| VIRUS, subst. masc. A. − MÉD., vx. Substance organique (pus, salive, etc.) susceptible de transmettre une maladie. L'anatomie pathologique elle-même ne doit pas seulement comprendre les tissus hétérologues et leurs formes, mais surtout leurs propriétés; les virus, les venins, les liquides altérés, tout cela est de l'anatomie pathologique (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 169). B. − BIOLOGIE 1. Vieilli. Germe pathogène. Virus du charbon, de la rage, de la variole; virus siphylitique, vénérien. Singes (...) rendus convenablement résistants à l'infection tuberculeuse par des inoculations préalables de virus très atténués, mais vivants (Calmette, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 210).V. inoculer A ex. de Pasteur et de Vialar. ♦ Virus filtrant. Synon. vieilli de virus (infra B 2).V. filtrant ex. 4. 2. Microorganisme infectieux, invisible au microscope optique, traversant les filtres qui arrêtent habituellement les bactéries dont il se distingue essentiellement par le fait qu'il ne possède qu'un seul type d'acide nucléique ARN ou ADN, lequel modifie le patrimoine génétique de la cellule infectée (d'apr. GDEL). Synon. vieillis ultravirus (v. ultra- II B 1), virus filtrant (supra B 1).Virus cancérogène, oncogène. La découverte des grosses molécules à propriétés de virus nous rend un peu plus aisément concevable cette évolution de la matière inerte en matière vivante (J. Rostand, Genèse vie, 1943, p. 195).V. bactérie ex. 6. 3. Virus(-)vaccin. ,,Virus suffisamment atténué, quel que soit le mode d'obtention de cette atténuation, pour être employé comme un vaccin préventif`` (Villemin 1975). C. − Au fig. 1. Source de contagion morale. Ces âmes stérilisées paraissaient des ferments d'indiscipline, des virus d'orgueil (Giraudoux, Bella, 1926, p. 26). 2. Goût très prononcé, tendance irrésistible pour telle activité ou telle attitude. Au mois de février 1975 le chantier est investi. L'occupation va se poursuivre neuf mois. Neuf mois durant lesquels des milliers de gens vont passer par là et prendre le virus anti-nucléaire (Le Point, 21 mars 1977, p. 95, col. 3). D. − INFORMAT. ,,Introduction d'une erreur grave glissée volontairement par malveillance dans un logiciel, afin de détruire de façon irréversible des données fichiers ou système d'exploitation`` (Maillet 1993). Prononc. et Orth.: [viʀys]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1478 « substance qui recèle l'agent du contage et est capable de transmettre la maladie » (Le Guidon en françois d'apr. Sigurs, p. 79 et p. 423); 1575 (A. Paré,
Œuvres compl., éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 531a: virus verollique; t. 3, p. 307a: virus [de la rage]); 2. 1812 virus vaccin (Mozin-Biber, s.v. vaccin); 1880 « microorganisme infectieux » (Pasteur, Sur les maladies virulentes ds C.r. de l'Ac. des sc., t. 90, p. 244: un virus très virulent [...] le virus atténué); 1918 virus filtrants (Lar. mens., p. 380); 1921 ultravirus (C. Levaditi, P. Harvier et S. Nicolau, Conception étiologique de l'encéphalite épidémique ds C.r. des séances et mém. de la Sté de biol., t. 85, p. 214 [séance du 2 juill.]: nous désignerons cette première variété sous le nom d'« ultravirus kératogène salivaire »). B. 1. 1793 fig. « principe moral de contagion » (doc. du 23 avr. ds Aulard, Rec. des Actes du Comité de Salut Public, t. 3, p. 418 ds Brunot t. 10, p. 85, note 10: [les communes] les plus infectées de ce virus); 2. 1925 « goût très vif, excessif pour quelque chose, passion » (Du Bos, Journal, p. 277: Valéry, il a le virus académique: c'est devenu chez lui une idée fixe); 1966 (Le Figaro, 3 déc. ds Gilb. 1971: j'ai attrapé le virus du cinéma); 1988 informat. (01 Informatique, 11 janv., p. 14 e). Mot lat. virus « suc, jus, humeur; venin, poison; mauvaise odeur, puanteur, infection ». Au sens A 2 (virus filtrants), cf. angl. filterable virus (1912 ds NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.: 140. Bbg. Mazière (Fr.). Le Dict. et les termes Cah. Lexicol. 1981, no39, p. 102. − Quem. DDL t. 31. |