| VEXER, verbe trans. A. − 1. Vx. Tourmenter, notamment par abus de pouvoir. Synon. maltraiter, opprimer, persécuter.Les communes, vexées par les bizarreries de la féodalité, cherchèrent à se mettre à l'abri sous l'autorité royale (Chateaubr., Mél. pol., t. 1, 1828, p. 185).C'était une ville ouverte (...). Elle avait subi les rigueurs de l'occupation militaire; elle avait été vexée, rançonnée (A. France, Anneau améth., 1899, p. 13). 2. Littér., surtout au part. passé. Causer quelque dommage, malmener. Le cœur content me faisait oublier les jambes, vexées d'une ascension de deux heures et d'une descente d'une heure dans des sentiers plus que vilains (Sand, Corresp., t. 4, 1861, p. 258).MmeDuvalle, rouge et branlant un chignon vexé (...) soufflait sur la peau du lait (H. Bazin, Bur. mariages, 1951, p. 160). B. − Blesser une personne dans son amour-propre. Synon. choquer, froisser, humilier, mortifier, piquer.Celui qu'il aimait le plus à vexer était le jeune La Billardière, sa bête noire (Balzac, Employés, 1837, p. 102).Je n'osais pas lui dire de s'en aller, j'avais peur de le vexer, c'est un gentil camarade (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 80). − Empl. pronom. réfl. Se fâcher. Se vexer pour un rien. Armand ne se vexait plus d'être appelé crapaud, c'était devenu un mot tendre (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 57).Georges: Je ne vois pas pourquoi ta mère lit les lettres que je t'écris. Gillou: Elle les lit toujours. Georges: Et elle se vexe à cause d'une pareille vétille! Gillou: Elle s'est vexée aussi parce que tu ne lui avais pas écrit à elle (Montherl., Fils personne, 1943, II, 4, p. 307). − Au part. passé. Piqué au vif, fâché. Il trouva le général Giraud vexé de n'avoir pu, au moment du débarquement, décider l'armée à le suivre (...), humilié de n'avoir de fonctions qu'en vertu des décisions de Darlan (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 64). Prononc. et Orth.: [vεkse], (il) vexe [vεks]. Ds Martinet-Walter 1973 [vekse] (7/17), contrairement à l'avis de Fouché Prononc. 1959, pp. 71-72. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1380 « molester » (Roques t. 2, no13161) − 1671, Pomey; 2. a) 1669 « tourmenter par abus de pouvoir » (Widerhold, Nouveau dictionnaire françois-aleman d'apr. FEW t. 14, p. 366a); b) spéc. dr. 1680 « tourmenter par des chicanes, par des poursuites injustes » (Rich.) − 1771, Trév.; 3. 1788 « tourmenter, faire de la peine pour des riens » (Fér. Crit.: les petits maîtres modernes se servent de vexer à tout propos et pour des riens); 1808 (Hautel t. 2: vexer quelqu'un. Le railler, l'opprimer, le tyranniser. Être vexé. Pour être contrarié, tourmenté, éprouver un mécontentement intérieur); 1845 empl. pronom. « se fâcher, se contrarier » (Besch.). Empr. au lat.vexare « secouer; tourmenter, persécuter; malmener en paroles » intensif de vehere « transporter; charrier ». Fréq. abs. littér.: 632. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 388, b) 777; xxes.: a) 1 335, b) 1 135. |