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VICELARD, -ARDE, adj. et subst.
Arg. et pop.
I. − Adjectif
A. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui est rusé, malin; qui fait preuve d'une intelligence dénuée de scrupules. Notre terme à nous était bien en retard aussi pour notre magasin!... Et le gaz alors?... Et le téléphone!... Il en était même plus question! (...) Il savait bien ce qu'il goupillait, le Taponier cette belle engeance! Il mettrait saisie sur la boîte... Il se la taperait pour des clous! (...) C'était encore lui le plus vicelard! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 487).Même si Riton en avait pas dit davantage à Josy (...) elle était assez vicelarde pour avoir fait un rapprochement [des faits] (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 117).
2. [En parlant d'une chose] Qui requiert de la ruse, de l'habileté. Problème vicelard; question vicelarde. [Il] retournait aux Planètes, prendre un jeu dans une partie de poker assez vicelarde (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 173).
B. − [Fréq. avec une connotation sexuelle, érotique]
1. Qui a du vice; qui dénote un caractère vicieux. Air, sourire vicelard. Y en avait des bien vicelardes parmi les « coursières »... Elles se mettaient quelques fois le pied en l'air exprès sur un escabeau pour qu'on vise la motte (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 169).
2. Qui est vicieux, qui représente quelque chose de vicieux, contraire à la bienséance morale. Pensée vicelarde. Les tronches auraient trouvé ce tableau vicelard [un tableau représentant une fille nue] (Le Breton, Rififi, 1953, p. 26).
II. − Subst. Personne rusée; personne vicieuse, dépravée. Affreux, vieux vicelard; vraie vicelarde. Le chauffeur de taxi est (...) un petit profiteur de l'activité économique, doublé, chez les vicelards, d'un observateur des mœurs, du commerce et des vices de la classe régnante (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 103).Rabattez à toute bride, cocottes, j'ai un micheton pour vous, un vicelard terrible (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 26).
Prononc.: [visla:ʀ], fém. [-aʀd]. Étymol. et Hist. 1. 1928 adj. « malin, rusé, retors » (Lacassagne, Arg. « milieu », p. 257: malin [...] vicieux. Vicelard. Vicelot); 1935 subst. « personne rusée, retorse » (Simonin, J. Bazin, op. cit., p. 223); 2. a) 1936 adj. « vicieux, dépravé » (Céline, op. cit., p. 169; p. 459: les plus vicelards); 1953 subst. « personne vicieuse, dépravée » (Simonin, op. cit., p. 26; p. 79: goût pervers pour les vicelardes); b) 1960 subst. « ce qui est vicieux » (M. Ragon, Le Dessin d'humour, p. 139 ds Quem. DDL t. 13: le truandard, le vicelard, le grotesque). Dér. de vicieux* par substitution de suff. (-elard, forme élargie de -ard*). Cf. l'arg. vicelot (1894, Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s.: vicelot: Gavroche qui a tous les vices en germe [...] Il est si vicelot qu'il en remontrerait à père et mère). Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 120.