| VISIBLE, adj. A. − [En parlant d'objets, de réalités concr.] Qui peut être perçu, qui est perçu par la vue. 1. a) [Par sa nature, en raison de ses propriétés] Anton. invisible.Peu à peu se sont dégagés les éléments visibles qui constituent une peinture: lignes et formes, matières et couleurs (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 209): Sans doute l'objet visible est devant nous et non pas sur notre œil, mais (...) finalement la position, la grandeur ou la forme visibles se déterminent par l'orientation, l'amplitude et la prise sur elles de notre regard...
Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 364. ♦ [Par ses manifestations] Effet, forme, preuve, témoignage, signe visible de qqc. Les vastes magasins n'offraient que la carcasse de leur aménagement (...). Cette nudité était la preuve visible du relevé complet et exact de l'inventaire (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 676).Les hommes rougissent de sortir avec un enfant (...) qui est aux yeux des femmes qu'on rencontre le témoignage visible de votre vieillissement (Nizan, Conspir., 1938, p. 217). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le réel qui peut être vu par les yeux. Voir un tableau c'est un dialogue non avec le visible mais avec une expérience d'homme (Traité sociol., 1968, p. 284). b) En partic.
α) Synon. de concret, matériel, tangible; anton. de immatériel, imaginaire, surnaturel.Jésus-Christ (...) pourvut à la grossièreté de nos sens, qui ne peuvent se passer de l'objet matériel; il institua l'Eucharistie, où, sous les espèces visibles du pain et du vin, il cacha l'offrande invisible de son sang et de nos cœurs (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 302).De moi-même il naît quelque chose d'étranger, de ce corps il naît une âme, et de cet homme extérieur et visible je ne sais quoi de secret et de féminin avec une étrange ressemblance (Claudel, Cinq gdes odes, 1910, p. 258). ♦ Monde, nature, réalité visible. Réalité concrète. Ce seigneur visible de la nature visible (je parle de l'homme) a donc voulu créer le paradis par la pharmacie, par les boissons fermentées (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 349).Nous éprouvons souvent une sorte de stupeur quand nous avons devant nous, au lieu du monde imaginé, le monde visible (qui d'ailleurs n'est pas le monde vrai (...)) (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 548). ♦ RELIG. CHRÉT. Église, cité visible. Ensemble des fidèles et des prêtres. Vraiment divine mais vraiment humaine aussi, et donc visible, prolongement parmi nous de l'incarnation, cette cité (...) a pour chef invisible Jésus-Christ, pour chef visible celui qui a reçu du Christ la charge de paître ses brebis (Maritain, Primauté spirit., 1927, p. 16).Ce dernier point [l'Esprit souffle où il veut], du moins, les Églises visibles l'admettent, lorsqu'elles proclament que les enveloppe et, en un sens, les déborde l'Église invisible des saints (Encyclop. univ.t. 161973, p. 978, s.v. Weil). ♦ COMM. Marchandises, produits, exportations, importations visibles. Matières premières, produits manufacturés par opposition aux produits invisibles (assurances, droits, transport et fret, tourisme). Nous ne pourrions plus payer nos importations qu'avec le produit de nos exportations visibles et invisibles, et notamment du tourisme (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 184). ♦ [En parlant de phénomènes, d'êtres surnaturels] Matérialisé, incarné. Ange, fantôme visible. S'il a pu photographier de visibles et de tangibles spectres, nous devons reconnaître la véracité des thaumaturges du Moyen Âge (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 77).L'étrange personnage s'effaçait comme d'un écran lumineux s'efface une photographie. − C'était le diable, fis-je. (...) − Les faits surnaturels visibles à nos yeux de chair sont rares, répondit le maître des novices, mais ils ne sont pas à rejeter de parti pris (Billy, Introïbo, 1939, p. 240). ♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui appartient au concret, au monde physique. L'idolâtrie, c'est de préférer le visible à l'invisible (Bloy, Journal, 1893, p. 85).Le regard tourné vers l'invisible cherche à le discerner à travers le visible. Le visible lui offre ces coïncidences, ces analogies, ces retours de dates auxquels Nerval s'attache (Durry, Nerval, 1956, p. 79).
β) SC., cour. Qui en raison de certaines propriétés (taille, luminosité) peut être perçu par l'œil, aidé éventuellement d'instruments à pouvoir grossissant. Si la génération spontanée est impossible à l'échelle des microorganismes visibles, ne se pourrait-elle réaliser à un niveau plus élémentaire? (J. Rostand, Genèse vie, 1943, p. 187).Empl. subst. Quant aux limites inférieures [de la vie], elles sont plus incertaines. Si l'on s'en tient au visible, on placera tout en bas de l'échelle vitale les algues unicellulaires qu'on appelle microbes (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 21). ♦ Domaine, lumière, rayonnement visible.Rayonnement dont la longueur d'onde est comprise entre l'ultra-violet et l'infra-rouge. Les astres émettent des ondes électromagnétiques non seulement dans le domaine lumineux visible, mais aussi dans celui des ondes hertziennes (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 78).Empl. subst. Le verre de Wood au nickel absorbe presque tout le visible sauf le rouge, mais se montre transparent dans l'ultraviolet (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 30).Spectre visible. Spectre comprenant l'ensemble des radiations auxquelles l'œil humain est sensible (d'apr. Mathieu-Kastler Phys. 1983). ♦ Astre, étoile... visible. Objet céleste observable par des moyens optiques ou suffisamment proche ou lumineux pour être vu. [Maeterlinck] entend par matière toute la matière contenue dans l'univers, tous les astres visibles et invisibles, et notre malheureux petit globe aussi (Green, Journal, 1948, p. 194). ♦ (Être) visible à l'œil (nu), à la loupe, au microscope. Le sommet [d'un coquillage] (...) se termine, du côté droit, par un très-petit bouton visible à la loupe (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 138).L'équipe de Seaborg (...) réussissait à isoler un cinquième de milligramme de plutonium, la première quantité de plutonium visible à l'œil nu (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 38). ♦ Visible aux rayons X. Visible à l'aide des rayons X capables d'impressionner une plaque photographique, un écran fluorescent. Certaines régions du corps présentent des différences de densité radiologique insignifiantes. Pour les rendre visibles aux rayons X, on eut bientôt l'idée de recourir à des artifices (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 647). 2. Qui, en raison des circonstances, est effectivement vu (à tel moment, en tel lieu). Anton. caché, absent, disparu.Face visible de la lune; devenir, rester visible; marque, tache toujours visible. Un métier à tapisserie où se trouve tendue une chasuble, une partie roulée, une partie visible montrant la tête du crucifix (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 2ejournée, 3, p. 1003). − [Avec loc. adv., compl. circ. précisant un lieu, une circonstance] Éclipse visible à Paris; route visible à travers les arbres; être visible de loin. La moindre respiration eût produit une fumée visible dans cet air froid (Gautier, Fracasse, 1863, p. 147).Exclusion de la petite fille « païenne », qui n'avait pas de croix ou de médaille visible sur elle: « Ne l'invitons pas; elle n'a pas de médaille; c'est une païenne » (Larbaud, Journal, 1935, p. 356). ♦ Visible en. Représenté par. Elle repose, la jeune morte, toujours visible en sa statue, couchée sur la pierre sépulcrale noire et violette (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 273). − [Avec adv. précisant le caractère plus ou moins aisé de la perception] Être, devenir... bien, clairement, très, à peine, peu, encore visible. Le feu qui l'éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 482).N'eût été le tremblement à peine visible, qui, sous la moustache grise, agitait sa lèvre inférieure et sa barbiche blanche, ses paupières baissées lui eussent donné l'air de dormir (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 587). − En partic. Qui est très/trop apparent, par comparaison avec des choses semblables. Reprises visibles (sur un vêtement); côtes visibles (d'une personne maigre). Il avait la mine docte, un clignement d'yeux capable et exagéré, les narines velues, les dents visibles (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 234).Augustin vit se tendre vers lui les coutures visibles d'un gros gant de voiture (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 33). ♦ Place visible. Place où l'on est très en vue. [Les petits] détestent les positions en vue, les places visibles dans les salles de spectacle, on pourrait dire: les lieux trop affirmés (Mounier, Traité caract., 1946, p. 305). ♦ D'une/de façon visible. D'une/de façon aisément perceptible. Deux jours après, le nez de M. L'Ambert désenfla d'une façon visible, mais la couleur rouge tenait bon (About, Nez notaire, 1862, p. 150). B. − Qui se manifeste aux sens et notamment à la vue, dont l'existence se traduit par des effets concrets, sensibles. Synon. apparent, manifeste1, sensible; anton. caché, invisible. 1. [En parlant de phénomènes naturels habituellement non perceptibles par la vue] Chaleur visible dans l'air. L'étamine des fleurs qu'agite la lumière y monte en tournoyant en sphère de poussière, l'air y devient visible (Lamart., Jocelyn, 1836, p. 644).Le vent (...) est violent et se fait visible dans le bouleversement du paysage (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 368). 2. [En parlant de faits, d'actions, de leurs caractères ou conséquences] Changement visible des mœurs; intervention visible de qqn; pauvreté visible; résultat visible. Si Mademoiselle Laheyrard a quitté la ville en catimini, c'est qu'elle voulait peut-être cacher les suites trop visibles de ses promenades aux bois (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 172).Cette anarchie visible est une inquiétude pour leur avenir et un scandale au regard de leur raison (...). On jette les sacs de café à la mer (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 203). ♦ (Être) visible dans qqc. L'âge des églises est visible dans l'épaisseur des meneaux qui séparent les croisées: au XIIIesiècle, larges fenêtres; au XIVesiècle, fenêtres accouplées; plus tard, fenêtres divisées par piliers (Michelet, Journal, 1831, p. 81).M. Mercœur (...) avait obtenu quelque richesse maintenant visible dans le lustre de ses bottes à glands, de son habit de cheval à boutonnières nombreuses, de son col en satin (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 265). ♦ (Être) visible aux yeux de..., au premier regard. S'il existoit encore tant de bons prêtres à l'époque de la Révolution (...), pourquoi leur exemple ne balançoit-il pas, aux yeux des peuples, celui des mauvais prêtres? C'est que le scandale des uns étoit visible aux yeux de tous, et que l'édification des autres demeuroit cachée (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 220).À l'intérieur des grandes factions visibles au premier regard, mille antagonismes cachés se révèlent peu à peu (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 483). − En partic. ♦ [En parlant de choses normalement saisies par d'autres sens, par l'esprit] Elle remua les lèvres, mais de sa bouche il ne sortit aucun bruit; je n'entendais pas ses paroles, je les voyais, je les lisais. Dans cette sorte de langage visible, elle me raconta que ma mère vivait encore (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 278).La danse, à toute époque, (...) est chargée de réunir la plastique à la musique, par le miracle du rythme à la fois visible et audible (Faure, Espr. formes, 1927, p. 187). ♦ [En parlant de l'état d'une pers.] Force, vigueur visible du corps; détérioration visible de la santé; angoisse, contrariété, ennui, gêne, impatience, inquiétude, trouble visible; témoigner une préférence visible; pensée qui devient visible. Jean Valjean était sincère. Cette sincérité, visible, palpable, irréfragable, évidente même par la douleur qu'elle lui faisait, rendait les informations inutiles et donnait autorité à tout ce que disait cet homme (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 677).Mon père n'avait pas de tendresse visible, et il ne disait jamais merci (Renard, Journal, 1897, p. 427).(Être) visible dans (l'attitude, les gestes, les yeux...), sur (la figure...). J'ai connu des familles de laboureurs (...) où cette fleur de délicatesse, où cette légitimité des traditions qu'on appelle la noblesse, étaient aussi visibles dans les actes, dans les traits, dans le langage, dans les manières, qu'elles le furent jamais dans les plus hautes races de la monarchie (Lamart., Confid., 1849, p. 19).M. de Coantré s'efforçait que la répulsion qu'ils lui inspiraient fût visible pour tous sur son visage (Montherl., Célibataires, 1934, p. 846).(Être) visible à dix, cent mètres. Les membres de ce concile matinal (...) me semblaient tous assez profondément malades, paludéens, alcooliques, syphilitiques sans doute, leur déchéance visible à dix mètres me consolait un peu de mes tracas personnels (Céline, Voyage, 1932, p. 144). ♦ [En parlant du caractère d'une œuvre plastique] La toile dont je parle s'intitule Les Filles de Loth (...). Son pathétique en tout cas est visible même de loin, il frappe l'esprit par une sorte d'harmonie visuelle foudroyante (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 40). − P. ext. [En parlant d'une pers. regardée suivant sa qualité, son rôle, sa fonction] Qui apparaît tel. Chef visible. Faut-il, le principal coupable visible étant mort, étouffer ce procès en faisant condamner le garde-magasin par contumace? (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 305).À cette époque, l'Occident mourait d'asphyxie: c'est ce qu'on appela « douceur de vivre ». Faute d'ennemis visibles, la bourgeoisie prenait plaisir à s'effrayer de son ombre (Sartre, Mots, 1964, p. 123). − [En tournure impers. et parfois en incise] Il est visible, c'est visible (que...). Il apparaît nettement (que...), et il est évident, manifeste (que...). Il était visible que la grande Révolution que tout préparait allait avoir lieu, non seulement avec l'assentiment du peuple, mais par ses mains (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 264).« Allons », dit le brigadier, « c'est visible à l'œil nu: vos enfants vous bouclent là-dedans pour être les patrons (...) » (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1084). ♦ [En relation avec des perceptions auditives] La plupart des chants populaires ne modulent point, ou, pour mieux dire, (...) ils sont étrangers au ton et au mode, comme il est visible dans les chants bretons ou dans la musique d'église (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 121). C. − Qui peut être saisi par l'intelligence, le raisonnement. Synon. clair, évident, manifeste1.Intérêt, raison d'être visible. Les voies du Seigneur sont visibles à un petit nombre (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 383).L'imprudence de sa conduite lui était si visible enfin que l'issue, l'irréparable devant elle, lui paraissait déjà impossible à éluder (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 253). ♦ [En parlant de certaines qualités artistiques] Poème de Crashaw sur l'espérance, exercice un peu laborieux dont il se tire avec une adresse trop visible (Green, Journal, 1943, p. 68).Visible dans, chez qqn. Aucun homme ne pense jamais que sur les pensées d'un autre, et cette méthode est visible dans les plus profonds comme dans les plus ambitieux (Alain, Propos, 1929, p. 891).L'art italien (...) demeure décoratif même s'il s'agit de littérature; fait aussi visible chez d'Annunzio que chez Dante où le récit, loin de se dérouler dans la durée psychologique, semble s'étendre dans l'espace plastique (Arts et litt., 1935, p. 64-17). ♦ Il est, c'est visible (que...), cela est visible à, dans... Qu'il ait aperçu cet écueil [la frivolité] et que par un jeu de logique il en ait ressenti la nostalgie périlleuse, cela est visible à des phrases singulières où le savant philologue professe une admiration à demi jalouse pour ceux qui ont pris le monde comme un rêve amusé d'une heure (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 52).Vous réussissez toujours vos dialogues; mais il est visible que vous n'êtes pas à l'aise dans le style narratif (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p. lxxxvii). D. − Qui est en état d'être vu. 1. [En parlant d'une pers.] Qui est dans une disposition, un état, une tenue lui permettant de recevoir quelqu'un. Être visible à telle heure, tel jour; n'être visible pour personne. Madame de Bargeton devait rester toujours visible. Si elle avait fait fermer sa porte aux heures où venait Lucien, tout eût été dit, autant aurait valu s'enfuir avec lui (Balzac, Illus. perdues, 1837, p. 137).Zelten: Je peux voir Siegfried? Eva: Pourquoi? Zelten: C'est mon affaire. Eva: Il n'est pas visible pour toi (Giraudoux, Siegfried, 1928, i, 2, p. 19). 2. [En parlant d'une chose] a) Qui est prêt à être examiné, à être montré. Je travaille en effet, mais ce que je fais n'est pas encore visible. On ne montre à un maître comme vous que la chose faite (Hugo, Corresp., 1868, p. 132).Un grelottement étouffé monta du téléphone. − La radiographie est visible? Bien. Elle vint, encore mouillée, entre deux jolis doigts de la vierge technicienne (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 419). b) Qu'on peut voir à la rigueur. C'est un film visible, sans plus. Prononc. et Orth.: [vizibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xiies. « qui peut être vu » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 6); b) 1665 subst. masc. (Poussin, Lett., 7 mars ds Littré); 2. a) 1585 Eglise visible et militante (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, p. 319); b) ca 1590 « qui correspond à une réalité perceptible » (Montaigne, Essais, I, 56, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 320); c) 1657-62 le monde visible « la réalité concrète » (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, XV, 199, p. 526); d) id. subst. masc. « le monde des choses sensibles » (Id., ibid., XIX, 276, p. 536); 3. a) 1611 « qui peut être constaté, dont la réalité ne peut être mise en doute » (Cotgr.); b) 1656 impers. il est visible que (Pascal, Provinciales, éd. L. Lafuma, 11elettre, p. 422); 4. a) 1665 se dit d'une personne en état de recevoir des visites (J. L. Guez de Balzac,
Œuvres, I, p. 726 ds Guillaumie, Guez de Balzac et la prose fr., p. 131); b) 1784 « qui est dans une tenue décente permettant de se montrer » (Beaumarchais, Mariage de Figaro, II, 4). Empr. au lat.visibilis « visible », « qui a la faculté de voir ». Fréq. abs. littér.: 2 860. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 797, b) 3 604; xxes.: a) 3 470, b) 4 905. Bbg. Entwistle (W. J.). French audible, visible... In: [Mél. Orr (J.)]. Manchester, 1953, pp. 82-89. − Quem. DDL t. 9. |