononc. et Orth.: [vivmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 « d'une manière vive, avec ardeur » soi defendre vivement (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6192); ca 1175 (Benoît de Ste-Maure, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 5757); b) 1847 dans un souhait « rapidement, vite » (Balzac, Cous. Pons, p. 264: Au fait! au fait! et vivement); 2. 1501-04 « avec éclat, brillamment » (Destrees, Vie de Ste-Marguerite, I, 560 ds
Œuvres, éd. H. Petersen Dyggve, p. 58); 3. 1580 « d'une manière qui frappe, affecte les sens » (Montaigne, Essais, II, 37, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 760: Les souffrances vrayement essentielles et corporelles, je les gouste visvement); 4. 1588 « de manière intense, qui engage l'affectivité » (Id., ibid., III, 13, p. 1078: toucher visvement et profondement le cœur du maistre). Dér. de vif*, vive; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 4 917. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 074, b) 9 145; xxes.: a) 6 686, b) 4 245. |