| VINASSE, subst. fém. A. − Gros vin ordinaire, généralement de médiocre qualité. − (...) Patronne, encore une bouteille de votre Nuits-Saint-Georges − Gros-Rouge de l'Hérault... − Vous plaisantez toujours, monsieur Alain. Vous savez bien que le patron achète ces bouteilles chez le propriétaire et qu'il les réserve pour quelques vieux clients comme vous. − Ça va, pas de salade, j'en vends. Ta vinasse c'est du Bourgogne, comme ma prose c'est du français. On s'y connaît tous les deux en contrefaçons, pas besoin de faire du chiqué (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 42).V. bidonner1ex. 1. B. − DISTILL., gén. au plur. Résidu de la distillation de liquides alcooliques. Hauts crus fabriqués avec de basses vinasses traitées suivant la méthode de M. Pasteur (Huysmans, À rebours, 1884, p. 29).La vinasse qui forme le résidu de l'opération [de distillation] sera concentrée pour servir à la fabrication de la potasse (Ser, Phys. industr., 1890, p. 334). REM. 1. Vinasseux, -euse, adj.,rare. Qui a bu du vin en abondance. Dans les wagons grands ouverts trois cents musiciens bien vinasseux déchirent l'atmosphère à quarante-cinq portées d'un coup (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 41). 2. Vinassier, -ière, adj. et subst. masc.a) Adj. Qui a rapport au vin. Sûr de sa réputation de buveur, Félicien aurait pu avoir des ambitions politiques et, pour les besoins de la campagne électorale, se trouver dans l'obligation de boire ouvertement. Il y a même là le sujet d'un roman vinassier, naturaliste en diable et psychologique aussi (Aymé, Le Vin de Paris, Paris, Gallimard, 1947, p. 107).b) Subst. masc.
α) Marchand de vins. Est-ce que je sais si tu n'es pas (...) à Lyon dans les bras d'un soyeux, ou à Narbonne dans la couche d'un vinassier? (Aymé, Passe-mur., 1943, p. 29).
β) Grand buveur. Je ne présiderai pas un « bon déjeuner de chasseurs » dans un pays de grands vinassiers − car je suis bien sûr que l'explosion de Monsieur Bénazette a dû libérer d'abord un geyser de vin rouge! (Pagnol, La Gloire de mon père, Monte-Carlo, Pastorelly, 1967 [1957], p. 193). 3. Vinasson, subst. masc.Vin souvent médiocre. Tyrannion n'était jamais si savant, ni si délié, ni de si bonne mémoire, que s'il avait ingurgité cinq ou six pots de vin; et du vinasson terriblement cuit et fort que l'on fabrique en ces régions (L. Daudet, Sylla, 1922, p. 126). Prononc. et Orth.: [vinas]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1765 « liquide trouble provenant d'un vin à demi aigre et qui sert à la préparation du vert-de-gris » (Encyclop.); 2. 1808 « résidu de la distillation des moûts fermentés » (Chaptal, Instit. Mém. scienc., p. 186 ds Littré); 3. 1832 « vin faible ou de mauvaise qualité » (Raymond); 4. 1880 « toute boisson médiocre » (Huysmans, Soir. Médan, Sac au dos, p. 125). Dér. de vin*; suff. -asse*. |