| VIEILLERIE, subst. fém. Gén. péj. ou fam. A. − 1. a) Objet vieux, usé, démodé, en mauvais état. Marchand de vieilleries. Le jour n'a pas de compassion pour les ruines et les vieilleries; il en montre cruellement les pauvretés, les rides, les taches, les décolorations, les poussières, les moisissures (Gautier, Fracasse, 1863, p. 462).Un jour (...) Melchior, s'étant rudement heurté au vieux piano de grand-père, jura de colère, en se frottant le genou, et dit (...) qu'il allait débarrasser la maison de toutes ces vieilleries (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 132). − En partic. Vieux vêtement usé, ravaudé. Synon. guenille, hardes, loque1.Il en était de son esprit [de la duchesse] comme de ces femmes charmantes qui sont assez belles et vives pour plaire vêtues de vieilleries (Proust, Plais. et jours, 1896, p. 168).[La petite fille] ne sait pas coudre, tirer avec goût parti d'une vieillerie. Ce caraco, elle a eu l'impatience de le mettre, tel quel, déchiré, sale (Renard,
Œil clair, 1910, p. 27). b) [Sans nuance péj.] Objet d'art ancien et de valeur. Synon. antiquité.Ma tante se trouvait être, en ces années, une des quatre ou cinq personnes de Paris énamourées de vieilleries, du beau des siècles passés, des verres de Venise, des ivoires sculptés, des meubles de marqueterie, des velours de Gênes, des points d'Alençon, des porcelaines de Saxe (Goncourt, Journal, 1892, p. 304). 2. a)
Œuvre (littéraire, musicale, picturale) démodée par son style ou par les idées qu'elle contient. Gros volume de vieilleries. Il lui laissa (...) la composition du programme (...), pensant bien que les vieilleries musicales dont ne sortaient jamais les amateurs serviraient à rehausser sa composition (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 206).Ai-je eu raison de laisser rééditer ces vieilleries? Elles ne répondent plus à rien de ce que j'aime à présent (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1007). b) Expression, tour sorti de l'usage. Synon. archaïsme.D'où vient ce mélange de termes populaires et de termes savants, de vieilleries et de néologismes [dans le Pantagruel de Rabelais] ? (Taine, Philos. XIXes., 1857, p. 338). 3. Péj. Personne âgée ou vieux jeu dans son aspect physique, dans son comportement ou dans ses idées. Bourges, une pauvre vieillerie en art et en politique (Renard, Journal, 1908, p. 1207). 4. Empl. coll. Tout ce qui est vieux, ancien, passé. En voyant l'écriture sage, très grosse et très bien formée de ce prédécesseur, il eut le sentiment de la vieillerie au suprême degré (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 295).Seigneur! que nous étions jeunes alors, le monde n'était pas assez grand pour nous! On allait flanquer toute la vieillerie par terre, on allait faire quelque chose de bien plus beau! (Claudel, Otage, 1911, II, I, p. 256). B. − 1. a) Idée, notion, institution, principe rebattu, usé, périmé, dépassé. La mode est aujourd'hui d'accueillir la liberté d'un rire sardonique, de la regarder comme vieillerie tombée en désuétude avec l'honneur (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 651).Un prêtre est venu me voir hier et m'a parlé d'une retraite qu'il a faite dans un couvent d'ici où, me dit-il, la règle n'est pas observée, mais considérée plutôt comme une vieillerie du Moyen Âge (Green, Journal, 1943, p. 24). b) Événement du passé, histoire ancienne qui ne mérite pas qu'on s'y attarde. Arrière toutes ces vieilleries de ma vie; j'en deviendrais fou à force de ruines: parlons du présent (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 338). c) La vieillerie de + subst.Caractère, aspect vieux, dégradé d'une personne ou d'une chose. Le voisinage de plusieurs jolies Parisiennes si élégamment, si fraîchement mises, lui fit remarquer la vieillerie de la toilette de Madame de Bargeton (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 172).Cette immense (...) ville qu'on ne peut se représenter (...) à cause de la hauteur des maisons, de la quantité des rues et des ruelles qui s'enlacent, de la vieillerie des bâtisses (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 226). 2. Synon. pop. et plais. de vieillesse (considérée comme un état de dégradation physique et mentale).C'est (de) la vieillerie! Des raideurs, des douleurs aux changements de temps: c'est la vieillerie (Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth.: [vjεjʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1680 (Rich.: Vieillerie. Chose vieille et usée, chose qui a deja beaucoup servi); b) av. 1740 (Morabin ds Trév. 1740: Vous serez toûjours le partisan de la vieillerie [c'est-à-dire, des Auteurs anciens et de leurs ouvrages]). Dér. de vieil, v. vieux; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 112. |