| VIBRANT, -ANTE, adj. A. − [En parlant d'une chose] 1. Qui vibre, qui est le siège d'une vibration. Air vibrant; lame, membrane vibrante. La cage (...) tombait comme une pierre, ne laissait derrière elle que la fuite vibrante du câble (Zola, Germinal, 1885, p. 1153).Le Lutetia était à quai, vibrant, chuintant, un jet de vapeur entortillant comme un pansement de coquelucheux la sirène du paquebot (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 41). − Spécialement ♦ MÉD., vieilli. Pouls vibrant. Pouls grand, dur, tendu, prompt et fréquent (d'apr. Littré-Robin 1858). L'examen, (...), montre: (...); pouls plein, ample, vibrant (Sodré dsNouv. Traité Méd.fasc. 31927, p. 568). ♦ PHONÉT. Consonne vibrante. ,,Consonne constrictive dont l'émission comporte la vibration d'un articulateur comme la pointe de la langue, les lèvres ou la luette`` (Phél. Ling. 1976). Empl. subst. fém. On peut répéter à propos des vibrantes sourdes ou nasales ce qui a été dit des latérales (Sauss.1916, p. 74). ♦ PHYS. Corde vibrante. ,,Corde homogène de section uniforme, supposée sans raideur, sur laquelle s'exerce seule la tension F constante en grandeur et n'agissant que par ses variations de direction le long de la corde`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). − P. anal. ♦ [En parlant du timbre d'une voix, d'un instrument] Qui possède un vibrato. [Le violon] Chanteur par excellence, il possède une sonorité chaude et vibrante (Grillet, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 1).Elle fait entendre une belle voix de contralto, vibrante et poignante comme un violon dans le grave (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 96). ♦ [En parlant de ce qui est vu] Qui tremble. Les pavés de la ville tout vibrants de chaleur, l'été (Valéry, Variété[I], 1924, p. 252). 2. Qui produit une sensation violente, qui frappe les sens fortement. a) [En parlant d'un bruit] Fort, puissant, très sonore. Grisé par la noire immensité, il [le hibou] pousse son cri vibrant et sinistre (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Nuit, 1887, p. 1138).Les premiers bruits de la rue (...) me parvenaient amortis et déviés par l'humidité ou vibrants comme des flèches (Proust, Prisonn., 1922, p. 9). b) [En parlant d'une couleur, d'une lumière] Qui est très lumineux, dont les couleurs sont vives, chatoyantes. En bas (...) continuait le remous de la foule (...). Et cette mer, ces chapeaux bariolés (...) roulaient d'un bout de la galerie à l'autre, confus et décolorés au milieu de l'éclat vibrant des étoffes (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 627).Les tissus aux couleurs chaudes et vibrantes qui décorent les fenêtres ou recouvrent les sièges (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 162). ♦ Vibrant de.Toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi (Camus, Étranger, 1942, p. 1166). − PEINT. Ce peintre (...) à la palette vibrante et chaude, semble avoir pour lui toutes les chances (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 170). B. − [En parlant d'une pers.] 1. Qui vibre, qui est ému violemment et manifeste dans sa voix, dans son comportement, sa passion, son enthousiasme. Ce Méridional refroidi et cette Parisienne vibrante avaient de semblables façons de juger et de voir (A. Daudet, N. Roumestan, 1881, p. 93).Vous êtes un vrai poète (...). On vous sent si vibrant, si artiste (Proust, Sodome, 1922, p. 823). ♦ Voix vibrante. Voix forte et chargée d'émotion, d'exaltation. Alors pourquoi as-tu ces réactions idiotes , répondit-il d'une voix vibrante en se soulevant d'un sursaut sur les coudes (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 138). − Vibrant de.Vibrant d'angoisse, de colère, de curiosité, d'indignation, de passion. Le général de Pellieux (...), répondit par une affirmation vibrante d'énergie (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 316). 2. P. méton. Passionné, lyrique. Discours vibrant; poésie vibrante. Mon père (...) cria, sanglota plutôt, un « Vive le roi! » si vibrant, si convaincu, que le vieillard tressaillit (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 224).Les pages vibrantes du Voyage en Italie sur la Niobé de Florence; celles de Graindorge sur la musique, plus chaudes encore, ont cet accent inimitable de la passion trop longtemps étouffée et qui éclate enfin (Barrès, Cahiers, t. 7, 1909, p. 158). Prononc. et Orth.: [vibʀ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1747 « qui est en vibration » (D'Alembert, Recherches sur les cordes vibrantes [titre cité ds DLF 18e]); spéc. 1904 ling. [consonnes] vibrantes (Nouv. Lar. ill.); b) 1803 au fig. (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 282: Les cheveux dressent encore sur la tête, au souvenir de ces jours de meurtre et de feu, tout vibrans des lugubres clameurs des tocsins); 2. 1831 « qui émet des vibrations sonores » (Balzac, Peau chagr., p. 159: La comtesse avait dans l'organe [le gosier] [...] je ne sais quoi d'harmonique et de vibrant qui pénétrait, remuait et chatouillait le cœur); 3. 1835 « qui manifeste une vive émotion » (Id., Goriot, p. 268). Part. prés. adjectivé de vibrer*. Fréq. abs. littér.: 626. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 328, b) 944; xxes.: a) 1 590, b) 918. DÉR. Vibrance, subst. fém.,littér. Vibration. Mon âme (...) perpétuellement tanguée, emportée dans le vortex des douloureuses vibrances? (Gyp, Tout à l'égout, 1889, I, pp. 32-33).− [vibʀ
ɑ
̃:s]. − 1reattest. 1886 (J. Moréas et P. Adam, Les Demoiselles Goubert, p. 62); de vibrant, suff. -ance*. BBG. − François (A.). La Désinence « ance » dans le vocab. français... Genève; Lille, 1950, p. 76. |