| VIBRATION, subst. fém. A. − 1. Mouvement, état d'un corps qui vibre; effet sonore qui en résulte. Synon. frémissement, tremblement, trépidation.Vibration d'une corde de violon, d'un diapason; vibration d'une machine, d'un moteur; vibration du plafond, du plancher; vibration des cristaux, des pampilles d'un lustre, d'une vitre ; entrer, mettre en vibration. Dans le compartiment silencieux, sauf (...) cette constante vibration de tous les objets de métal, chacun ouvrait les yeux (Butor, Modif., 1957, p. 150).V. vibratile A ex. de Cuvier. − Spécialement ♦ PHYS. ,,Mouvement autour d'une position d'équilibre des particules d'un milieu élastique (vibrations acoustiques) ou d'un système matériel élastique (vibrations mécaniques)`` (Piéron 1973). Amplitude, fréquence, nœud, période d'une vibration; vibration fondamentale, harmonique, principale; vibration infrasonore, ultrasonore; vibration circulaire, rectiligne; vibrations électromagnétiques. Les vibrations acoustiques s'amortissent lentement, leur amplitude est sensiblement constante; les vibrations électriques s'amortissent rapidement (H. Poincaré, Théorie Maxwell, 1899, p. 29). ♦ Vibration complète. ,,Mouvement qui correspond à une période entière du phénomène`` (Uv.-Chapman 1956). ♦ Vibration entretenue. ,,Vibration périodique d'un système dont la dissipation d'énergie est constamment compensée par un apport extérieur`` (Industries 1986). ♦ Vibration libre d'un système. ,,Vibration d'un système quand les forces extérieures qui agissent sur le système sont soit nulles, soit constantes en fonction du temps`` (Piéron 1973). ♦ Plan de vibration. ,,Plan contenant la direction de propagation d'une onde polarisée`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). L'intensité de la lumière transmise est maximum lorsque le plan de vibration est parallèle au champ magnétique (Schatzman, Astrophys., 1963, p. 120). − MÉDECINE ♦ Vibrations abdominales. ,,Vibrations perçues par l'abdomen par application de la main au moment où le sujet parle`` (Méd. Biol. t. 3 1972). ♦ Vibrations thoraciques, vocales. ,,Vibrations que l'on perçoit en posant la main à plat sur le thorax d'une personne pendant qu'elle parle`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Les vibrations vocales sont exagérées par les condensations pulmonaires, diminuées ou abolies par les épanchements gazeux ou liquidiens de la plèvre (Méd. Flamm.1975). − P. anal. ♦ Tremblement sonore, son vibrant. Vibration d'un bruit, d'un son, de la voix. L'air sonore s'emplit de puissantes vibrations d'airain: c'était l'Angélus du soir (Loti, Journal, t. 1, 1878-81, p. 98).De gros bourdons bleus erraient, animant les rais de soleil de la vibration chantante de leurs ailes (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 254). ♦ Tremblement visuel produit par l'air chaud. Vibration de la chaleur; vibration lumineuse. La vibration de la lumière ondulait sur l'île entière (Genevoix, Laframboise, Match à Vancouver, 1942, p. 210).Je sens le soleil sur la pierre au-dessus de moi, il frappe, frappe comme un marteau sur toutes les pierres et c'est la musique, la vaste musique de midi, vibration d'air et de pierres sur des centaines de kilomètres (Camus, Exil et roy., 1957, p. 1582). 2. Impression qui frappe violemment les sens. a) Bruit très fort, son strident. [Cissé] fut saisie d'une brusque faiblesse (...) ses oreilles tintèrent d'une longue vibration musicale (...). Elle avait entreclos les yeux, se recueillait pour retrouver le souffle, la force, le poids de son corps sur la terre (Genevoix, Fatou Cissé, 1954, p. 209). b) Lumière vive, couleur qui frappe par son éclat très vif. Après la France lumineuse et boisée, il vit venir l'ardente Italie, sa vibration de soleil et d'azur qui fait dans l'air un chant d'opéra (Noailles, Domination, 1905, p. 102).À chaque vibration plus aiguë de la lumière, Geneviève se mettait du rouge, à la seconde où les peintres devaient aussi rehausser la couleur de leurs personnages, tant leur paysage s'avivait (Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p. 184). − En partic. [Dans un tableau] Adèle était toute déconcertée par certaines vibrations de la couleur et certaines audaces de dessin qu'elle n'aurait jamais osées elle-même (Zola, MmeSourdis, 1902, p. 16). B. − [Dans des cont. à valeur fig.] 1. Excitation, fébrilité, état de celui qui vibre sous le coup d'une vive émotion. Je retrouve chez elle, cette vibration effrayante après une lecture qui lui a plu (Chardonne, Eva, 1930, p. 29).Sa voix, au timbre voilé, tremblait toujours un peu comme d'une vibration intérieure, mal contenue (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 108). 2. [Dans le vocab. de la pyschol.] Sensibilité propre à un individu perceptible par autrui. Synon. frémissement.Disons qu'il est en quête perpétuelle du mieux. Et toujours cette agitation, ce frémissement, cette vibration de l'esprit (L. Febvre, H. Pirenne, [1920] ds Combats, 1952, p. 356).On ne peut pourtant pas être sûr que c'est le mot « Phelip » qui a été transmis, mais peut-être la vibration correspondante à la personnalité elle-même (Warcollier, Télépathie, 1921, p. 287). − P. méton. Je ne retrouve pas ici la vibration de ma phrase (...). Cette phrase ne sent pas mon automne, et mon hiver encore moins (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1959, p. 155). C. − Action de faire vibrer. 1. MÉD. ,,Mode de massage consistant à provoquer à la surface d'une région du corps une suite de mouvements rapides en contact avec les téguments`` (Méd. Biol. t. 3 1972). 2. CONSTR. Vibration du béton. ,,Procédé de mise en place et de serrage qui convient à certains bétons peu dotés en eau et qui consiste à leur communiquer directement ou par l'intermédiaire d'une paroi un mouvement vibratoire dont l'effet est de réduire le frottement interne`` (Industries 1986). Les grands perfectionnements apportés (...) au pilonnage par vibration des bétons (Arts et litt., 1935, p. 20-8). Prononc. et Orth.: [vibʀasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1508-17 « action de brandir » (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux. 10512, VIII, III, 21 ds Gdf.). B. 1. 1632 « mouvement d'oscillation rapide » ici, à propos de l'air (M. Mersenne, lettre 1eravr. ds Corresp., t. 3, p. 277); 1665 vibrations des pendules (Journal des Sçavans, t. 1, p. 143); 1754 vibrations des corps sonores (Condillac, Traité des sensations, p. 95); 2. 1790 au fig. (Saint-Martin, Homme désir, p. 314: Célébrons l'homme: il ne peut exister un instant sans l'acte vivificateur de son Dieu; sans que l'esprit ne soit en lui, comme dans une vibration continue). Empr. deux fois au lat. tardifvibratio « action de brandir », « action d'agiter (les plumes, d'un oiseau) », dér. de vibrare (vibrer*). Fréq. abs. littér.: 740. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 602, b) 936; xxes.: a) 1 441, b) 1 263. |