| * Dans l'article "VIBRER,, verbe" VIBRER, verbe A. − Empl. intrans. 1. [Le suj. désigne une chose] a) Être agité de vibrations. Synon. trembler, trépider.Corde, membrane, planche, vitre qui vibre. La peau des tambourins vibre à éclater (Flaub.,Tentation,1874,p. 136)Il pesa des paumes sur les commandes pour commencer à la réduire. Le moteur vibra très fort et l'avion trembla. Fabien corrigea, au jugé, l'angle de descente (Saint-Exup., Vol nuit, 1931, p. 112). ♦ Faire vibrer qqc.Le canon du Mont Valérien ou la grosse voix des pièces de marine de la batterie Mortemart, faisant vibrer les vitres (Goncourt, Journal, 1870, p. 634).[D'Artois] marchait de long en large et ses pas faisaient vibrer le plancher, les meubles, les objets (Druon, Roi de fer, 1955, p. 137). − P. anal. ♦ [Le suj. désigne un timbre de voix] Trembler, être animé d'un léger vibrato, sous le coup d'une émotion, d'un sentiment violent. Sur mon honneur de soldat (et ici la voix de M. de Norpois vibra d'un léger trémolo patriotique) telle est ma conviction (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 240).En partic. [Le suj. désigne le rire] Déjà vibraient les rires, déjà les impatiences (Queneau, Pierrot, 1942, p. 12). ♦ [Le suj. désigne ce qui est vu] Donner une image trouble, tremblée, vacillante sous l'effet de l'air chaud. Louange au pays des collines qui vibrent entre les cyprès durs (Jouve, Trag., 1922, p. 144).Quelle chaleur! Quelle chaleur en effet! L'air vibre entre les lamelles de bois (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1349). ♦ [Le suj. désigne un parfum] S'exhaler, se répandre. La sage orchidée (...) sait que les abeilles (...) sortent par milliers aux heures ensoleillées, qu'il suffit qu'un parfum vibre comme un baiser au seuil d'une fleur qui s'ouvre, pour qu'elles accourent en foule au festin préparé sous la tente nuptiale (Maeterl., Intellig. fleurs, 1907, p. 82). b) Frapper violemment l'ouïe, la vue, etc., produire une sensation très forte. − [Le suj. désigne un son, un bruit] Retentir, faire entendre un son strident. Le chant d'un coq vibra dans l'air. D'autres y répondirent; c'était le jour (Flaub., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 117).Soudain le timbre électrique vibra longuement dans l'office. − Restez là! fit Madame Degouy (Chardonne, Épithal., 1929, p. 23). ♦ Empl. part. passé adj. On notera l'utilisation inhabituelle des instruments avec le recours fréquent au « Flatterzungue » (son vibré par roulement de la langue) (Samuel, Art mus. contemp., 1962, p. 616). − [Le suj. désigne une couleur] Être vif, éclatant, très constrasté. [Claude] se répandait en mille petites notes caractéristiques, que son œil de peintre avait retenues: à cet endroit, l'enseigne rouge d'une boutique lointaine qui vibrait (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 236). 2. [Le suj. désigne une pers.] a) Rare. Trembler, être agité de frissons. Le premier choc du battant et de la paroi d'airain faisait frissonner la charpente sur laquelle il était monté. Quasimodo vibrait avec la cloche (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 182).Tout son corps [du brocanteur] vibrait, pétillait comme si on l'avait mis en communication avec une pile électrique (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 464). b) Être troublé par une émotion très vive (l'enthousiasme, la peur, etc.) qui peut se manifester par un phénomène physique (tremblement du corps, de la voix). Esclave à plaindre ou tyran à mépriser, la femme vibre à tout, ne raisonne à rien, inconsciente dans la sublimité et dans la boue, elle reste éternellement réfractaire à l'idée (Péladan, Vice supr., 1884, p. 201). ♦ Vibrer à/de.J'étais dans cet état de lassitude, où les nerfs sensibilisés vibrent aux moindres excitations (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 290).Elle vint embrasser Omer vibrant de haine (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 143). − [Le suj. désigne un coll.] L'assemblée vibre; les spectateurs vibrent. La salle vibra davantage avec Proudhon, sans doute parce que lui aussi avait été exilé à Bruxelles (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 46). − [Le suj. désigne un inanimé abstr.] L'âme, l'esprit vibre. Quand tant de femmes ne trouveront jamais l'homme qui leur fera vibrer le cœur, ou aimeront Dieu sait qui (Montherl., J. filles, 1936, p. 950). ♦ Faire vibrer la corde (sensible, etc.). Émouvoir, toucher le point sensible, névralgique. Mais ces termes, en frappant l'oreille ou la vue, font vibrer encore quelque ancienne corde sensible, et le philosophe redevient enfant (Maine de Biran, Influence habit., 1803, p. 142).Une circonstance, légère en apparence, vint faire vibrer cette corde cachée au fond de mon âme, et commença pour moi une existence nouvelle (Duras, Édouard, 1825, p. 110). − [Le suj. désigne un sentiment, une impression] Un Anglais cria un « Aoh » vibrant de joie, de curiosité satisfaite et d'impatience heureuse (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Duel, 1883, p. 230).Mais elle, suivant sa pensée, s'écrie de sa voix chaude et sourde, où vibre tout à coup une angoisse passionnée: − Oh! mon chéri. Comme je serais heureuse, vois-tu... un enfant de toi? (Martin du G., Devenir, 1909, p. 117). B. − Empl. trans. 1. Rare, iron. Dire quelque chose en donnant à sa voix un vibrato excessif. Sarah vibre comme un drame des boulevards et ses amis disent d'elle: que vous a-t-elle vibré? (Goncourt, Journal, 1853, p. 662). 2. TECHNOL. ,,Modifier les propriétés d'un corps par des vibrations`` (Barb.-Cad. 1971). − Au part. passé., CONSTR. Béton vibré. Béton qui a été soumis à des vibrations pour améliorer son homogénéité. Le béton armé, le béton vibré, la construction par assemblage de pièces moulées d'avance, la manutention mécanique des matériaux, l'organisation générale des chantiers, autant d'efforts convergents vers un but louable (Arts et litt., 1935, p. 20-15). Prononc. et Orth.: [vibʀe], (il) vibre [vi:bʀ]. Att. ds Ac. 1762. Étymol. et Hist. A. 1508-17 trans. « brandir » (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux. 10511, VI, IV, 8 ds Gdf.), attest. isolée. B. 1. Intrans. a) 1752 « produire des vibrations » (Trév.); spéc. 1761 faire vibrer les cordes vocales (J.-B. R. Robinet, De la Nature, p. 168); b) 1779 p. métaph. (Diderot, Le Neveu de Rameau, éd. J. Fabre, p. 89: C'est apparemment qu'il y a pour les unes [les belles choses en morale] un sens que je n'ai pas; une fibre qui ne m'a point été donnée, une fibre lache qu'on a beau pincer et qui ne vibre pas); 1797 (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, p. 85: Il [Lycurgue] ne fit pas vibrer toutes les cordes du genre humain en brisant à la fois imprudemment tous les préjugés); 2. 1935 trans. constr., au part. passé béton vibré (Arts et litt., loc. cit.). Empr. deux fois au lat.vibrare, trans. « brandir; imprimer un mouvement vibratoire à quelque chose; lancer » (d'où A), intrans. « avoir des vibrations, des tremblements; vibrer [en parlant des sons] » (d'où B). Fréq. abs. littér.: 1 000. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 005, b) 1 396; xxes.: a) 2 070, b) 1 399. DÉR. 1. Vibrement, subst. masc.,rare. [Dans des cont. à valeur fig.] Vibration. Il me semble que mes paroles, quelquefois, alors qu'elles pourraient remuer de leur vibrement des cœurs comme le mien, ne peuvent sonner pour d'autres que puérilement et sottement (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 293).− [vibʀ
əmɑ
̃]. − 1reattest. 1831 (Th. Gautier, La Cafetière ds Jeunes-France, p. 251 ds Mat. Louis-Philippe, p. 318); de vibrer*, suff. -ment1*. 2. Vibreur, subst. masc.,phys. Dispositif électromécanique source de vibrations (généralement non sinusoïdales) comportant un électroaimant et une lame vibrante (d'apr. Quaranta Phys. 1986). Les ondes ultra-sonores émises par un navire (au moyen des vibrations d'un quartz piézo-électrique ou d'un vibreur à magnétostriction) se réfléchissent sur le fond de la mer (ou sur un banc de poissons) et reviennent s'inscrire dans l'appareil (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 42).− [vibʀ
œ:ʀ]. − 1reattest. 1907 (Lar. pour tous); de vibrer*, suff. -eur2*. |