| VITRIOLER, verbe trans. A. − [Corresp. à vitriol A] Additionner de sulfate. Vitrioler un liquide. (Dict. xixeet xxes.). − AGRIC., VITIC. Synon. de sulfater.Vitrioler (le grain, la vigne). Il a acheté un pulvérisateur pour vitrioler sa vigne (Renard, Journal, 1896, p. 333). B. − [Corresp. à vitriol B] Projeter du vitriol (p. ext., une substance caustique) au visage de quelqu'un pour le défigurer. Elle s'est conduite comme une grisette qui vitriole sa rivale (Goncourt, Journal, 1889, p. 917).Je n'ai pu m'empêcher de détourner la tête à la scène de l'égorgement, spectacle aussi loin de mon goût que l'est de ma façon de sentir l'état mental d'un homme qui tue sa femme infidèle, ou d'une femme qui vitriole son amant (Léautaud, Théâtre M. Boissard, t. 1, 1926, p. 38). ♦ P. métaph. Tous ceux qui ont (...) vitriolé la grammaire (Duhamel, Vildrac, Techn. poét., 1925, p. V). ♦ P. anal. (d'aspect), empl. pronom. réfl. Par torsion et plissement combinés, je décomposais mon visage; je me vitriolais pour effacer mes anciens sourires (Sartre, Mots, 1964, p. 89). − INDUSTR. TEXT. Passer (certains textiles) dans un bain d'acide sulfurique dilué, pour détruire les matières ferrugineuses et calcaires. Vitrioler du chanvre, du lin. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [vitʀiɔle], (il) vitriole [-ɔl]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1876 « additionner de vitriol » (Lar. 19e); 2. 1876 « faire passer (des toiles) dans un bain d'acide sulfurique étendu » (ibid.); 3. a) 1886 « action de lancer du vitriol (sur quelqu'un, pour le défigurer) » (ap. Barrère ds Fr. mod. t. 22, p. 147); b) 1891 vitriolé subst. « personne sur laquelle on a jeté du vitriol » (France, Vie littér., p. 395). Dér. de vitriol*; dés. -er. DÉR. 1. Vitriolage, subst. masc.a) Domaine des sc. et techn.
α) Agric., vitic. Action de sulfater (le grain, la vigne). (Dict. xixeet xxes.).
β) Industr. text. ,,Passage d'une toile dans l'acide sulfurique dilué, pour éliminer les substances calcaires`` (Duval 1959; dict. xixeet xxes.). b) Action de projeter du vitriol (p. ext. une substance caustique) sur quelqu'un, pour le défigurer; résultat de cette action. (Dict. xxes.). P. métaph. Si vous avez l'âme sensible et l'oreille délicate, attention! Ce que nous conte avec ferveur et audace Laurent Violet relève du vitriolage. Tout y passe, les femmes, les hommes, les juifs, les journalistes... Rien ne lui échappe. Son esprit décapant fait parfois rire jaune (Elle, 8 août 1988, p. 90, col. 1).− [vitʀiɔla:ʒ]. − 1resattest. a) 1873 « action de faire passer des toiles dans un bain d'acide sulfurique étendu » (Tolhausen, Dict. technol. fr.-all.-angl., p. 802 ds Quem. DDL t. 12), b) 1876 « action de traiter les grains par le sulfate de cuivre » (Le Nouvelliste de l'arrond. d'Avranches, 15 oct. ds Littré Suppl. 1877), c) 1904 « action de lancer du vitriol (sur quelqu'un, pour le défigurer) » (Nouv. Lar. ill.); de vitrioler, suff. -age*. 2. Vitrioleur, -euse, adj. et subst.(Celui, celle) qui, par vengeance, défigure quelqu'un en le vitriolant. M. Léon Xanrof a composé la Ballade du vitriolé (...) Que ne puis-je tout citer!... Et l'humiliation du séducteur devant le tribunal, et l'acquittement nécessaire de la vitrioleuse (A. France, Vie littér., 1891, p. 396).P. métaph. Elles ont un art, ces vitrioleuses du discours, pour vous brûler votre réputation, égal à celui que leurs sœurs du trottoir déploient à vous brûler le visage (Bourget, Physiol. amour mod., 1890, p. 301).− [vitʀiɔlœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1871 vitrioleuse subst. fém. (Lissagaray, Les Huit Journées de mai derrière les barricades, p. 253); de vitrioler, suff. -eur2*. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 443 (s.v. vitrioleur, -euse). |