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VITUPÉRER, verbe trans.
A. − Empl. trans., vieilli ou littér. Blâmer fortement et vivement quelqu'un, quelque chose. Synon. critiquer, fustiger, injurier.Vitupérer son patron; vitupérer l'insuffisance, la maladresse, la sottise de qqn. On vitupère les écrivains officiels: on devrait plutôt les plaindre. Leur besogne semble aisée: il n'en est pas de plus difficile (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 124).Ce sont plutôt propos de table que propos à scandale. Sauf quand il vitupère les mœurs dissolues (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 18).
Vitupérer qqn sur qqc., pour qqc.[Le compl. indique la cause de l'irritation, du mécontentement] Permets-moi, mon loulou, de te vitupérer sur ton étourderie (Flaub., Corresp., 1873, p. 93).Il se contentait de la place moyenne qui donne le privilège de ne pas être sollicité pour un effort majeur, ni vitupéré pour trop de sottise (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 196).
Part. passé en empl. adj. Un monde naguère méprisé et vitupéré (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 235).
B. − Empl. trans. indir. Vitupérer contre qqn, qqc.Élever de vives protestations contre. Synon. invectiver contre, pester contre.Vitupérer contre le gouvernement, son patron, ses voisin; vitupérer contre la hausse des prix. F. (...) a vitupéré contre Mauclair, qu'il trouve idiot et nul (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 65).Mon chauffeur (...) vitupère contre les tringlots « qui se la coulent douce à Nancy... » (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 290).
Absol. Proférer des invectives, pester. Votre mari peut fulgurer, vitupérer. Il est aussi peu dangereux que le chat auquel les souris ont passé la sonnette (Giraudoux, Lucrèce, 1944, 1, 8, p. 71).
Rem. L'empl. trans. indir., dû à l'infl. de verbes de sens voisin (cf. invectiver contre) et considéré comme incorrect par les puristes et certains dict. du xxes., tend actuellement à l'emporter dans la lang. écrite et parlée.
REM. 1.
Vitupérable, adj.,littér. Qui mérite d'être blâmé, critiqué. Renonçons à cette fantaisie lascive et vitupérable (Gautier, Fracasse, 1863, p. 311).
2.
Vitupérant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui vitupère, qui blâme fortement. L'évangéliste de l'Ancien Testament (...), l'impérieux, le vitupérant Isaïe (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 125).
3.
Vitupère, subst. masc.,vx. Honte, action honteuse. Né du plus sage père, (...) il n'avait aucun vitupère à couvrir (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 427).Il ne sied pas Que (...) Tu portes malgré toi, défaite, échevelée, Tes pas mal assurés au milieu des soldats, Et qu'il en rejaillisse affront et vitupère Sur ce prince fameux, ce Tyndare, ton père (Moréas, Iphigénie, 1900, III, 4, p. 113).
Prononc. et Orth.: [vitypeʀe], (il) vitupère [-pε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1798; en 1798 s.v. vitupère, nom masc., lequel est ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. A. 1. 2emoit. xes. trans. vituperer [aucun] « mutiler, défigurer » (St Léger, éd. J. Linskill, 159; v. note corresp.), attest. isolée; 2. 1328, 21 sept. id. « faire injure à, outrager » (Cart. d'Oudenbourg, p. 9, Van de Casteele ds Gdf.: en vituperant nostre signorie et noblece); 3. a) ca 1370 id. « blâmer fortement » (Nicole Oresme, Ethiques, II, 6, éd. A. D. Menut, p. 158: selon les vertus ou les vices [...] nous sommes loez ou vituperez); 1508-17 part. prés. adj. parolles vituperantes (Fossetier, Cron. Marg., ms. Bruxelles, 10509, fo248 rods Gdf.), attest. isolée; à nouv. 1903 le vitupérant Isaïe (Huysmans, loc. cit.); b) 1907 vitupérer contre (qqn) (Rivière, loc. cit.). B. 1337, 1erjuin vituperer [aucune chose] « commettre (des méfaits), proférer (des injures) » (ds Trésor des chartes de Rethel, éd. S. Saige et H. Lacaille, t. 2, p. 38: plusieurs griéz, injures, meffais et empechement que [l'...] archevesque et ses gens disoient avoir esté fait ou vitupéré en prejudice de...). Empr. au lat.vituperare (propr. « trouver des défauts ») « reprendre, critiquer, blâmer ». Fréq. abs. littér.: 28.
DÉR.
Vitupérateur, -trice, subst.,littér. Celui, celle qui vitupère, blâme fortement. Des vitupérateurs farouches transmettront mon nom au-dessus des infamies humaines (L. Daudet, Voy. Shakesp., 1896, p. 248). [vitypeʀatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. 1resattest. 1626 subst. masc. (Monet, p. 971b), 1949 adj. des deux genres (Nouv. Lar. univ.); de vitupérer, suff. -(at)eur2*, cf. le synon. m. fr. vitupereur ca 1380 Roques t. 2, 1, 13355.