| VERDÂTRE, adj. A. − 1. [En parlant d'une couleur] Qui est d'un vert léger, peu soutenu. Synon. glauque, vert pâle*.Couleur, nuance, ton verdâtre; blanc, bleu, gris, jaune, noir verdâtre. La vraie couleur [des tableaux de la Révolution française] n'est souvent que cette teinte verdâtre et livide que David a donnée à son Marat (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p. 84).Le bleu, d'une part, touche au violet, et, de l'autre, il confine au vert; violâtre, ou violacé vers la gauche, il devient verdâtre vers la droite. Je n'insiste pas sur le caractère péjoratif de cette terminaison en âtre (Griveau, Élém. beau, 1892, p. 155). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce tableau (...) est d'un sentiment fort distingué (...). − Le vert et le rose, ou plutôt le verdâtre et le rosâtre y sont doucement combinés (Baudel., Salon, 1845, p. 51). 2. [En parlant d'un aspect de la nature ou d'une chose concr.] Qui présente cette couleur. Clarté, lueur, lumière, ombre, reflet verdâtre; eau, glace, mousse verdâtre; carreaux, vitres, yeux verdâtres. La mer, pas la mer bleue, la mer d'ardoise, mais la mer de jade, verdâtre, laiteuse et dure aussi sous le ciel foncé (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Miss Harriet, 1883, p. 868).L'éclairage, tamisé par les (...) feuilles retombantes, faisait flotter la salle dans un demi-jour verdâtre et vitreux de grotte moussue et d'étang (Gracq, Syrtes, 1951, p. 95). − P. méton., subst. masc., péj. [Chez Vialar] Soldat allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Synon. vert-de-gris (v. ce mot B 3 p. méton.).On tenta de nous compter. En vain! (...) Les verdâtres en suaient à grosses gouttes (...) Le feldwebel en devenait violet (Vialar, Dansons, 1950, p. 11). Rem. Sauf dans l'empl. ci-dessus, verdâtre n'est pas forcément péj. dans les empl. A, alors qu'il l'est toujours plus ou moins dans les empl. B. B. − Péj. Qui tire sur le vert en perdant sa couleur d'origine. 1. [En parlant d'un tissu, d'un vêtement, sous l'effet de la vétusté] Il portait un chapeau de feutre noir, roussi, déformé, et se boutonnait au fond d'un immense paletot, jadis marron tendre, que les pluies avaient déteint en larges traînées verdâtres (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 617). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Son vieux manteau noir tournant au verdâtre (...) et un petit sac brun tout défraîchi (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 110). 2. [En parlant d'une chose concr., sous l'effet de l'humidité, de la moisissure] Le papier de l'enveloppe était verdâtre et semblait moisi (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 604).Les peintures écaillées, le dallage verdâtre, les meubles ternis par l'humidité, les appliques rongées de vert-de-gris (...) hurlaient à l'abandon (H. Bazin, Mort pt cheval, 1949, p. 59). 3. [En parlant d'un corps ou d'un produit organique, sous l'effet de la maladie, de la décomposition] Le lait (...) devient épais, granuleux, plus ou moins verdâtre et même purulent (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 236).La jaunisse (...) s'étend à tout le corps (...). Le malade jaune foncé prend parfois un aspect verdâtre que, dans les cas extrêmes, on a comparé à la patine des bronzes florentins (Quillet Méd.1965, p. 154). 4. [En parlant du visage d'une pers.] Synon. blafard, pâle.Face verdâtre. a) [Sous l'effet du froid, de la dégradation physique] Lorsque ces jeunes personnes sont attaquées de cette maladie, leur teint, auparavant éclatant et fleuri, devient pâle, décoloré, même livide, plombé, et quelquefois verdâtre (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 219).Un enfant qui n'a pas eu sa soupe et qui arrive blême, verdâtre (Frapié, Maternelle, 1904, p. 252). b) [Sous l'effet de l'émotion, sous l'emprise d'affects ou de sentiments négatifs] Une pâleur verdâtre envahit les joues du comte de Morcerf, et ses yeux s'injectèrent de sang à l'énoncé de ces imputations terribles (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 398).Madame Kerdoncuff, malsaine, verdâtre, un aspect de mouche-à-viande, montre une figure chafouine (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 358). Prononc. et Orth.: [vε
ʀdɑ:tʀ
̭]. Ac. 1694, 1718: verdastre; dep. 1740: verdâtre. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350
œil verdastre (Jean d'Arkel, Li Ars d'amour, éd. J. Petit, t. 2, p. 194); 2. 1800 « qui est d'une grande pâleur » (Geoffroy, loc. cit.). Dér. de vert*; suff. -âtre*. Fréq. abs. littér.: 467. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 438, b) 1 063; xxes.: a) 897, b) 502. |