| VITRE, subst. fém. A. − 1. Panneau de verre transparent placé dans un châssis, servant à isoler de l'air extérieur tout en laissant passer la lumière. Synon. carreau.Vitre d'une fenêtre, d'une devanture, d'une armoire, d'une bibliothèque; vitre sale, pleine de buée, qui brille au soleil; nettoyer, laver, faire les vitres; regarder par la vitre; casser une vitre; coller son front à la vitre; mastiquer, poser, découper une vitre; cogner sur la vitre, à la vitre. Je me tenais derrière la vitre, à regarder neiger (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 345). ♦ Verre* à vitre. ♦ P. métaph. C'est tout, que les yeux, ma fille! Ce sont les vitres de l'âme; on ne peut la voir parfaitement que par eux. Ha! que les tiens indiquent une âme honnête, sensible! (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 74). − Loc. verb. fig., fam. Casser les vitres. V. casser I A 2 b.Cela ne casse pas les vitres! ,,Cela n'a rien de remarquable`` (Rey-Chantr.Expr.1979). 2. En partic. a) Synon. de vitrine.Elle se tourna vers la rue; regardant entre les rayons de pâtisseries la foule qui longeait les vitres, elle crut reconnaître Pacaris (Chardonne, Épithal., 1929, p. 32). b) Panneau de verre transparent, placé à hauteur de vue dans un véhicule, et qui permet de regarder à l'extérieur sans être exposé aux intempéries. Vitre avant, arrière, d'une voiture; vitres d'un train; baisser, remonter la vitre (d'une portière de voiture). La voiture démarra et Boris se mit à regarder par la vitre (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 56).Le plexiglas entre dans la confection des vitres d'avion (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 118). c) Panneau de verre de protection. Il avait essayé de nettoyer les vitres des cadres, car des traces de doigts marquaient les glaces (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 237).Ils ont brisé la vitre d'un avertisseur d'incendie et cherché à voler « la lance » (Gide, Journal, 1914, p. 458). d) Vieilli − Pop. Carreau* de vitre. − Fam. Vitre de lunettes. Synon. de verre* de lunettes.De lui, Léonard aperçoit surtout deux yeux malicieux (...) brillant derrière les vitres de lunettes immuables (Estaunié, Empreinte, 1896, p. 123). B. − P. anal. Panneau en matière translucide servant à obturer ou à protéger. Fabrice (...) la regardait d'une des fenêtres de ce taudis qui avait des vitres de papier huilé (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 434).Il a fallu d'abord que les hommes aillent mettre de l'ordre dans le troupeau. Ils avaient une lanterne à vitres de corne (Ramuz, Derborence, 1934, p. 38). C. − Vieilli. Ensemble formé par un panneau de verre et le châssis qui le soutient. Synon. fenêtre.Ouvrir la vitre. À peine apparue et saluée (...), je lui faisais signe de rentrer sans plus de retard, à cause du froid de la saison. Sa vitre alors se refermait (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 87). Prononc. et Orth.: [vitʀ
̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1269-78 « verre (matière) » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 19450); 2. 1370 « fenêtre garnie de vitres » (Joubert, Réparations faites à divers édifices du Mans de 1368 à 1374, p. 8); 3. a) 1549 « pièce de verre qui se met à une fenêtre » (L'Ordre qui a esté tenu en la joyeuse Entrée de Henri II à Paris, 16 juin ds Havard); b) 1549 « pièce de verre qu'on met devant un objet précieux » (Du Bellay, Défense et Illustration de la Langue Française, I, 10, éd. H. Chamard, p. 70); c) av. 1778 log. fig. casser les vitres (J.-J. Rousseau, Lett. à M. de Mirabeau, Corresp., t. II, p. 126 ds Littré); 4. 1660 « carreau de verre qu'on met à un carrosse, à une devanture » (Oudin Fr.-Esp.). Empr. au lat.vitrum « verre (matière) ». Fréq. abs. littér.: 2 215. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 345, b) 3 453; xxes.: a) 4 664, b) 3 616. Bbg. Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 244. − Quem. DDL t. 17 (s.v. casser les vitres). |