| VIRAGE, subst. masc. A. − Rare. Action de virer, de faire tourner. Le manœuvre est employé [dans les mines] pour le pelletage, le brouettage, le roulage, l'élévation des poids, le virage de la manivelle ou du cabestan (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, t. 2, 1907, pp. 480-481). B. − 1. Mouvement d'un véhicule ou d'une personne qui change de direction. Virage à droite, à gauche, brusque. Il prévoyait donc ce qui allait se passer et devait avoir souvenance de ses vols précédents, tonneaux, virages sur l'aile, chute en feuille morte (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 165). ♦ Virage sur les chapeaux de roues. V. chapeau et roue.[Dans un cont. anal.] Jeanne est assise sur la table roulante, elle trône comme une reine sur son tas d'oreillers et on la pousse à toute allure, on prend les virages sur les chapeaux de roues... (B. Blier, Les Valseuses, Paris, J'ai lu, 1989 [1972], p. 276). ♦ Virage à la corde. V. corde II D 6[Dans un cont. métaph.] J'ai pris mes virages à la corde. Je suis arrivé à cette bifurcation célèbre depuis Hercule où l'on peut lire: « Vertu, voie sans pittoresque, Vice, route dangereuse mais curiosités touristiques... » (Brasillach, Corneille, 1938, p. 208). − [Dans divers sports] La glissade sur terrain varié contraint à pratiquer des virages et arrêts qui ont des appellations réservées au seul skieur (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang.,1953, p. 138).Dans la piscine régulière, le virage se prend par appui des pieds sur le mur (Petiot1982).P. méton. Point où l'on change de direction. Les virages [des courses de canoë] doivent être visibles à 100 m (Encyclop. des sports,1961,ds Petiot 1982). − Loc. verb. Amorcer, faire, prendre un virage. Honoré (...) sauta sur le siège à côté de Ferdinand, prit les guides, le fouet, fit un virage sur deux roues (Aymé, Jument, 1933, p. 215).Tout le monde sait (...) que dans un véhicule qui « prend un virage », accélère ou ralentit brusquement on se trouve projeté de côté, en arrière ou en avant, sans aucune cause intérieure au véhicule (Kourganoff, Astron. fondam., 1961, p. 13). 2. Courbe plus ou moins accentuée d'une route, d'une piste. Synon. tournant.Virage dangereux; aborder un virage; freiner à l'entrée d'un virage. Il est de toute nécessité que les virages [d'une piste] soient relevés, c'est-à-dire inclinés de l'extérieur vers l'intérieur (Baudry de Saunier, Cycl., 1892, p. 388).Le souvenir de la voirie romaine ne persiste-t-il pas aussi dans la toponymie, le nom d'une localité comme Le Perreux ou Le Perray tenant à la traversée de cette localité par une voie empierrée, celui de Courbevoie à un virage de la route, et ceux de Fourques et de Fourquaux à une fourche? (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, pp. 48-49). ♦ Virage en épingle* à cheveux. ♦ Négocier* un virage. − Arg. Choper qqn au virage. ,,Rattraper au moment propice, au tournant`` (Esn. 1966). C. − Au fig. Changement radical d'opinion, de conduite, de politique. Brusque virage; virage spectaculaire. Le brusque « virage à droite du Parti socialiste » (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 56, col. 1). ♦ Prendre le virage. S'adapter aux circonstances. En France, partis et syndicats de gauche, malgré la proximité des élections et le poids des écologistes, ont pris le virage (Le Point, 19 sept. 1977, p. 75, col. 2). D. − 1. CHIM. ,,Changement de teinte en parlant d'un indicateur, d'un diazoïque, d'un colorant sur fibres, etc.`` (Duval 1959). Repérer très exactement le moment de virage de l'indicateur principal (Catal. instrum. lab. (Prolabo), 1932, p. 140). 2. PHOT. ,,Opération consistant à transformer une image photographique noir et blanc en une image monochrome dont la teinte dépend de la nature du traitement appliqué`` (Phot. 1979). Virage sépia. Le physicien Fizeau obtint d'excellents résultats de ses virages à l'or et augmenta la sensibilité des plaques (Prinet, Phot., 1945, p. 14). 3. MÉD. Virage d'une cuti-réaction. ,,Fait pour une cuti réaction de devenir positive`` (Man.-Man. Méd. 1986). Prononc. et Orth.: [viʀa:ʒ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1773 mar. « espace nécessaire pour virer au cabestan » (Bourdé, Man., II, 268 ds Fr. mod. t. 26, p. 59); b) 1858 id. « lieu, point courbe où un bateau change de direction » au virage d'amont (Le Sport, 1ersept. ds Petiot 1982); 2. 1892 « partie courbe d'une chaussée, d'un chemin, d'une piste » les virages [de la piste vélocipédique] (Baudry de Saunier, Cycl., p. 402); 1892 le relevage des virages (Id., ibid., p. 389); 3. 1893 « changement de direction d'un véhicule terrestre » (Id., Les Mémoires de Terront ds Petiot 1982); 1938 prendre ses virages à la corde (Brasillach, loc. cit.); 4. a) 1907 aviat. « changement de direction d'un aéronef » (L'Auto, 6 nov. ds Petiot 1982); b) 1907 en parlant d'un oiseau (Barrès, Cahiers, t. 6, p. 195); 5. 1950 « changement brusque de conduite, d'orientation » le grand virage de l'histoire humaine (Choisy, Psychanal., p. 56). B. 1. 1857 phot. un bain dit de virage (L. Figuier, L'Année scientifique, I, p. 224 ds Quem. DDL t. 12); 2. 1964 méd. le virage de la cuti-réaction (Lar. encyclop.). Dér. de virer*; suff. -age*. Fréq. abs. littér.: 67. Bbg. Quem. DDL t. 10, 36. |