| * Dans l'article "VIOLON,, subst. masc." VIOLON, subst. masc. A. − MUSIQUE 1. Instrument de musique à quatre cordes accordées par quintes (sol, ré, la, mi) qui se tient appuyé horizontalement sur la clavicule gauche, maintenu par le menton, et dont on joue avec un archet. Beau violon, violon ancien; jouer du violon; jouer (un air) au violon. Mon père jouait sur son fidèle violon de Crémone (je l'ai encore, ce vieux instrument au son duquel j'ai vu le jour) une contredanse de sa façon (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 72).Ce que lui-même n'aurait su dire avec des mots, le violon savait le traduire, le violon le chantait (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 69).V. âme ex. 158, archet ex. 1, 4. ♦ [Dans une compar.] Je l'imaginais, cette joie, comme un chant de violon à la fois strident et tendre, comme une flamme aiguë où le cœur d'Alissa et le mien s'épuisaient (Gide, Porte étr., 1909, p. 506). ♦ Famille des violons. Famille d'instruments à quatre cordes. Les pays latins lui donnent pour successeurs [à la vielle] la famille des violes (...), puis celle du violon, devenue en ses quatre dimensions, violon, alto, violoncelle et contrebasse, la pierre angulaire de l'orchestre moderne (BrenetMus.1926, p. 206). ♦ HIST. DE LA MUS. Roi des violons. Chef de la confrérie de saint Julien des ménétriers exerçant son autorité sur les joueurs d'instruments à cordes du Moyen-Âge au xviiies. Aussi tard que l'an 1742, une ordonnance du « Roi des Violons », autorisant les musiciens ambulants à jouer « d'une espèce d'instruments à 3 cordes seulement et connu sous le nom de rebec » leur refusera formellement la permission de se servir d'un violon (M. Pincherle, Le Violon, 1966, p. 8). SYNT. Violon de ménétrier, de soliste, de tzigane; âme, bouton, caisse, chanterelle, chevalet, cheville, corde, coussin, crosse, éclisse, manche, mentonnière, ouïes, sillet, table, touches du violon; timbre du violon; vernis du violon; le violon chante, joue, sonne; accorder un violon, râcler du violon; boîte, étui à violon. − [Avec un déterm. spécifiant une caractéristique de fabrication] Violon quart, violon demi, violon trois-quart. Violon de format réduit destiné aux enfants. On fabrique (...) des instruments de format réduit dits violons quart (Maugin, Maigne, Nouv. manuel luthier, 1929 [1869], p. 22).Violon d'auteur, violon de maître, violon de + nom propre. Violon exécuté par un maître luthier célèbre. Violon d'Amati. Le moyen le plus sûr de tracer un beau modèle de violon est de se procurer un beau violon d'auteur (Maugin, Maigne, Nouv. manuel luthier, 1929 [1869], p. 34).[Le musée] possède plus de 1 900 instruments, tous du plus haut intérêt, soit technique, soit historique: violons de Stradivarius, Guarnerius (Enseign. mus., 1, 1950, p. 9).HIST. DE LA MUS. Petit violon. Violon de format réduit en usage jusqu'au xviiies. [Parmi les instruments composant l'orchestre de l'Orfeo de Monteverdi (1607) figurent] 2 petits violons « à la française » (BrenetMus.1926, p. 315).Violon de poche. Petit violon dont se servaient les maîtres à danser. Synon. pochette.Un petit Français, poudré et frisé, (...) raclait un violon de poche, et faisait danser Madelon Friquet à ces Iroquois (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 291). − [En tant qu'instrument d'orchestre ou soliste] Accompagnement, solo de violon; duo pour deux violons, pour violon et piano, etc.; trio pour piano, violon et violoncelle. À l'étonnement général, M. de Charlus, qui ne parlait jamais des grands dons qu'il avait, accompagna, avec le style le plus pur, le dernier morceau (...) de la sonate pour piano et violon de Fauré (Proust, Sodome, 1922, p. 953).V. concerto ex. ♦ Premier, second violon. Instrument jouant la première, la deuxième partie de violon dans un ensemble instrumental. Premier, second violon d'un quatuor à cordes, d'un orchestre. Les premiers violons morcelant le premier thème, en forment un jeu dialogué (...) avec les seconds violons (Berlioz, À travers chants, 1862, p. 30). ♦ Violon solo. Violon qui joue seul ou avec un accompagnement dans un ensemble instrumental. Le violon solo reprend, une dernière fois, plus tendre, son chant d'amour (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 391). − [En tant qu'art et techn. instrumentale] Violon faux; classe de violon du conservatoire, d'une école de musique; cours, exercices, jury, leçon de violon; École française de violon; aimer, apprendre le violon. À vingt ans, Narcisse Boucher est à Paris, élève au Conservatoire, et, dès son premier concours, premier prix de violon (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 36). − Expr. et loc. fig. ♦ Sec comme un violon. Très maigre. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Violon d'Ingres. [P. réf. au fait que le peintre Ingres a exercé tout jeune le métier de violoniste et pratiquait cet instrument avec passion] Talent artistique, activité d'élection qu'une personne cultive en dehors de son activité principale. Synon. fam. dada1, hobby.Avoir un violon d'Ingres; la photographie est son violon d'Ingres. En chemin, − chaque explorateur ayant son violon d'Ingres − je n'étais pas fâché de songer que je pourrais examiner un peu la constitution géologique de ce plateau d'Éguéré (Benoit, Atlant., 1919, p. 53).La philanthropie immobilière était en effet leur violon d'Ingres (Camus, Exil et roy., 1957, p. 1632). ♦ Accorder ses violons. S'entendre sur ce que l'on dit. Il semble d'ailleurs que Faure et Vidal ne soient jamais parvenus à accorder leurs abominables violons. Leurs contradictions (...) ont été flagrantes en Cour d'assises (L. Daudet, Police pol., 1934, p. 194).Que nos violons, à l'Express ne soient plus toujours accordés, les gens s'en irritent, ou se scandalisent, ou font semblant (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1958, p. 65).[En injonction] Accordez vos violons! ♦ Pop. Pisser* dans un violon. 2. P. méton. Personne qui joue de cet instrument. Violon de village; engager des violons; être violon dans un orchestre, à l'Opéra. Cyrano, aux violons: Vous nous jouerez un air, messieurs les violons! (Les violons se joignent au cortège qui se forme (...)) (Rostand, Cyrano, 1898, I, 7, p. 59). ♦ Premier violon, violon solo d'un orchestre. Violoniste qui dirige les violons, joue les solos. Au point de vue de la direction, il y a maintenant [à la Renaissance] deux chefs: le violon solo pour les instruments, et le cymbaliste pour la partie vocale (Arts et litt., 1936, p. 60-10). ♦ Premier violon, second violon. Violoniste qui joue la première partie, la deuxième partie de violon dans le quatuor à cordes, dans l'orchestre. Ces groupements de rencontre [pour les quatuors] pouvaient être fort brillants: on se rappelle telle séance amicale, à Vienne, en 1784, où le premier violon était Joseph Haydn, le second Dittersdorf, et l'alto Mozart (M. Pincherle, Les Instruments du quatuor, 1970, p. 119). ♦ HIST. DE LA MUS. [Sous Louis XIV] Les (vingt-quatre) violons (du roi). Ensemble instrumental appartenant à la Chambre du roi. En France, de la domesticité qui était l'habituelle condition des violonistes, émergeaient les violons du roi et les « petits violons » de Lully (M. Pincherle, Le Violon, 1966,p. 61). − Locutions ♦ Vx. Payer les violons. Offrir un bal, une sérénade à une femme. La nuit (...) il se dressait sur son séant pour écouter le tumulte du bal; c'était lui qui payait les violons (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 91).Au fig., fam. Payer les violons. Faire les frais d'une chose dont on ne tire pas profit. N'avons-nous pas assez maudit la guerre (...)? lui disait-elle; maintenant nous payons les violons de toute cette gloire impériale (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 461). ♦ Fam. Aller plus vite que les violons. Aller trop vite; précipiter les événements. Synon. aller plus vite* que la musique.Tu t'en moques bien, de tes enfants. − Ne dis pas de bêtises. Je ne peux pas aller plus vite que les violons (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 265). B. − P. anal. (avec la disposition des cordes du violon, la forme de la caisse...) 1. Fam. Prison garnie d'une grille, attenante à un corps de garde ou à un poste de police, où sont enfermées provisoirement les personnes prises en flagrant délit. Votre Nicolas est au violon de la ville, il a presque tué le grand Jérôme du Royal-Allemand avec une cruche (Erckm.-Chatr., Hist paysan, t. 1, 1870, p. 87).Crainquebille, dont l'arrestation fut maintenue, passa la nuit au violon et fut transféré, le matin, dans le panier à salade, au dépôt (A. France, Crainquebille, 1904, p. 21). 2. Spécialement a) Brosse à habit dont la monture est en forme de caisse de violon. (Dict. xxes.). b) TECHNOL. Petit touret à main actionné à l'aide d'un archet; foret de sculpteur utilisé pour percer le marbre. Le ministre et son amie voyaient avec effroi tout autour de la chambre à coucher les vrilles percer les portes et les volets, les violons faire des trous dans les murs [pour les observer] (A. France, Île ping., 1908, p. 377). ♦ Tête de violon, clef de violon. Tête de vis ayant la forme des clefs de cheville et que l'on manœuvre à la main. Lorsque le fléau est muni d'une vis de sûreté à tête de violon placée sur le support au-dessus du fléau, une plus-value est prévue [à la série] (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 3, 1928, p. 72). ♦ Planche garnie de fils de fer utilisée pour l'impression des tissus. (Dict. xixeet xxes.). c) MAR. Violons (de mer). ,,Ensemble de tringles de bois dont on garnit les tables par mauvais temps pour empêcher les assiettes et les bouteilles de glisser au roulis`` (Gruss 1978). La mer était grosse, on fut obligé de mettre les violons (Ac.1935). ♦ Poulie à violon. Poulie à deux réas de diamètre différent. Les poulies à violon (...) portent deux réas (...) superposés dans le même plan (Galopin, Lang. mar., 1925, p. 44). ♦ Violon de ris. ,,Ensemble du système de prise de ris (...) composé de poulies de renvoi et de taquets coinçeurs`` (B. Rosselot, Vocab. mar., 1980, p. 66). d) TYPOGR. ,,Galée longue et étroite qui sert à réunir la composition pour la mise en placards`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Les galées de ce genre, réservées plutôt pour la mise en pages et autres travaux d'importance, se nomment aussi « violons » (É. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1897, p. 88). REM. 1. Violonaire, subst. masc.,vieilli et région. Joueur de violon dans les campagnes. Synon. ménétrier, violoneux (infra dér.).Le violonaire qui menait tout ce monde, affolé par le vent, jouait à la diable (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 250). 2. Violoné, -ée, adj.,ébén. [En parlant d'un dossier de fauteuil Louis XV] Qui rappelle le galbe de la caisse du violon. Fauteuil en « cabriolet », c'est-à-dire au dossier violoné, estampillé Delanois (G. Boulanger, L'Art de reconnaître les styles, 1960, p. 60). 3. Violoneur, subst. masc.,vieilli. Synon. de violonaire (supra).Quand tu auras envie d'en connaître plus long, tu iras dans les grandes villes, où les violoneurs t'apprendront le menuet et la contredanse (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 209). 4. Violonnier, subst. masc.Synon. usuel de violoneux (infra dér.).La belle (...) allait sans regarder ces violonniers qui n'étaient plus les beaux tambours de son père (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 46). Prononc. et Orth.: [vjɔlɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Déb. xvies. vyollon désigne un instrument de mus. à cordes (Le Triumphe des Vestementz ds Anc. Poés. fr., t. 13, p. 50, 36); 1537 violon [Cl. Marot, attribution incertaine], Adieu aux Dames de Court ds Cl. Marot,
Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 363, 7 [cf. introd. de l'éd., pp. 46-47]; b) loc. fig.
α) 1671 payer les violons du bal pour faire danser les autres « faire les frais de quelque chose sans en avoir le profit » (Molière, La Comtesse d'Escarbagnas, scène 8 ds
Œuvres, éd. R. Bray, t. 7, p. 220); 1718 payer les violons (Le Roux);
β) 1911 accorder ses violons « se mettre d'accord » (Châteaubriant, Lourdines, p. 66); 2. 1533 p. méton. vyollon « joueur de violon » (Dépenses secrètes de François Ierds Havard); 3. 1792 pop. violon « petite prison » (Abbé Sicard ds J.-B. Buchez et P.-C. Roux, Hist. parlementaire de la Révolution fr., t. 18, p. 87); 4. 1907 violon d'Ingres (Farrère, Homme qui assass., p. 39: Et d'ailleurs, le violon est là, le violon d'Ingres, pour tout envelopper, diplomatie et finance, d'une harmonie imprévue, plus paradoxale que tout le reste. Narcisse Boucher, c'est, d'abord, un dilettante); cf. 1899 (Clemenceau, Iniquité, p. 267: M. Bourgeois est un dilettante libéral, ému de philosophie, fier de ses qualités d'action comme Ingres de son violon, ou Rossini de son tour de main dans l'art de préparer le macaroni). B. P. anal., technol. 1. 1812 « espèce de touret de bois à main, dans lequel est placé un foret qu'on fait mouvoir au moyen d'un archet » (Mozin-Biber); 2. mar. a) id. violons de beaupré (ibid.); b) 1859 poulie à violon (Bonn.-Paris); c) 1872 nom donné, sur les paquebots, aux cordes tendues sur les tables pour empêcher la vaisselle de tomber (Littré); 3. 1812 « ustensile de chapelier fait de plusieurs cordes tendues » (Mozin-Biber). Dér. de viole*; suff. dimin. -on1*. Cf. ant. l'hapax a. prov. violon « concert de violes » (xiiies. ds Rayn.). Pour des rapports éventuels avec l'ital. violino (dep. 1538 d'apr. P. Bec, Vièles ou violes? p. 363, qui att. aussi violinista en 1462 en lat. médiév. à Pérouse; av. 1565 ds Cort.-Zolli), passé dans les autres lang. européennes (all. Violine, angl. violin, port. violino, esp. violín), v. P. Bec, op. cit., pp. 361-366. Le sens A 3 s'explique, soit par la compar. des cordes du violon avec les barreaux de la prison, soit p. ell. de boîte à violon « prison » (cf. boîte à musique « id. »; voir K. E. M. George ds Romania t. 90, p. 543). Pour d'autres hyp., v. encore Cellard Révol. 1989, pp. 53-54. Fréq. abs. littér.: 933. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 627, b) 1 555; xxes.: a) 2 014, b) 1 386. DÉR. Violoneux, subst. masc.,vieilli. Joueur de violon animant les fêtes de campagne, violoniste médiocre. Synon. ménétrier.Ritournelle de violoneux. Tout revivait à ses yeux, la noce qu'un jour de voyage lui avait montrée venant à lui de la montagne, le violoneux et le cithariste qui allaient devant, la mariée et son regard, le jeune mari bien découplé (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 386).− [vjɔlɔnø]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. 1729 violoneux (Marivaux, L'Héritier de village, sc. XV, ds Th. complet, éd. F. Deloffre, t. 1, p. 577); 1821 violonneur (J. C. L. P. Desgranges, Petit Dict. du peuple, p. 91, ds Goug. Lang. pop., p. 139); de violon, suff. -eux*, -eur2*. − Fréq. abs. littér.: 17. BBG. − Herb. 1961, p. 53. − Mihailescu-Urechia (V.). Nouv. phénomènes, nouv. lois. Orbis. 1973, t. 22, pp. 286-287 (s.v. violoneux). − Persun (J.). Orig. du mot violon. La Haye, 1937, passim. − Quem. DDL t. 10, 12, 13, 19, 21 (s.v. violoneux). |